Courageux, déterminé, astucieux, posé… Ces qualités qu’on attribue à Tintin se retrouvent chez Pierre Georgin qui est un fan absolu du héros d’Hergé dont il accumulé toute sa vie toutes sortes de représentations : figurines, bustes, posters, et même une tête émergeant de la potiche grand format du Lotus bleu ou une lampe de bureau en forme de champignon inspiré de l’Etoile mystérieuse. Le parallèle s’arrête là (quoique son visage présente aussi quelque ressemblance…). Moins romanesques, ses aventures à lui sont restées dans le domaine tangible des affaires.
En 40 ans d’activités professionnelles, il a racheté, construit et exploité des milliers de mètres carrés de surfaces commerciales, dédiées pour l’essentiel à la vente de cuisines équipées sur mesure. Un bac G2 suivi d’un DUT GEA lui avaient assuré dès le départ des compétences qu’il a fait grandir comme salarié dans plusieurs grands magasins rémois (Meubles de l’Est, Galeries Barbès, Global), aux côtés de son père comptable, de qui il tient sans doute son aisance avec les chiffres.
Son parcours d’entrepreneur a officiellement commencé en 1990 avec le rachat du magasin Cuisines Plus, sur la route de Charleville-Mézières à Reims, où il était gérant. Ce qui ne s’est pas fait sans prise de risque. « Pour me lancer, j’ai dû mettre ma maison en garantie », se souvient-t-il avec quelques frissons rétrospectifs. Les choses ont heureusement bien tourné.
Stratégie et opportunité
Avançant ensuite par stratégie et opportunité, il a développé plusieurs points de vente franchisés, principalement sous les enseignes Cuisines Plus et Ixina, de Reims à Nancy, d’Epernay à Troyes, de Saint-Quentin à Amiens, d’Alençon au Mans, en passant par Creil. Ses plus récentes ouvertures : XXL Maison et Noblessa à Champigny. Sens des affaires et puissance de travail ont soutenu cette réussite.
« Les 35 heures, je n’ai jamais su ce que c’était », glisse-t-il. PG Investissements est une holding familiale qui regroupe à présent 27 sociétés dont 13 magasins spécialisés et 2 sociétés foncières qui gèrent 20 000 m² de bâtiments commerciaux. Elle emploie une centaine de personnes, fait travailler une quarantaine d’artisans poseurs et réalise un chiffre d’affaires de 30 M€. À 71 ans, Pierre Georgin en est toujours le PDG et actionnaire à 20 %, même si, depuis 2018, il a progressivement cédé la direction opérationnelle à ses trois enfants et à un neveu. Son expérience de chef d’entreprise, il l’a mise très tôt au service de la commune de Champigny où il réside, en devenant adjoint aux finances dès 1983 puis maire en 1992.
« Tout ce qui est développement économique et qui crée de l’emploi, j’y suis favorable. »
« Une commune se gère comme une entreprise. Pour redresser les finances qui étaient dans le dur à la suite de gros investissements, j’ai proposé de réaliser des lotissements communaux, ce qui était assez nouveau à l’époque. On trouvait un accord avec les agriculteurs, on s’occupait de la viabilité et de la vente des parcelles. Tout le monde faisait une bonne affaire. On en a fait une dizaine au total. Résultat : la population campinoise a doublé, la commune n’a plus d’emprunt sur le dos et n’a plus augmenté depuis des années son taux d’imposition. D’autres communes nous ont suivi. Avec la loi ZAN, c’est plus compliqué aujourd’hui. »
Précurseur
Pierre Georgin a été aussi précurseur en 2013 quand la communauté d’agglomération de Reims (alors Reims Métropole) a entamé son processus d’élargissement géographique. « De la communauté de communes Champagne Vesle, Champigny était la seule commune volontaire pour ce rapprochement. Les études et les projections financières qu’on avait fait faire montraient que c’était notre intérêt. » Pour préparer les esprits à une intégration plus complète en 2017 au sein de la communauté urbaine du Grand Reims, il fut d’ailleurs missionné, comme quelques autres convaincus, pour rassurer ceux de ses pairs qui craignaient de voir leur village se dissoudre dans la grande ville. Depuis 2013, il ajoute à sa casquette de maire celle de vice-président de l’intercommunalité. Sous la présidence d’Adeline Hazan, il fut chargé du tourisme, de l’aéroport et du fluvial. « J’ai découvert un monde que je ne connaissais pas. »
Bien que néophyte, il a su être de bon conseil dès qu’il s’est agi d’appliquer les règles de bonne gestion. « L’office de tourisme était locataire de ses locaux et payait des loyers élevés. L’idée était de les racheter mais les propriétaires se refusaient à vendre. Accompagné du directeur de l’époque, je suis allé à Paris les rencontrer avec, en tête, une certaine stratégie qui a fonctionné. Après cette opération, Reims a fait des émules dans d’autres offices de tourisme en France. »
Dans son élément
Plus récemment, Pierre Georgin s’est vu confier la délégation à la relance économique et à l’emploi par le Grand Reims. Lequel a notamment mis en place pour les entreprises des aides à l’investissement productif et à l’investissement immobilier. « Je suis plus dans mon élément », convient-il. Sauf que les perspectives de développement et d’accueil de nouvelles entreprises sont limitées par le manque de disponibilités foncières. « Le parc d’activités de La Malle, ça se termine ; La Husselle 3, c’est bien engagé. Reste le projet d’extension de la ZAC de Bazancourt-Pomacle porté par le Grand Reims qui veut favoriser de nouvelles implantations autour de la bioéconomie, mais qui a été repoussé par deux communes. » À titre personnel, il suit avec un intérêt particulier le projet d’aménagement de la zone des Sables (40 ha), sur le territoire de Champigny, qu’il aimerait voir aboutir tant qu’il est élu.
« Tout ce qui est développement économique et qui crée de l’emploi, j’y suis favorable. » La retraite ? Très peu pour lui. Certes, des soucis de santé l’ont obligé à adapter ses loisirs (le vélo électrique et la marche plutôt que le VTT ou le tennis) mais pas à renoncer à ses activités. Il intervenait encore récemment à l’AG de l’association Entreprendre pour Apprendre Grand Est pour témoigner de son histoire professionnelle qui, peut-être, donnera aux jeunes l’envie de se lancer.