Des débuts d’Internet jusqu’au web 3.0, Samuel Dumas a toujours vécu au rythme de l’évolution du numérique. Issu d’une famille de scientifiques – sa mère est professeur de physique, son père directeur de recherche au CNRS – c’est depuis l’enfance qu’il est passionné par les ordinateurs et l’informatique. « À cette époque, il n’y avait pas encore d’internet grand public. À la maison on « piratait » l’Internet du bureau de mon père. Je détourais des photos pour faire des montages associant les têtes des copains et les corps de stars », se souvient-il. En 2001, avec un Bac S en poche et un DUT de webmaster, il entre à l’IUP d’Annecy. « Mes parents m’ont toujours dit : il ne faut pas faire, il faut faire faire. Comme à l’IUT, j’avais appris à faire du photoshop, du montage vidéo et du développement informatique, je me suis dirigé vers des études pour devenir chef de projet digital », explique Samuel Dumas.
En 2003, maîtrise en poche, il prépare un DESS ETIC, Entrepreneuriat et Technologies de l’Information et de la Communication. « C’est une formation pour monter des start-up, se lancer dans l’entrepreneuriat dans ce domaine », précise-t-il. Pendant cette période, il fera également des stages dans des entreprises en tant que développeur et infographiste, au début, puis dans la communication. Samuel entre dans la vie active en 2004. Grâce à son ancienne maître de stage, il postule pour une filiale parisienne d’une start-up de la Silicon Valley, Six Appart. Pendant deux ans, il y travaille comme chef de projet digital pour le lancement de plateformes de blogs en marque blanche pour différents portails européens. Avant d’être recontacté par l’agence de publicité BETC, où il avait effectué son stage DESS. De 2006 à 2013, il sera chef de projet digital senior.
« Nous, ce qu’on prône, c’est que le Web3, ce nouvel internet décentralisé, doit avoir un impact dans la vie de tous les jours »
« C’était passionnant. J’y ai tout appris au contact de gens talentueux et créatifs. J’ai participé aux campagnes de communication pour Peugeot, Canalsat, La Poste, Air France, FDJ. Je garde le souvenir d’une ambiance de pub avec beaucoup de fêtes. On était quatre personnes à mon arrivée, cent à mon départ », glisse-t-il. En 2012, la naissance de son fils le décide à quitter son poste pour une vie plus calme. Il est alors recruté par l’agence américaine Young et Rubicam, à Boulogne-Billancourt. « Ils montaient une filiale interne pour la communication du groupe Colgate Palmolive en Europe », relate Samuel, qui travaillera pendant quatre ans pour eux, avec « beaucoup de coordinations internationales, l’occasion de parler anglais du matin au soir, un nouveau défi ».
En 2016, un projet familial le conduit à Bordeaux où il devient directeur de projets pour l’agence WSB. En 2018, il décide de reprendre des études et prépare un Master pour devenir coach consultant, « pour se lancer en tant qu’indépendant, après quinze ans, dans ce domaine-là ». « À notre arrivée dans l’Aube en 2018 - où ma femme a été nommée -, on ne connaissait personne. Je me suis mis à mon compte comme chef de projet digital et j’ai commencé sur des plateformes de freelances ». Rapidement, Samuel Dumas décide de s’installer à l’espace de coworking du Rucher Créatif. « Je leur en serai toujours reconnaissant. En à peine deux heures, j’ai fait la connaissance de tout le monde. Et j’ai pris un espace de bureau à l’étage en tant que résident », explique-t-il.
