Ludivine Sifi est trois fois championne du monde de boxe pieds-poings, championne d’Europe et multiple championne de France. Mais avant de devenir boxeuse professionnelle, l’Auboise a pratiqué de nombreux sports. « Lorsque j’étais enfant, j’avais beaucoup d’énergie. Une énergie difficile à canaliser. J’ai été gymnaste jusqu’à mes 18 ans, même si j’aurais bien aimé faire du karaté ou du judo », se souvient l’athlète de haut niveau. La réticence de ses parents à envisager pour leur fille la pratique d’un sport de combat amènera Ludivine à « s’inventer des adversaires » ou à défier ses cousins lors des réunions de famille. Lorsqu’elle arrête la gym, c’est pour se lancer en tant que danseuse de modern jazz et pratiquer la natation.
Si elle souhaite alors devenir éducatrice sportive, elle se dirige en 2007, à l’âge de 22 ans, dans des études, pour devenir éducatrice spécialisée à Neuilly-sur-Marne. Jusqu’en 2014, elle se consacrera à ce métier en travaillant dans des établissements médico-sociaux, à l’institut médico-éducatif Gai Soleil, à Troyes, au Village d’enfants de Bréviandes, dans l’agglomération troyenne, ou encore au Centre communal d’action sociale (CCAS) de Romilly-sur-Seine. « Depuis l’âge de seize ans, je travaillais déjà régulièrement dans le milieu de l’animation », fait-elle valoir.
Découverte de la boxe
Ce n’est qu’après avoir obtenu son DESS d’éducatrice spécialisée, à son retour à Troyes, que Ludivine Sifi découvre la boxe. « Un jour, avec une amie, on a ouvert les portes d’une salle de boxe », se souvient-elle. Ravie de découvrir un sport lui permettant de se défouler comme jamais, elle se met à la boxe anglaise puis au kick boxing, avant de pratiquer à nouveau la boxe anglaise. « J’ai ensuite pratiqué la boxe thaïlandaise ou muay-thaï », précise la championne. Sa « facilité à monter dans ce sport » lui permet de devenir rapidement championne de France de kick-boxing, d’abord en amateur puis en élite. « Cela m’a ouvert les portes de l’équipe de France et je suis passée pro dans l’année », relate la sportive troyenne.
Trois fois championne du monde
Son premier championnat d’Europe professionnel lui ouvre alors les portes du championnat du monde pro en kick boxing (ISKA) en Angleterre. « Je suis revenue avec la ceinture », souligne Ludivine, qui, par la suite, remportera à nouveau le titre à trois reprises. C’est lors du championnat du monde de Turquie, en 2013, qu’elle rencontre le champion de boxe Marouane Sifi, qui deviendra son mari. « Il représentait la Tunisie. Cela a été un coup de foudre. Une passion commune pour la boxe nous a réunis. Nous avons rapidement eu plein de projets en commun », confie la dynamique Auboise, qui passera son Dejeps perfectionnement sportif mention kick-boxing. Ensemble, ils créent une association sportive à Saint-Léger-près-Troyes. Puis, au fil des rencontres, ils parviendront à financer leur propre structure, tout en conservant leur association. La SAS Sifight Fitness ouvrira ses portes en septembre 2019, à Barberey-Saint-Sulpice, dans l’Aube.
Création de la salle de sports Sifight Fitness
« On s’adresse à un public d’adultes, pour faire découvrir le fitness, pour l’entretien physique et moral. On propose également de la boxe pieds-poings, le kick-boxing (version K1), le muay-thaï et le MMA », explique la jeune entrepreneure. C’est justement le MMA, signifiant Arts Martiaux Mixtes - un sport de combat légalisé en France en 2020, combinant notamment coups de pied et de poing, techniques d’opposition-lutte et combat au sol - qui incitent de plus en plus de gens à pousser les portes du Sifight Fitness. Même si, au final, ils se mettent plutôt à la boxe.
« Le gala de Sifi-Fight sert aussi à mettre en avant les jeunes. Une exhibition devant un public de 2 000 personnes, cela leur donne confiance en eux. »
Au programme du club de sports Sifight, le coaching particulier, le cross training, la boxe fitness, le renforcement musculaire, les sports de combat ou encore la musculation et le cardio notamment attirent d’ores et déjà près de 350 adhérents. Les plus jeunes ne sont pas en reste puisque le planning du club leur prévoit des séances les samedis matins, sous forme de cours collectifs alliant différents sports de combat sans contacts directs entre les enfants. Dès 2018, Ludivine et Marouane organisent en France et en Tunisie le Sifi-Fight, un événement regroupant des stages sportifs et des galas de boxe, dont le projet est né en Tunisie en 2014. En 2021, ils sont les premiers à organiser le championnat d’Afrique professionnel, en France.
« Et c’est en 2022, qu’on a investi le Cube pour la première fois pour le Fight Night One, avec Nabil Mazari, le président de la ligue de Kick-boxing de Rhône-Alpes », glisse la passionnée, avant d’ajouter : « Lors de l’édition du 14 octobre dernier, Marouane a remporté la ceinture mondiale. Et ce, après deux titres africains et un autre mondial. » Pour la prochaine édition du Sifi-Fight, qui se déroulera le 12 octobre 2024, au Cube, ils sont actuellement à la recherche de mécènes.
Toujours avancer, sur le ring, comme dans la vie
Chez les Sifi, les cartons regorgent de projets pour 2024. En plus de continuer à boxer pour des titres, outre le coaching personnalisé, ils ont programmé des actions pour rendre la discipline accessible au plus grand nombre. Telle l’organisation, le 13 janvier, d’un stage de kick-boxing avec Aurélien Duart, 7 fois champion du monde. « Le gala de Sifi Fight sert aussi à mettre en avant les jeunes. Une exhibition devant un public de 2 000 personnes, cela leur donne confiance en eux », fait valoir la chef d’entreprise. « Nous visons également à toucher de plus en plus les femmes. Pour la Journée internationale contre les violences faites aux femmes, nous organisons une journée portes ouvertes Self-défense. Nous organiserons aussi une journée pour le 8 mars. »