« J’étais en première S lorsque j’ai découvert la filière bijouterie. Puis j’ai passé le concours à tout hasard. J’ai été reçue et tout a été chamboulé en cours de cursus. » Au départ, Margot Roblin voulait devenir architecte d’intérieur ou paysagiste, mais sans avoir vraiment d’idée arrêtée sur son avenir professionnel. Alors pourquoi pas le domaine du luxe ?
Transformer de la matière en partant d’une plaque pour en faire un objet concret, voilà ce qui lui a plu d’emblée. « Je voulais exercer un métier me procurant la satisfaction de réaliser quelque chose de palpable », souligne la passionnée.
À 18 ans, la Troyenne intègre en 2012 l’école Boulle, à Paris. CAP et Bac Pro en poche, elle se spécialise en sertissage. « J’ai ensuite travaillé pendant trois ans dans un atelier de sous traitance pour des grandes marques de la place Vendôme, essentiellement Cartier, Dior et Chanel, en tant que sertisseuse – je posais les diamants sur les bijoux », explique Margot Roblin.
Puis le sentiment d’avoir fait le tour du métier prendra le dessus : « C’était quand même du très haut de gamme, entre 600 et 800 diamants, avec ce côté production et de séries. Même dans le luxe, on avait cet aspect de répétition. Je pensais voir des pièces plus extravagantes, plus uniques ». La lassitude finira par la décider à tout quitter pour partir à l’étranger pendant un an et demi.
Destination l’Australie puis l’Amérique centrale
Son désir de voyages, son autre passion, la mène d’abord en Australie, où elle restera une année. Vivre pendant un an dans un 4x4 , avec le minimum de confort, sans luxe, cela forge une personnalité, sans aucun doute : « On fait avec ce qu’on a pour manger, se laver… Ce n’est pas toujours très simple. On se rend compte qu’on est dans un grand confort en France. Et qu’on a tendance parfois à se plaindre pour pas grand chose ».
Son séjour loin de l’Hexagone lui permettra surtout de retrouver le contact avec les gens. « Nous avons pu échanger sur nos vies, découvrir de nouvelles cultures, de nouveaux horizons, d’autres mentalités. Voyager nous permet après d’avoir une ouverture d’esprit. Ce qui est très intéressant pour la suite de nos vies », souligne-t-elle.
La jeune femme voyagera ensuite pendant six mois en Amérique centrale, du Guatemala au Costa Rica en passant par le Mexique et la Guadeloupe « Quand on va dans ce genre de pays, on se prend une grosse claque au niveau de la culture, de la vie dans laquelle les gens sont, comparés à nous », glisse-t-elle, avant d’ajouter : « Ce sont des expériences très riches. J’en garde de très bons souvenirs et ce sont des périodes auxquelles je pense souvent ».
« Ces voyages font aussi la personne que je suis aujourd’hui », fait remarquer Margot Roblin. C’est également pendant cette période qu’elle réfléchit à la suite de sa vie professionnelle et notamment au projet de se lancer dans l’entrepreneuriat en tant que créatrice de bijoux.
« Car c’est pour moi un métier passion et je ne voulais pas faire autre chose. »
« Je ne me voyais pas derrière un ordinateur toute ma vie ».
Revenue forcément changée d’un tel voyage, Margot Roblin aura du mal à s’en remettre. Se conformer à une routine, vivre dans une maison fixe et retrouver un cadre s’avéreront compliqués pour la globe trotteuse. À son retour dans l’Aube, créer son entreprise deviendra son moteur. « Je me suis dit que c’était le moment ou jamais, j’étais en pleine transition, il me fallait repartir de zéro sur le plan professionnel. C’était l’opportunité pour moi de créer la marque », argumente Margot.
Création de Madame Audacieuse
Rentrée à Troyes courant 2021, elle lance en février 2022 la marque Madame Audacieuse, en référence à « l’audace qui l’accompagne au quotidien depuis quelques années pour accomplir tous ses projets ». C’est en effet après avoir osé quitter son poste à Paris pour partir à l’autre bout du monde qu’elle a tenu le pari de se lancer dans « cette folle aventure en créant son entreprise ».
« Je voulais que la marque ait un sens pour moi et qu’elle exprime ce pour quoi j’en suis là aujourd’hui », confie-t-elle encore. Dans son atelier artisanal, elle conçoit désormais des bijoux qu’elle fabrique entièrement à la main. Elle a choisi de travailler de l’argent et des pierres semi-précieuses, plus accessibles pour la clientèle. Son style, assez classique et raffiné, s’est même peaufiné avec le temps. « Après un an et demi sans pratiquer, je voulais me (re)faire la main. Il fallait se remettre dans le bain. Le temps va me permettre potentiellement de développer une gamme en or, plus tard », projette-elle.
Ses créations – boucles d’oreilles, colliers, bagues et bracelets – sont en vente dans trois boutiques auboises : à la bijouterie Masson, à Troyes, au salon de coiffure troyen Chez Charly, et à la boutique Tendance divine, de Bar-sur-Seine. Elle est notamment très active sur les réseaux sociaux Instagram et Facebook, grâce auxquels elle réalise des ventes en direct. Son site marchand lui sert quant à lui essentiellement de site vitrine. Quoi qu’il en soit, Margot mise sur le bouche-à-oreille pour faire connaître son travail. Un an et demi après le début de son activité, la jeune entrepreneure s’est d’ailleurs vu remettre le Trophée de l’artisanat, lors de la 3e édition de la Nuit des réussites, organisée par la télévision locale Canal32. Un bel encouragement pour la suite de cette aventure… audacieuse.