

Ce Mulhousien d’origine a grandi dans divers endroits de France, au gré des mutations professionnelles de son père, cheminot dans le fret. En Alsace durant dix ans, à Bourges de 10 à 15 ans « là où j’ai découvert les premières éditions du Printemps qui était alors un festival plus alternatif », et en région parisienne.
Après avoir passé un bac S à Courbevoie, Nicolas Humbertjean obtient une maîtrise d’économie appliquée suite à quatre ans d’études en économie et finance à Paris-Dauphine. « En soutien de cette maîtrise, en 1999, je devais effectuer un stage en banque mais comme j’avais les cheveux longs, ce look m’a amené à chercher un job ailleurs. J’ai eu la chance de trouver à la Fnac Saint-Lazare comme assistant à la communication ».
Au sein du grand magasin, Nicolas se montre vite à l’aise en animant des évènements, des showcases avec des artistes ou des rencontres en compagnie d’écrivains. Ravi de son expérience, il prolonge deux mois sur un poste de disquaire.
« J’ai alors commencé à être happé par la musique, d’autant que j’ai eu la chance de découvrir Femi Kuti qui m’a fait connaître l’univers musical de son père, Fela, grand chanteur et saxophoniste nigérian, considéré comme l’inventeur de l’afrobeat. »
Nicolas a trouvé sa voie. En 2000, il dégote un stage à Yelen Musiques, label français de rock et pop appartenant à Sony Music, fondé et dirigé alors par Patricia Bonnetaud, une figure du monde de la musique. « Le pari du label était de promouvoir des artistes par la scène et les tournées et non avec une stratégie radio appuyée sur un hypothétique single. J’étais attaché de presse au sein de cette petite entité de quatre employés, chargé de mettre en oeuvre la stratégie de développement des sorties d’albums et des tournées de groupes comme Tryo, La Rue Ketanou, Mass Hysteria, Watcha, OneYed Jack, Java et Babylon Circus. C’est en côtoyant tous ces artistes avec lesquels il y avait une réelle proximité, que j’ai approfondi ma connaissance du métier dans un esprit très familial ».
« Nous sommes aujourd’hui reconnus comme un des grands évènements musicaux de l’été. Un festival qui compte aux yeux des tourneurs et des professionnels. »
Il rédige ainsi des communiqués et dossiers de presse, facilite les contacts avec les médias régionaux (presse, télé, radio, web) pour des interviews, « soit une basse de plus de 3 000 contacts », en ayant des relations étroites avec les tourneurs et assure également la gestion quotidienne des événements et des déplacements d’artistes.
Un vrai travail de fourmi
C’est à Yelen Musiques, en 2004, que Nicolas Humbertjean fait la connaissance de Julien Sauvage. Les cinq ans passés chez Yelen Musiques ont permis à Nicolas de s’imprégner du milieu, de découvrir les Eurockéennes de Belfort et les Vieilles Charrues et l’amour du terrain. À partir de 2005, il se sert de cette approche pour vivre sa passion comme indépendant. À Saint-Ouen, Paris puis chez lui, dans le Val d’Oise.
En freelance, il va ainsi aider ses anciennes connaissances mais aussi les Rita Mitsouko, Manu Chao, Grand Corps Malade, Wax Tailor, Clara Luciani, Hervé, Kid Francescoli, Anne Paceo, Deluxe et La Femme, en assurant la couverture de leurs concerts via des conférences de presse et des interviews en choisissant parfois les angles pouvant intéresser les journalistes.
Pour ce travail, il est rémunéré soit par les tourneurs s’agissant de la scène « devenue la principale ressource des artistes », soit par les labels pour contribuer à la vente d’albums.
L’aventure Cabaret Vert
Ayant promis en 2004 à Julien Sauvage, avec qui il est devenu ami, de lui donner bénévolement un coup de main lors de la première édition du Cabaret Vert, Nicolas Humbertjean débarque dans les Ardennes. Il va alors être interloqué de ce qu’il découvre. « J’ai été bluffé. Avec sa bande de potes qui, pour la plupart, n’avaient jamais organisé un tel évènement, Julien et ses pionniers Alberto Fernandes, Gautier Delille, Nicolas Bach-Taï et Yves Schneider, qui incarnent encore l’identité d’un festival qu’ils ont fait grandir, ont d’emblée fait preuve d’un sacré professionnalisme pour mettre en place à Bayard un rendez-vous ayant attiré plus de 10 000 personnes autour de deux têtes d’affiches Jacques Higelin et Mano Solo qui ont offert leur concert dans une supère ambiance. Je suis reparti en me disant ‘‘respect et chapeau’’ aux organisateurs ».
Convaincu de cette première expérience parfaitement réussie avec des gens ouverts et dynamiques, s’appuyant en plus sur des idées fortes (le développement durable, la mise en avant d’un territoire trop souvent décrié), Nicolas Humbertjean est emballé – « c’est un plaisir incommensurable de défendre un tel projet » – reviendra encore et toujours au Cabaret Vert.
« Au départ, il n’y avait que quelques journalistes locaux qui suivaient l’évènement. Depuis, la couverture médiatique s’est largement étoffée puisqu’on accrédite avec la montée des sites internet, des médias digitaux et des réseaux sociaux, entre 300 et 350 médias qui arrivent de tout le territoire français (plus de 250), de Belgique et du Luxembourg et plus sporadiquement de Suisse, d’Angleterre et des Pays-Bas ». Et d’ajouter : « Nous sommes aujourd’hui reconnus comme un des grands évènements musicaux de l’été. Un festival qui compte aux yeux des tourneurs et des professionnels, ce qui permet d’avoir toujours une belle programmation et de grandir la jauge de façon raisonnée grâce à la logistique mise en place et au travail de 2 500 bénévoles pleinement investis ».
La notoriété acquise sur la plaine Bayard a permis à Nicolas Humbertjean de se faire un nom comme indépendant et de collaborer au Douzy Rock durant trois éditions et sur d’autres festivals. Comme Wolj Jazz festival au fort Kléber à Woljsheim, Music en avre, en Eure-et-Loire, les Francofolies d’Esch-sur-Alzette et Super Moustache festival à Aix-en-Provence.
Sportif aussi
Passionné de sports, ce père de quatre enfants (dont Amaury et Mathilde, bénévoles au Cabaret vert) a tour à tour pratiqué le football durant son adolescence avant de subir une grave blessure et de s’adonner ensuite au triathlon dont l’Iron Man de Tours où il officie aussi comme arbitre, au duathlon et au trail en étant licencié à Montmorency.
Ne se contentant pas du statut de pratiquant, Nicolas durant ses temps libres anime aussi, sur IdFM Radio Enghien, une émission de radio mensuelle « VO2 Max », dédiée aux sports nature.