Pour ceux qui le connaissent, Sylvain Mary est de ceux que l’on remarque lorsqu’il entre dans une pièce. Avec son mètre quatre-vingt-douze et le verbe haut, difficile de le rater. Et ce n’est pas tant parce qu’il souhaite attirer les regards, mais plutôt grâce à son aisance naturelle avec les gens. Une qualité qui aiguille sans doute tout son parcours, aussi bien personnel que professionnel. Car comme il le dit lui-même, sa vie est avant tout « une histoire de rencontres ».
De rencontre, il en est ainsi question dès son plus jeune âge, quand, après un cursus comptable, il se rend compte rapidement que ce n’est pas la voie qu’il souhaite suivre. À la recherche d’un emploi, il décide de prendre les choses à bras le corps et d’aller au contact direct des recruteurs, en ayant élaboré un questionnaire de recherche. La démarche plait instantanément et il entre comme vendeur chez Darty après un échange avec le directeur de magasin. « Une période qui durera moins d’un an, mais qui sera riche et formatrice. »
Quelques mois plus tard, c’est après une conversation avec un directeur régional du groupe Humanis, spécialisé dans la protection sociale, qui recherche « un mouton à cinq pattes, comptable et commercial », qu’il y entre en 1993. Il devient alors délégué régional, avec une quarantaine de personnes sous sa responsabilité. « Mon métier était de faire de la vente de contrats d’assurance mais surtout de créer un réseau. »
Parallèlement, il s’intéresse à la création d’entreprise et devient membre de Synergie SA, une pépinière d’entreprises innovantes à Florange, en tant que référent de la création.
« Cela fait plus de 30 ans que je suis investi dans l’univers de la création d’entreprise. Ce qui m’anime, c’est que cela génère de la croissance et de l’emploi. Créer de la valeur ajoutée, une dynamique et une attractivité d’un territoire, c’est fondamental »
« Il n’y a pas de patron sans salariés et pas de salariés sans patron. » souligne-t-il.
Après dix années passées dans le groupe Humanis, il quitte la société en 2002 pour entrer dans une start-up, CIPRES VIE, comme inspecteur régional Grand Est. Un saut dans l’inconnu, passant de l’assise d’un groupe de 1 500 salariés à une entreprise d’une petite dizaine, qui a tout à créer.
Mais c’est justement ce challenge qui le motive. « Le créateur est quelqu’un d’optimiste. Il regarde devant, il avance. Il n’a pas le temps de râler, de s’apitoyer sur son sort. Et quand on rencontre des créateurs, le soir lorsque l’on rentre chez soi, on a la patate, et ça fait du bien ! »
Là encore, il a comme mission de créer et d’animer un réseau d’assureurs mais aussi celle de les former. De 16, l’entreprise passe à 180 personnes. Il y trouve un mentor, « gros bosseur et avec le sens de la formule. » « J’apprends durant sept ans à appréhender différemment la gestion et le pilotage d’un réseau, l’accompagnement. On était différenciant et il fallait vendre en ayant en face de nous des majors. On devait se dépasser. »
D’animateur de réseau à chef d’entreprise
Seulement à force de côtoyer des chefs d’entreprises et de les animer, l’envie lui vient, en toute logique, de lui-même en devenir un. « En 2009, je cherche à reprendre une société et je rencontre mes futurs associés. Je deviens alors co-gérant, à hauteur de 33% d’Espace Assurances et d’Entente assurances. »
Conscient que, dans le monde des affaires, tout est histoire de réseau, s’il ne peut pas en créer un pour le compte d’une société, il va, à son tour, en intégrer un. Mais pas n’importe lequel puisqu’il franchit cette année là, la porte du Medef. Et comme il ne fait jamais rien à moitié, il met en place une commission qui n’existait pas à cette époque en Champagne-Ardenne, celle de la création / transmission d’entreprises.
Sylvain Mary anime dès lors des commissions sur ce thème pour l’URCA et Neoma, met en place le prix Pépite et intègre le réseau DCF et Entreprendre. La progression dans le monde de l’entrepreneuriat continue d’elle-même.
« En 2016, on me propose de rentrer à la CCI comme élu et de prendre, là aussi, la tête de la commission création / transmission ». De nouveau, les rencontres déterminantes s’enchaînent, notamment celle avec Bruno Forget, patron de la Foire de Châlons.
« Quand on intègre un réseau, il faut avoir quelque chose à transmettre. Si on est juste demandeur, ça ne marche pas. La notion de partage est très importante. »
Administrateur auprès de Marne développement, d’Initiative Marne, mais aussi d’ACOBHA et d’Effevent, il parfait son regard sur le développement économique. Puis, souhaitant faire partie d’une promotion globale du territoire et de ceux qui le font vivre, il entre à la CPME. Répondant à ceux qui pourraient trouver le choix en contradiction avec son implication au sein du Medef comme élu de la CCI, il balaie d’un revers de main les critiques : « On n’est pas ‘‘ou’’, on est ‘‘et’’. C’est l’addition des forces qui permet la réalisation des projets. »
Retrouver l’énergie
Puis vient l’année 2020. Une année charnière à tous points de vue. Sylvain Mary accumule les épreuves personnelles et sent la nécessité d’une remise en question. Après de nombreuses années passées sur les routes, se nourrissant de rencontres et de défis professionnels, à accumuler aussi une certaine pression, la vie vient lui rappeler que personne n’est omnipotent.
Il revend les parts de sa société et se tourne vers les énergies positives. Un ami lui parle du reiki, une discipline qui veille à équilibrer les énergies pour trouver un apaisement durable et profond au niveau du corps, du psychisme et des émotions.
Après une formation auprès d’un grand maître, il devient à son tour détenteur de la méthode. Intéressé par tout ce qui touche au Japon (il est aussi 2e dan de karaté et 1er dan de kobudo), il s’ouvre aux méthodes douces d’apaisement, sophrologie et hypnose. Toujours dans une logique de se retrouver et de donner encore plus de sens à son action, il adhère aux Business Angels de la Marne et des Ardennes.
« J’ai beaucoup reçu et c’est donc à mon tour de donner. Depuis 2021, j’ai investi dans quatre start-up. Et pour donner un coup de projecteurs aux nouvelles créations, j’ai mis en place avec les équipes de la CCI, le Grand Pitch. » Boulimique de travail et de nouveaux projets, il ne s’arrête pas pour autant et vient de lancer avec deux associés, une franchise Easy Cash, magasin d’upcycling et de seconde main, à Thillois, ainsi qu’un groupe informatique, LN groupe.
Aujourd’hui, Sylvain Mary, s’il a tourné la page de l’assurance, n’a en revanche pas fermé le livre de tout ce qui touche à la création et l’accompagnement de l’entreprise. Créé en 2018 mais mis en pause par le covid, il a ainsi imaginé, comme une sorte d’aboutissement de son parcours et de ses engagements, « la journée des réseaux » qui réunit une cinquantaine de réseaux départementaux.
Dans un esprit faisant la part belle à la co-construction, il donne rendez-vous à tous ceux qui souhaitent investir et s’investir, le 21 juin prochain au Kabaret à Tinqueux. Une date symbolique, célébrant l’apogée de la lumière mais aussi l’esprit de partage et de rassemblement. Toute une philosophie.