Âgé de 61 ans, père de deux enfants, Marc Guéniot est une figure emblématique du monde de l’enseignement professionnel dans les Ardennes où ce Haut-Marnais d’origine – « je suis né sur le plateau de Langres où mon père dirigeait une imprimerie d’une trentaine de personnes » – est arrivé en 1993 comme professeur certifié technique culinaire au lycée polyvalent de Bazeilles.
Quinze ans en cuisine
Car ce fin gastronome a commencé dans la vie professionnelle comme cuisinier. « Après avoir obtenu en 1980 mon BEP-CAP de cuisinier à Langres, j’ai exercé à partir de 1978, et dès l’âge de 17 ans, dans de nombreux restaurants. D’abord à Paris au “Petit Ritz”, “Le Mercure galant”, un étoilé Michelin, et à “L’Ambroisie”, tenu sur la place des Vosges par le grand chef Bernard Pacaud qui m’a appris à travailler avec de très beaux produits en magnifiant les plats. Et par la suite, au château du Haut-Koenigsbourg en Alsace ou encore à “L’auberge des trois Jumeaux” à Langres et “L’auberge du Cheval blanc” à Sept-Saulx. Cette expérience de chef de cuisine durera quinze ans pendant lesquels Marc Guéniot apprendra “l’exigence – car dans ce métier, il ne faut pas se louper – et le plaisir – celui de collaborer avec des apprentis au sein des différentes brigades et celui de satisfaire la clientèle”. »
Bifurcation dans l’éducation nationale
C’est aussi à cette période que Marc, 32 ans à l’époque, va être séduit par l’idée de transmettre son savoir-faire. « Lorsqu’on m’a proposé une place de maître-auxiliaire dans un lycée professionnel d’Auxerre, j’ai accepté de découvrir ce nouvel univers ».
Après deux ans dans l’Yonne, une année au lycée polyvalent Étienne Oehmichen à Châlons-en-Champagne et une autre à Saint-Quentin-en-Yvelines, celui qui, en parallèle, avait obtenu dans le cadre d’une formation continue son concours de professeur de technique culinaire (un diplôme de gestionnaire d’hôtels-restaurants et sa certification de professeur de techniques culinaires), débarque en 1994 au lycée hôtelier de Bazeilles.
« Avant de prendre ce poste, j’avais bénéficié d’un cours d’histoire de mon grand-père qui m’a évoqué les combats de 1870 et la Maison de la Dernière Cartouche. À Bazeilles, mon intégration s’est tellement bien passée que j’y suis resté professeur en cuisine pendant huit ans. » Entre-temps, Marc Guéniot est aussi nommé inspecteur en hôtellerie-restauration-alimentation pour l’Académie de Reims. « J’encadrais des enseignants ayant opté pour cette matière en leur donnant des techniques d’enseignement. »
Chef d’établissement
Ayant passé avec succès, en 2004, le concours de personnel de direction, il occupe par affectations ministérielles de nouvelles fonctions en devenant principal adjoint au collège multi-sites de Mouzon-Raucourt et principal du collège Charles-Bruneau à Vireux-Wallerand (2006-2010) et du collège Georges Sand à Revin (2010-2013).
« Mon objectif est d’accompagner les uns et les autres vers la réussite. »
Et enfin, chef d’établissement de deux établissements importants : les lycées François Bazin à Charleville-Mézières et Jean-Baptiste-Clément à Sedan et Vivier-au-Court, de 2013 à 2021. « Par le jeu des mutations, j’ai suivi un parcours atypique en gravissant les échelons pour finir à la tête de deux établissements de 180 et 160 collaborateurs qui ont une importance prépondérante dans l’écosystème ardennais. J’y ai encadré au mieux les différents acteurs de ces univers (enseignants, personnels de services, de vie scolaire et les employés administratifs) tout en assurant la réussite de l’apprentissage des élèves. Dans ce type de structures, complexes, car elles proposent un large éventail de formations, il faut parvenir à emmener tout le monde derrière soi. Et être aussi force de propositions dans le développement de nouvelles formations qu’il faut rendre attractives pour compter un nombre suffisant d’élèves. Enfin, il est nécessaire de cibler des axes d’améliorations et de créer des réseaux de partenaires professionnels chez lesquels nos apprentis pourront suivre des stages. C’est notre rôle quotidien. »
Le proviseur garde deux souvenirs marquants liés au lycée Bazin : « L’installation de deux aérogénérateurs au-dessus de mâts servant d’outils de formation pour la filière maintenance éolienne et la reconstruction, dans le cadre d’un projet pédagogique, d’un char FT 17 qui, à la sortie des ateliers, avait été installé sur la place Ducale à l’occasion de la visite d’Emmanuel Macron et de la tenue d’un conseil des ministres délocalisé à Charleville-Mézières ».
Travailleur acharné, Marc Guéniot assume aussi la présidence du GRETA-CFA des Ardennes, un groupement d’établissements doté d’un budget de 4,5 millions d’euros, comprenant une cinquantaine d’employés et 200 vacataires et qui assure la formation continue de 2 500 salariés et demandeurs d’emploi. Et aussi la direction du Campus des Métiers et des Qualifications Procédés et Matériaux innovants qui a obtenu un label d’excellence et le pilotage, à la demande du recteur du Comité local Éducation Économie de Sedan.
Maire délégué de Bazeilles
Ajoutez à cela des fonctions municipales puisque Marc Guéniot, qui habite Bazeilles depuis 1993, y est élu depuis 2001. « J’ai débuté avec Pierre Sulfourt, mon mentor, avant de devenir adjoint et depuis 2020, maire-délégué de Bazeilles auprès du premier magistrat, Francis Bonne, car suite au mariage avec les villages de Villers-Cernay, Rubécourt et La Moncelle, nous sommes devenus une commune nouvelle de 2 700 habitants. »
Et Marc Guéniot a un portefeuille conséquent puisqu’il est adjoint aux finances, aux affaires sociales et aux affaires scolaires et périscolaires. « Actuellement, je porte un projet qui me tient à cœur : la construction d’une maison de santé qui comprendra quatre médecins généralistes, une orthophoniste, une neuropsychologue et des infirmières. Le chantier est en cours et la livraison de cet équipement est prévue fin juin 2025. »
Et quand il dispose de temps libre, l’homme à la carrure imposante s’adonne à la collection de timbres et supporte le CSSA dont il fut membre du comité directeur de l’association amateur durant deux ans, aux côtés de Daniel Guérin, l’actuel président du club de football sedanais.