C’est par un poste de professeur de sciences et technologies au lycée Saint-Vincent de Paul de Châlons que débute la vie professionnelle de Maxime Collet, après avoir obtenu une licence et un Master 2 en administration et économie sociale à l’Université de Reims. « J’ai pris cette fonction du jour au lendemain, au sein de quatre classes de 36 filles. C’était un peu compliqué au début car avoir des compétences, c’est une chose, mais enseigner, c’en est une autre », reconnaît-il.
Ayant validé un CAPET (certificat d’aptitude au professorat de l’enseignement technique), il postule avec succès à la direction du Comité départemental d’éducation pour la santé (CODES), et c’est à 24 ans seulement que Maxime Collet en devient le directeur. À la tête d’une équipe de douze chargés de projets et d’infirmières, il gère tout ce qui concerne la prévention étroitement liée au sida, à l’obésité et à l’équilibre alimentaire pour faire évoluer la promotion de la santé. L’expérience dure un an et demi avant que le jeune homme arrête. Le Carolomacérien change alors complètement de vie.
Après s’être présenté en 2008 et sans aucune étiquette politique aux élections municipales à la tête d’une liste « Charleville-Mézières autrement », il rassemble plus de 6% des suffrages autour du slogan « Rendons possible ce qui est nécessaire ». Désireux de connaître autre chose, il devient « Gentil Organisateur » au Club Med de Vittel comme responsable du restaurant où il gérait une trentaine de serveurs « 1 000 déjeuners et petits-déjeuners tout en étant animateur de soirées pour amuser la galerie ». C’est son premier pas dans l’univers de l’événementiel et de la restauration. Il met ensuite le cap sur Lausanne pour vendre des supports de communication et créer des sites internet puis lance sa propre entreprise, « Helveticom ». Enfin, en 2015, il rejoint Nice pour devenir tour à tour responsable du rayon cycles d’un Décathlon et du service petits- déjeuners d’un hôtel Michelin dirigé par le chef Alain Llorca sur les versants de La Colle-sur-Loup.
« À l’époque, je m’efforçais de travailler le plus possible en matinée pour disposer de temps libre l’après-midi afin de marcher et de faire des randonnées dans le sud de la France. Il m’arrivait aussi d’aider ma compagne, alors DJ, lors de mariages ou soirées musicales ». Tout cela avant un retour remarqué dans les Ardennes...
Rachat du Saint-Germain pour créer le Banana Joe
C’est en 2021 qu’il décide d’effectuer un retour dans les Ardennes. « J’avais toujours dans un coin de ma tête l’idée de revenir ici pour concrétiser un projet professionnel : l’ouverture d’un bar. Je savais que faire cela dans les Ardennes était plus facile financièrement et logistiquement. Il me restait à trouver une opportunité ». L’attente est de courte durée. Maxime Collet retrouve à Charleville-Mézières le grec Rodolphe Lambadaris pour lequel il avait travaillé comme serveur au Chêne Café. Il lui fait part de son intention. Cela aboutit au rachat du bar Le Saint-Germain. « Il s’agissait d’un ancien bar qui était à l’abandon depuis trois ans. Personne n’en voulait. Je suis devenu le propriétaire en investissant 50 000 euros dans ce fonds de commerce, la licence IV et le matériel ».
« Le point commun de toutes mes expériences, ce sont les échanges et la communication. »
Maxime Collet en fait un bar à ambiance à la mode, un peu écolo et bobo. Il lui donne le nom de Banana Joe. Un nom faisant référence à un film de Steno tourné en 1982 avec le légendaire Bud Spencer. « J’avais trouvé le graphisme du film sympa. Voilà comment j’ai pensé à ce patronyme ». L’aventure commence avec un salarié mais très vite la clientèle s’agrandit grâce aux soirées dansantes et aux concerts live. Le succès est immédiat pour ce bistrot « hype » et intergénérationnel où l’on vient volontiers boire un verre, profiter de l’ambiance et terminer par quelques pas de danse. Convivial, l’établissement ne désemplit pas.
« Mais à cause de son succès, cet endroit authentique réveille un voisinage qui grince des dents. Il a fallu composer et répondre à quelques réunions avec la Préfecture, la police municipale et la mairie. Il y avait parfois jusqu’à une centaine de personnes été comme hiver dans l’enceinte du bar et sur la terrasse. J’ai alors fait des efforts, trouvé des conciliations, mis des tampons sur les enceintes pour couvrir le bruit et arrêter de servir à minuit ». Après avoir travaillé 7 jours sur 7, Maxime Collet va même réduire son activité au jeudi, vendredi et samedi. « Ça marchait tellement fort qu’on s’est retrouvé à cinq salariés en réalisant 400 000 euros de chiffre d’affaires ».
Cap sur le Mont-Olympe
En juin 2023, Maxime a l’occasion de se lancer dans un nouveau projet original. « À cette époque, en me baladant sur la passerelle du Mont-Olympe, je découvre sur une affiche que l’Auberge Verte avait fermé. J’ai alors appelé la mairie pour dire mon intérêt de reprendre le lieu. La Ville venait de lancer un appel à projets d’une semaine auquel j’ai été… le seul à répondre ». Il obtient le droit de développer ce site plein air de mars à octobre. « En dix jours, on a investi le lieu, ouvert un roof-top, un espace en bas et nous avons installé des tables sur l’herbe. J’ai aussi appelé un ami pour fournir aux visiteurs des pizzas. « La Cabane à Joe », unique en son genre, a tout de suite fait un tabac et dès le soir de l’ouverture, un vendredi 13 juillet, on a accueilli 1 200 personnes. Et, depuis, ça n’a jamais désempli », se réjouit-il.
En automne 2024, la Ville lance un nouvel appel à manifestation d’intérêts mais, cette fois, pour une durée de cinq ans. Bien que mis en concurrence, le plan global de restauration et d’activités sur l’île du Vieux-Moulin présenté par Maxime Collet l’emporte. « Nous avons obtenu les clés le 15 mars. La convention nous imposait d’ouvrir un point restauration, de privilégier les produits locaux et de valoriser la Meuse toute proche », souligne le futur gestionnaire dont le pedigree a bien sûr pesé dans la balance.
De la Cabane Joe au Quai de la Maline
Maxime Collet s’était promis de faire mieux que la fois précédente. Et cette année, la guinguette baptisée « Le Quai de la Maline » et située derrière le Musée Rimbaud, a continué de cartonner en attirant de plus en plus d’adeptes de toutes les générations. Des gens ravis de se détendre au bord de l’eau, en écoutant de la musique et en sirotant un verre. « En moyenne, on a accueilli entre 400 et 800 personnes chaque jour ».
Maxime Collet a ajouté quelques nouveautés par rapport à la première édition : huit pédalos quatre places, six canoës, des transats, des boules de pétanque, un molki et des fléchettes. Sur le plan musical et sur proposition de la bookeuse rémoise Sacrée Silou, les groupes programmés sont particulièrement appréciés du public. Il a aussi recours à des restaurateurs locaux : La Grande Ourse, Chez Georges , Le Plazza , Le Caveau, Chez Marité et Le Boulot.
Tout est réuni pour passer de belles journées de printemps et d’été de midi à 22 heures avec une prolongation jusqu’à une heure du matin les vendredi et samedi. « On a doublé notre chiffre d’affaires (800 000 euros) mais on s’en donne les moyens. J’emploie désormais treize salariés durant cette période. On prend du plaisir à rendre les gens heureux sans se prendre la tête. »