Pour surannée qu’elle soit la comparaison n’en reste pas moins explicite : Louis Moquet et l’agriculture c’est comme Obélix et la potion magique, il est tombé dedans quand il était petit. Il est vrai qu’avec des arrière-grands-parents, des grands-parents, des parents, des oncles, des cousins, un frère, une soeur, tous agriculteurs, le petit Louis ne pouvait guère échapper à l’appel de la terre. Il s’en défend d’autant moins que dès sa tendre adolescence il participait aux travaux agricoles sur la ferme familiale, à Longpont (Aisne), ou encore à ceux de la cueillette et du magasin de vente d’un de ses cousins - ce qui n’est pas sans lien avec l’idée d’ouvrir un magasin fermier.
Au sortir du lycée, Bac scientifique en poche, Louis Moquet s’oriente vers une école de commerce plutôt que des études d’ingénieur. « Je suis d’un caractère très sociable, j’ai beaucoup d’amis et n’aime pas être seul. Le contact avec les autres est moins facile sur un tracteur ! » En outre, il a déjà goûté à la pratique commerciale en vendant le saint-émilion que produit également son père du côté de Saint-Sulpice-de-Faleyrens, en Gironde. On le dit même vendeur né, capable de vous faire repartir avec quelque chose que vous ne veniez pas acheter. Alors, va pour le commerce. Il effectue pratiquement tous ses stages et ses premières armes professionnelles dans le secteur alimentaire, de la start-up à la grande distribution. Il y prend conscience que les produits vendus viennent de loin (le trajet moyen des fruits et légumes entre le producteur et l’assiette du consommateur est de… 2 000 km !) alors même que sa famille et ses amis ont des difficultés à écouler sur place leur production. Il y constate également une attente et une recherche de la clientèle pour des produits de proximité. D’où l’idée d’accompagner la tendance.
Une demande et peu d’offre à Reims
Lors de l’épidémie de la Covid, Louis Moquet, qui travaille alors chez Heineken, se retrouve au chômage partiel. Son frère lui demande alors un coup de main pour planter des pommes de terre. Retour à la terre. Entre agriculture et commerce, Louis Moquet ordonne ses idées jusqu’à ce concept on ne peut plus clair : remettre dans les assiettes des produits locaux, français, de saison. Pourquoi importer des courges ou des patates douces des Amériques alors qu’elles se cultivent dans nos champs ? S’il envisage, un temps, d’ouvrir un magasin fermier à Paris, Louis Moquet s’aperçoit qu’il existe à Reims une demande, et peu d’offre pour la satisfaire. Ce sera Reims, donc, au coeur du quartier Jean Jaurès, dynamique et commerçant, où tout le monde se connaît. Le P’tit Champ y ouvre ses portes le 5 novembre 2021. Le marketing et la communication sur les réseaux sociaux, sous l’égide d’Alice Richet, sa compagne (formatrice et consultante en stratégie digitale, empowerment, communication, entrepreneuriat féminin), porte bientôt ses fruits, relayé par l’indispensable bouche à oreille amenant Le P’tit Champ à recenser aujourd’hui plus de 3 000 clients sur son compte de fidélité.
Le produit local est la norme
Au P’tit Champ le produit local est la norme. Louis Moquet : « Je travaille en circuit court - réduction de l’impact écologique - et je suis le seul intermédiaire entre les producteurs et le client. Ce qui permet aux producteurs, que je connais tous, une juste rémunération, et à mes clients de savoir ce qu’ils mangent. » Ici, la distance entre le champ et la fourchette est d’environ 70 km pour l’essentiel des articles. Bien sûr, certains fruits viennent de Corse ou du Sud de la France, et les vins de bordeaux arrivent… de Bordeaux, parce qu’il est difficile de faire autrement ! Moyennant quoi, Le P’tit Champ propose 800 références locales et françaises, travaille avec plus de 80 producteurs et plus de 15 partenaires professionnels (CHR, entreprises, qu’il livre régulièrement), accueille jusqu’à 900 clients par semaine (6 jours sur 7).
« Je travaille en circuit court - réduction de l’impact écologique - et je suis le seul intermédiaire entre les producteurs et le client. Ce qui permet aux producteurs, que je connais tous, une juste rémunération, et à mes clients de savoir ce qu’ils mangent. »
Ce qui a valu à Louis Moquet le Trophée du commerce (catégorie Développement durable) de la CCI Marne Ardennes en avril dernier, ainsi que le 3e prix du jury et le Coup de coeur du public de « Ramène ton Pitch » lors de la Jelly Week 2025, en octobre.
Un anniversaire à fêter
Louis Moquet ne compte pas s’arrêter en si bon chemin et le chef d’entreprise en profite pour… entreprendre, en ouvrant bientôt un deuxième magasin à Reims, place du Forum, dans les locaux où se trouvait Au Temps des Cerises. « Si le concept reste identique, Le P’tit Champ Forum s’adressera à une clientèle de proximité, de coeur de ville, qui n’est pas tout à fait la même que celle d’un quartier comme Jean Jaurès. » Deux salariés y compléteront l’équipe actuelle des 5 salariés de Jean Jaurès.
Mais l’actualité de Louis Moquet reste, cette semaine, le 4e anniversaire du P’tit Champ Jean Jaurès, avec, du 4 au 8 novembre des animations, des dégustations de producteurs, et le samedi 8 une « Journée guinguette » avec des ateliers autour de la tomate, la diététique, la composition florale.
Dimanche, Louis Moquet ira courir, histoire de souffler un peu. Depuis quelque temps il s’est pris de passion pour les trails et ultra-trails, ces courses nature longue distance. Il a notamment participé au Sacré Trail 2024 de Reims, long de 97 km. Cette année, il a déjà enchainé trois 50 km et un 80 km. « J’aime bien faire un parallèle entre le trail et l’entreprise. Il y a des moments difficiles qu’il faut savoir surmonter. Il y a la joie d’aller au bout. Et de recommencer… »
Ce 9 novembre, Louis s’est inscrit au 33 km du Sparnatrail. Un circuit court de saison, en quelque sorte…