« À l’école communale, j’étais très bon en des¬sin et j’avais fait des choses assez remarquables. Quand, à 30 ans, j’ai appris de mon ancien instituteur que tout avait été jeté, j’ai été sidéré. Cela a été le déclic de mon projet car il me semblait que c’était une réponse à une certaine forme de mépris des adultes pour ce que réalisaient les enfants ». Depuis 40 ans, Michel Girost a gardé intacte sa détermination à vouloir inscrire l’enfance et la jeunesse dans la mémoire de l’humanité. Tout en déplorant qu’il n’y ait rien en termes de conservation de leurs œuvres, « alors que c’est avant 25 ans qu’on construit son identité, sa personnalité ».
Avec à son actif 120 000 productions artistiques de 150 pays conservées et numérisées, 360 expositions présentées en France et à l’étranger et 5 000 interlocuteurs dans le monde entier, il est précurseur dans le domaine des actions envers l’enfance et la jeunesse : « À la fin de l’année dernière, nous sommes devenus « Observatoire de l’UNESCO ». Le premier en matière d’éducation artistique sur la région Europe-Amérique du nord. Et fin 2022 on aura la signature de l’accord de coopération. C’est la consécration en quelque sorte », s’enthousiasme le président fondateur de l’association auboise devenue en 2019 IMAJ (Institut mondial d’art de la jeunesse).
De son enfance, Michel Girost garde le souvenir de l’atelier de son père ébéniste, où il faisait la sieste dans les copeaux dont il appréciait le parfum. Il y cultivera le goût du bois et une certaine habileté : « Puis au contact de mon instituteur, entre 10 et 14 ans, je me suis mis à construire des sculptures et à créer des blasons. Cela a révélé chez moi des choses que j’ignorais ».
« C’est un projet novateur, pionnier, unique au monde, tourné essentiellement vers la valorisation des jeunes »
Michel Girost veut alors devenir menuisier. C’est sans compter sur le ferme désaccord de son père qui lui obtient une bourse pour entrer au lycée de Châlons-en-Champagne. Il cultivera ensuite d’autres centres d’intérêt dont la météo, suite à son service militaire effectué à la base aérienne de Romilly-sur-Seine.
En 1967, il a 20 ans quand il arrive à Troyes, où travaille Édith, sa jeune épouse. Il entre alors à la DDE, au corps des contrôleurs des travaux publics de l’État. Faute de candidat, il devient secrétaire général de l’Aube de Force ouvrière. Avant d’y entrer à la commission exécutive, pour 30 ans. Il devient aussi administrateur de la CAF : « J’ai une parfaite connaissance du milieu associatif grâce à 26 années à la CAF. Je me suis retrouvé administrateur de deux collèges, où j’ai découvert le monde très administratif des établissements scolaires. Et la façon dont s’y montaient les projets ». En outre – il est aujourd’hui encore administrateur au CFA interpro de Pont-Sainte-Marie - il est personnalité qualifiée au CESER Grand Est de 2007 à 2016. Et puis il y a les amis : « À la DDE, il y avait au moins quinze artistes aubois - dont Guy Péqueux et Alain Richard – grâce auxquels j’ai beaucoup appris sur le plan artistique ».
Début 1973, il reprend des études supérieures en cours du soir en éco et gestion au Conservatoire National des Arts et Métiers de Troyes. Après un 2e cycle à Paris, il obtient son diplôme en 1978 : « J’ai découvert tout un espace planétaire, tout ce qui régit la vie des sociétés. Je suis toujours passionné de ça ».
SAUVEGARDER LA DIVERSITÉ DE LA CULTURE DU MONDE
« Mon goût pour l’UNESCO date de l’école communale d’Anglure. Notre instituteur nous avait longuement parlé de l’UNESCO avant de nous faire participer à un concours de rédaction sous l’égide de cette institution », se souvient-il. « Les objectifs assez puissants en matière d’éducation, de culture et de sciences qu’avait l’Unesco au niveau de la planète », allaient fortement l’imprégner.
Il entre en 1980 dans l’association Cercle UNESCO de Troyes, en devient vice-président en 1982 et président en 1985. Avant d’en modifier les statuts pour l’orienter vers l’enfance et la jeunesse. En 1999, il devient vice-président de la fédération française de l’UNESCO. « J’ai quitté la présidence en 2002 car je voulais me concentrer sur mon projet. Je l’ai commencé en 1990 pour finir la première ébauche en 1992 du ‘‘projet ultime’’ », glisse-t-il. Michel Girost projetait déjà de créer un musée alimenté par des productions artistiques d’enfants et de jeunes, d’installer des ateliers éducatifs permanents, de commencer des recherches en matière de productions artistiques d’enfants, de développer tout un secteur de vie internationale et de conserver toutes les œuvres. « Dans ce projet ultime, il était question qu’on devienne une instance importante de l’UNESCO. Dès 1994, étant à Paris, j’ai pu le réaliser et j’ai appris qu’on pourrait s’engager sur des projets importants, qu’on pourrait devenir un centre pour l’UNESCO », explique le passionné.
PROMOUVOIR L’ÉDUCATION ARTISTIQUE
Dès 1990, il transpose le management par objectif au sein de l’association et crée des cycles de 5 années de perspectives, avec 100 objectifs par an. Puis son concours de dessins devient international ; sont créés des ateliers en pratique artistique – 23 000 enfants bénéficiaires – et de découverte en patrimoine culturel et naturel.
En 1996, une rencontre avec le directeur général de l’UNESCO, Federico Mayor, sera décisive : « Il m’a encouragé très fortement à la réussite de ce projet et m’a dit qu’on était en train de combler un vide crucial pour la modernité, pour l’humanité même. Il employait des mots très forts. Là je savais que j’étais dans la vérité et qu’il fallait que je me donne à fond. Et pourtant j’entendais autour de moi que c’était complètement fou de croire en ce projet utopique. On est sur le 7e cycle, dont la fin est prévue en 2024. Le Département de l’Aube s’est emparé du projet à partir de 2018. En 2021, il a acheté un ensemble immobilier appartenant à la Congrégation des Soeurs de Notre-Dame de Bon Secours pour mettre à disposition de l’IMAJ – Observatoire de l’UNESCO une partie des lieux. Ce sera, a priori, réalisé en 2025 », se félicite le président d’IMAJ.
En 2009, Michel Girost vit ses premiers instants de reconnaissance et de bonheur : médaillé d’or de Jeunesse et sports, chevalier des palmes académiques, il reçoit la médaille du Mérite national. L’Artothèque du Futur est inaugurée en 2013. Afin d’entrer dans la recherche, la numérisation des œuvres commencera en 2018 avec l’UTT et en partenariat avec l’école polytechnique de Lausanne à la fin de 2022. « C’est un projet novateur, pionnier, unique au monde, tourné essentiellement vers la valorisation des jeunes - les jeunes représentant à mon sens la plus grande et la plus belle ressource pour l’avenir de l’humanité et de la planète. Ça a été la passion de ma vie ».