Invités / Entretiens

Romain Dubal

De l’industrie à la formation

Lecture 9 min
Photo de Romain Dubal
A son nouveau poste, Romain Dubal devra optimiser la performance du Pôle formation de l’UIMM grâce à un pilotage rigoureux basé sur des objectifs et indicateurs clés. (Crédits : DR)

Fort d’un parcours précoce dans le monde entrepreneurial au cours duquel il a dirigé entre 100 à 250 salariés au sein de cinq PME différentes, Romain Dubal occupe depuis le 1er juillet, le poste de directeur généralde l’UIMM Champagne-Ardenne.

Cette expérience doit lui permettre d’encadrer au mieux les sept sites implantés à Charleville-Mézières et Donchery pour les Ardennes, Reims (Marne), Troyes (Aube) et Saint-Dizier (Haute-Marne), plus un nouveau centre de maintenance à Nogent (52). Soit un total de 135 salariés dont 80 formateurs internes plus un vivier d’une centaine de prestataires externes sur des compétences bien spécifiques. Une structure au service de 900 alternants et 4 000 apprenants, salariés ou demandeurs d’emplois, qui réalise 15 millions d’euros de chiffre d’affaires.

La formation, un enjeu majeur

« Je suis très fier d’exercer cette responsabilité. C’est une mission pleine de sens car redonner goût pour l’industrie à des jeunes apprentis, c’est un enjeu majeur. Il va falloir contrer le déclin démographique en essayant d’augmenter le nombre d’entrants dans nos pôles formation. Je souhaite aussi renforcer la pertinence des actions de formation proposées sur nos sites. »

À son nouveau poste, il entend par ailleurs « être en adéquation avec les besoins des entreprises industrielles pour répondre au mieux à leur nécessité de recrutement à court et moyen terme afin d’offrir aux adhérents un service de qualité grâce aux différentes actions. Nous allons également nous positionner sur la formation initiale, la formation continue et l’accompagnement des dirigeants pour leur digitalisation. C’est un véritable enjeu à l’heure où de moins en moins de personnes sont capables d’entrer sur le marché du travail et d’occuper un poste en autonomie. Il faudra combler ces manques en rendant nos alternants encore plus opérationnels. »

Il faudra aussi, pour Romain Dubal, consolider financièrement le Pôle Formation. « Le modèle économique du Pôle Formation UIMM, par ailleurs de moins en moins aidé par l’État, a besoin d’être revu. Sa gestion doit être réfléchie comme un centre de profit. C’est la logique qu’on va essayer d’insuffler assez rapidement en se rapprochant de la gestion d’une vraie entreprise. Chaque pôle champardennais sera donc transformé en centre de profit indépendant pour retrouver très rapidement de la rentabilité. L’autre ligne à améliorer de façon urgente et qui est au centre de notre priorité, c’est de se concentrer sur la qualité des prestations dispensées pour les apprenants et les salariés d’entreprises. »

Cadre dans cinq PME

Arrivé dans les Ardennes en 1997, où son père, conducteur de train, et sa mère, employée au Conseil départemental, venaient de revenir après un passage à Tours, Romain Dubal a obtenu un BTS Fonderie à Bazin, une licence en métallurgie à l’IFTS de Charleville-Mézières et des modules d’ingénieur matériaux via le CNAM.

En 2012, il est recruté chez Invicta en tant que technicien développement par « l’homme à poêles », Jean-Pierre Dupire, PDG de l’entreprise de Vivier-au-Court et Donchery. « J’étais chargé de développer de nouvelles pièces de fonderie pour les poêles, foyers, inserts et cocottes. En une décennie, j’ai beaucoup évolué au sein de cette PME en devenant responsable de services, cadre technique, directeur de production puis directeur industriel. Une évolution qui m’a permis de beaucoup apprendre. Durant cette période, j’ai aussi passé une formation de cadre dirigeant au Pôle formation de l’UIMM afin de mieux appréhender la suite de ma carrière professionnelle et les enjeux stratégiques d’une entreprise. »

Ayant eu l’impression « d’avoir fait le tour » après avoir encadré plus de 300 employés et intérimaires, Romain Dubal rejoint en 2022 le groupe automobile Mirabeau Industrie pour encadrer les sites de production de Ninin-Plismy Lejay (NPL) à Gespunsart, expert en emboutissage automobile (150 salariés) et TSV à Verdun (30 employés dans la Meuse), petite soeur de NPL spécialisée dans la conception et la fabrication d’outils d’emboutissage. Accompagné par Claude Pimpie, il vit une expérience enrichissante dans un milieu « très processé ». Sa mission ? « Améliorer l’efficience des productions existantes, renouveler les certifications qualité et mieux structurer l’outil en place à travers plusieurs investissements sur la soudure laser afin de répondre aux besoins de Stellantis pour qui nous étions mono-fournisseur de colonnes de direction. »

« La gestion de l’UIMM doit être réfléchie comme un centre de profit. C’est la logique qu’on va essayer d’insuffler assez rapidement en se rapprochant de la gestion d’une vraie entreprise. »

Après deux années à travailler comme sous-traitant pour l’automobile, Romain Dubal, élargit encore son éventail professionnel en devenant directeur de la menuiserie CAP SAM BP à Charleville-Mézières, laquelle oeuvre dans la conception et la fabrication d’ouvrages de menuiseries extérieures sur mesure en bois et PVC. « On répondait à de la promotion immobilière uniquement sur du bâtiment neuf, en travaillant à 95 % dans la région parisienne sur des chantiers portant sur 50 à 1 000 menuiseries. Malheureusement, CAP SAM BP a été liquidé avant que les autres filiales de Cévital soient impactées par cette disparition. »

En parallèle, en décembre 2024, Romain Dubal créé la marque « La Cocotte ardennaise », une TPE fabriquant des cocottes en fonte émaillée dont il est le président. Ce produit, dont l’innovation majeure est d’être doté de poignées en acier inoxydable qui ne montent pas en température, est d’ores et déjà commercialisé. Objectif : atteindre la vente de 2 000 pièces d’ici la fin d’année.

Produite à La Fonte Ardennaise, usinée chez Mécarden par le groupe Marcel France Mécano-Galva, assemblée avec l’aide de l’AAPH de Donchery, émaillée dans les Vosges chez MVE, packagée via ISOPAC, étiquetée par Sopaic Repro et vendue dans plusieurs boutiques en France et sur Internet, « La Cocotte française » fait travailler une trentaine de personnes dans les Ardennes. « À terme, on prévoit même d’avoir notre propre unité de production et logistique. »

« Il y a finalement une similitude entre l’industrie et la gestion d’un pôle formation, même si les livrables ne sont pas les mêmes. D’un côté, ce sont des pièces, de l’autre, de la matière grise et des compétences. Il y a donc des analogies entre les deux », conclut Romain Dubal. Compétiteur cycliste, au mental fort, il aime aussi relever les défis sportifs, comme le prouvent ses quelques victoires remportées sous le maillot de l’UVCCM sur route et à VTT.