Reparti au plus bas niveau régional, le CSSA se construit afin de retrouver le National d’ici 2030. Pour atteindre cet objectif, le président Daniel Guérin a décidé de faire confiance à un ancien de la maison, Teddy Pellerin. Devenu manager général le 6 mai, celui-ci espère bien redonner de l’allant au CSSA. Présentation de celui qui a récemment officialisé l’arrivée comme entraîneure de l’ex-internationale Elise Bussaglia à la tête de l’équipe de R2 et dévoilé un projet mettant l’accent sur l’importance de la formation.
Fils d’une secrétaire d’entreprise chez Ardennes Levage et d’un représentant commercial, Teddy Pellerin a fréquenté dès l’âge de 18 ans le CREPS de Reims. Troisième aux Jeux de l’Avenir avec à la clé un record de Champagne du 1 000 m minime, il intègre alors le pôle espoirs en tant qu’athlète de haut niveau. Spécialiste du 800 m (champion de France juniors et deux sélections en équipe de France), l’ancien licencié de la Macérienne et l’ASPTT Charleville-Mézières côtoie dans la Marne le tennisman Paul-Henry Mathieu, Eunice Barber, future championne du monde d’heptathlon et de saut en longueur, et les frères Rosenthal, hockeyeurs. « Passionné par l’entraînement et m’intéressant à divers sports, je me suis vite orienté vers l’éducation physique en entrant à l’UFR Staps ».
Il devient professeur d’EPS à Cormontreuil puis à l’IME de Villers-Franqueux à la fin des années 90 et rejoint, en parallèle en 1999 le club de foot de Rethel. « Pour moi, durant cinq saisons, c’était le top, car le RSF était bien structuré. Lors de la première année, Rethel était monté de DH en CFA 2 et avait pris part à un 8e de finale de Coupe de France contre l’AC Ajaccio de Roland Courbis. Tout cela a révélé mon envie de m’investir totalement dans la préparation physique et d’en faire mon métier. C’est dans le monde du football que je voulais vivre une nouvelle aventure humaine ».
Une décennie aux côtés de cinq coaches à Sedan
Etant intervenu un moment comme bénévole à Sedan « dans le domaine de l’explosivité et la vitesse », Teddy se voit ouvrir les portes du staff du CSSA en 2005 par Serge Romano. « Cette année-là, j’ai tout de suite eu la chance de vivre une finale de Coupe de France le 4 juin au Stade de France, perdue contre Auxerre ». Il est confirmé à temps complet la saison suivante, marquée par le retour du club en L1. « J’ai mis beaucoup d’énergie durant cette période pour réussir car il s’agissait d’une folle opportunité. En devenant salarié du CSSA, j’ai pu mettre ma carrière d’enseignant en EPS définitivement en stand-by ».
Teddy Pellerin enchaîne ensuite jusqu’en 2015, en tant que préparateur physique du club durant une décennie très enrichissante. « J’ai aussi découvert des missions telles que l’analyse vidéo, le travail de recrutement et même la fonction d’adjoint ». Après Sedan, il retrouve le milieu amateur à Prix-lès-Mézières (N3), Rethel et Cormontreuil (R1) avant d’être appelé à… Nantes en Ligue 1 comme préparateur physique d’Antoine Kombouaré. L’occasion de vivre une seconde finale de Coupe de France perdue contre Toulouse (5-1) en avril 2023.
Entre temps, en mars 2015, Teddy Pellerin est approché par l’ancien joueur sedanais Aliou Cissé pour rejoindre un rassemblement de la sélection sénégalaise. « Encore lié au CSSA à l’époque, j’ai pris un congé sans solde pour assumer ce rôle. Comme nous étions proches de l’accession en N2, Marc Dubois m’avait donné le feu vert. Régis Roch, le responsable des gardiens au CSSA, m’avait souvent parlé d’une expérience similaire en Côte d’Ivoire et j’étais intimement persuadé qu’un jour je vivrais ça. Au départ, c’était un peu intimidant de côtoyer ces joueurs mais aujourd’hui je mesure pleinement la chance d’avoir connu cela. J’ai vécu des émotions folles que je n’aurais jamais imaginé vivre ».
« Avant, mon métier était uniquement sur le terrain, maintenant, je dois apprendre à maîtriser les rouages du club. »
Avec à son CV : quatre Coupe d’Afrique des Nations au Gabon (2017), en Egypte (2019), au Cameroun (2022) et en Côte-d’Ivoire (2024) plus deux Coupes du Monde en Russie (2018) et au Qatar (2022). « Nous avons gagné la CAN 2022 face à l’Egypte aux tirs au but. C’était la première victoire sénégalaise dans la CAN et nous avions mis 7 h 30 en bus pour faire les 12 km entre l’aéroport de Dakar et le Palais présidentiel », se rappelle-t-il. Lors des trois autres éditions, le Sénégal s’inclina chaque fois face aux futurs lauréats. Concernant, la Coupe du Monde, le Sénégal avait raté sa qualification en huitième de finale en Russie après avoir été éliminé au… nombre de cartons jaunes. Depuis 2019, Teddy Pellerin a hérité d’un autre rôle, celui d’assistant. Il attaquera prochainement les qualifications pour la CAN qui aura lieu en janvier 2026 au Maroc.
Retour au CSSA
Après avoir refusé préalablement une proposition de Sadio Mané qui voulait en faire son homme de confiance et le garant sportif de son projet de reprise du FC Bourges en N2, Teddy Pellerin préparait depuis mars 2024 son retour au CSSA. « J’ai trouvé la proposition de Sadio Mané extrêmement flatteuse mais dans le même temps d’autres joueurs sénégalais se montraient intéressés par le même type d’opération. Et comme il y avait déjà pas mal d’atomes crochus entre Sedan et le Sénégal à travers Bruno Metsu, Aliou Cissé, Moussa Sow, Henri Camara, Salif Diao et Moussa N’Diaye, j’ai alors présentéun projet sur le CSSA et j’ai convaincu Kalidou Coulibaly, notre capitaine en sélection d’accompagner le club ardennais. C’est un garçon que j’apprécie énormément et qui, en plus, est originaire de la région Grand Est car né à Saint-Dié, dans les Vosges ».
Coulibaly prend connaissance du projet et celui qui avait joué un quart de finale de Coupe Gambardella à Montvillers et connait bien l’histoire du club ardennais et la passion de ses supporters donne son feu vert. Il valide un plan de quatre ans avec entrée d’argent à partir de la saison 2025-2026. « Car dans notre feuille de route, on sait que la R1 et la N3, nécessiteront un budget beaucoup plus conséquent. Et Kalidou sera prêt à investir pour accéder d’ici quatre ans en N2. En totale transparence avec le bureau actuel, il s’est engagé à m’accompagner ». Son frère Amadou servira de relais en venant tous les mois faire un point sur l’état d’avancement du projet.
« Avant, mon métier était uniquement sur le terrain, maintenant, je dois apprendre à maîtriser les rouages du club : bâtir un budget prévisionnel, m’entourer de gens compétents et fidèles, assurer la relation-marketing avec les partenaires et faire connaissance avec les dirigeants d’entreprises locales pour donner une identité très ardennaise au club. C’est un nouveau challenge ». Le rêve de Teddy Pellerin est de redonner la place qu’il mérite à Sedan et de voir le stade Dugauguez se remplir au fil des années pour redevenir un chaudron.