« L’année des cryptomonnaies »
Puis il rejoint les associations « Perspectives Numériques 10 » et « le Labo du Web », des réseaux de développement de l’écosystème web local. Lors d’une conférence, il se rapproche de Benjamin Faraggi, le fondateur de Spuro, une application de création de blockchains. À cette même période - suite à la sortie de son livre « Comprendre et accompagner la transformation digitale », un prolongement de son mémoire de master -, Samuel anime déjà des conférences sur le sujet « sous l’angle de l’humain ». « Benjamin souhaitait arrêter de donner des formations. Je suis ainsi devenu formateur en transformation numérique pour de nombreux organismes dédiés, basés principalement à la Défense, à Paris et également pour le ministère des Armées », fait-il valoir. Le fait de beaucoup travailler en sous-traitance pour la montée en compétences des personnels techniques l’incitera à créer son propre organisme de formation. Acadee, pour « Académie du Digital », voit le jour fin 2019. L’année 2020, marquée par le Covid-19 et peu propice à son domaine d’activité, sera pour lui l’occasion de préparer la certification Qualiopi, rendant ainsi ses formations éligibles aux financements publics et mutualisés.
En 2021, « l’année des cryptomonnaies », Samuel Dumas et son associé, Benjamin Faraggi, créent une formation pour « apprendre aux gens ce qu’est la finance décentralisée, ce qu’est le Bitcoin, pourquoi c’est révolutionnaire et comment on peut s’en servir ». En 2022, cette formation s’est enrichie avec de nouveaux chapitres orientés pratique des cryptomonnaies. Malheureusement, leur certificateur perdra son agrément et par conséquent les financements pour les stagiaires… « Tout s’est effondré, il a fallu se réinventer et réinvestir massivement. On a alors monté une nouvelle formation (co-construite avec l’école d’ingénieur EPITECH), destinée aux développeurs, pour se spécialiser en tant que développeur blockchain / web3) ».
Services aux entreprises
Début 2022, Acadee se spécialise dans le Web3 : il se renomme « Acadee Blockchain Academy » et une nouvelle entité, « Acadee Blockchain Services », proposant des services Web3 aux entreprises est créée : « On a déjà signé notre premier client, l’Estac, que nous conseillons dans leur stratégie web3, comme par exemple la vente aux enchères solidaire des maillots de joueurs avec leur version NFT, Non Fongible Token. Chaque jeton est l’équivalent d’un maillot de foot, mais sur la Blockchain et avec des avantages, comme celui d’assister à un match de foot dans un jacuzzi ou d’accompagner les joueurs dans leur car ». D’autres projets sont en cours, notamment dans le domaine du vin, dans le Luberon : « Il s’agira cette fois de NFT pour des vins primeurs, des vins encore en maturation, que l’on pourra acheter sous forme de certificats numériques. Le vigneron se constituera ainsi une trésorerie à l’avance. Vendu plus cher qu’une bouteille, le NFT offrira là aussi des avantages. Comme la visite de chais, un dîner dégustation dans le domaine avec un sommelier ou une nuit dans le château du vignoble ».
« Je déteste la phrase affirmant que les conseilleurs ne sont pas les payeurs. On conseille avec nos valeurs et même si l’on n’a pas d’obligation de résultat, on est co-responsable du résultat. Il en va de même pour le coaching, que ce soit pour le développement de la personne ou des organisations ». Fin 2022, Acadee lance sa propre collection de 5 000 NFT en s’associant avec l’artiste troyen Korny_hec. « Nous, ce qu’on prône, c’est que le web3, ce nouvel internet décentralisé, doit avoir un impact dans la vie de tous les jours. Il doit y avoir quelque chose de concret, sinon, ce n’est que de la spéculation, avec les dérives que cela entraîne », insiste l’entrepreneur. Le but de cette opération est de récolter des fonds et d’investir dans des projets liés à la solidarité ou au développement. Les premiers soutiens iront à l’association « We deserve Freedom », pour aider les femmes victimes de violences, ainsi qu’à l’ONG TTSDev, pour faire reculer l’exode rural des Congolais, et cela, grâce au développement personnel et aux actifs numériques. « Tous ceux qui auront acheté ces NFT pourront aussi soumettre aux votes des propositions pour investir dans tel ou tel projet et percevoir des dividendes ».