Laurent Poullain
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Laurent Poullain

Chef d’orchestre de la formation

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Accompagner les entreprise, développer la formation continue des artisans et des salariés constituent des priorités pour le nouveau directeur.

Nouveau directeur général d’Alméa Champagne Ardenne, Laurent Poullain quitte la métallurgie pour l’artisanat et l’industrie en général. Avec Alméa apprentissage, le CFA, l’école de la deuxième chance, le campus by Alméa, il se recentre sur la formation tous secteurs en préservant le travail en partenariat tant interne qu’externe. « Cela fait 24 ans que je suis formateur, je suis passé de formateur mathématique à directeur général du pôle formation UIMM avec une casquette branche patronale. Je suis un pur produit métallurgie. Je voulais changer pour me recentrer sur la formation et les jeunes ».

Marié et père de trois filles, Laurent Poullain est un aubois dont l’attachement au département commence par son prénom « mes parents habitaient à Nogent-sur-Seine, ils m’ont appelé Laurent en référence à la Tour Saint-Laurent ! » Fils d’un employé chez Soufflet qui a ensuite développé une exploitation viticole comme ouvrier puis récoltant manipulant, Laurent Poullain était destiné à devenir viticulteur. « Mais moi, je voulais être professeur de mathématiques ! Comme mon oncle, qui m’emmenait avec lui de temps en temps à des cours du soir et qui m’a transmis la passion des chiffres. J’ai échoué à l’examen du CAPES. Alors, j’ai fait des missions contractuelles dans des collèges. J’ai travaillé au Greta à Châlons-en-Champagne comme formateur en maths et fait des remplacements pendant trois ans ».

Sur les rails de la métallurgie

En septembre 2000, Laurent Poullain fait sa rentrée au CFA de l’industrie de l’Aube pour donner des cours de mathématiques et physique. « J’aime transmettre le savoir aux plus jeunes et j’apprécie aussi le côté pédagogique, les échanges. C’est un préambule à mon management d’après, un management collaboratif. Les projets me font avancer. Je n’aime pas la routine, cela m’ennuie. D’ailleurs, j’ai toujours eu l’opportunité, que ce soit au CFAI ou à l’UIMM, d’évoluer. »

J’aime transmettre le savoir aux plus jeunes et j’apprécie aussi le côté pédagogique, les échanges

Laurent Poullain devient ensuite coordinateur de la section d’apprentis Bac Pro études et dessin industriel. « Je faisais alors le lien avec les entreprises pour la partie bureau d’études, pour savoir de quoi je parlais j’ai même suivi une formation Solidworks ». Puis, pour répondre aux attentes des industriels de formations au niveau plus élevé, il crée la filière BTS de conception de produits industriels. Il met également en place du Bac Pro ROC réalisation d’ouvrages chaudronnerie. « Nous ne nous sommes pas trompés à l’époque, la demande était forte et elle l’est encore. Il y avait 7 jeunes dans la première promotion ». Quand le directeur du CFAI de l’Aube part en 2007, Laurent Poullain est nommé directeur par intérim pendant six mois, pour la partie pédagogique, une direction partagée avec une collègue pour l’administratif. « Cela m’a permis de me rapprocher de la branche, d’aller un peu plus à l’extérieur et de travailler le réseau. Et, ça m’a plu ! » Promu ensuite responsable pédagogique du CAFI et de l’AFPI de l’Aube, il marque un virage dans son parcours et arrête de donner des cours pour assurer la production de la formation. « Il faut que ça tourne ! » Il suit alors une formation management : « Je suis un pur produit UIMM ! »

En 2010, après le rapprochement des CFAIde l’Aube et de la Haute-Marne, ses responsabilités s’étendent. En 2013, la régionalisation des institutions opère, il devient directeur du site de Troyes du CFAI Champagne-Ardenne et de ses 150 apprentis. Pendant neuf ans avec son équipe, il encadre les travaux d’agrandissement. Russel Kelly, alors président, crée l’IOT Academy pour les objets connectés en maintenance et pour améliorer la production. Une branche inaugurée en novembre 2021. « Il y a une plateforme à disposition, où les entreprises peuvent tester pour les objets connectés sans avoir besoin d’investir. Il y a trois thématiques. Nous avons créé l’apprentissage, la formation continue pour les tuteurs et le conseil aux entreprises. Nous avons accompagné Garnica, Bonduelle, puis récemment Clarins ».

Adapter la formation aux besoins des territoires

Le 1er avril 2019, la délégation territoriale de l’UIMM de Troyes lui est confiée et en 2022, il prend la direction générale du pôle formation Champagne-Ardenne, est délégué général adjoint du pôle formation et délégué territorial. Quelques années plus tard, il change de cap, mais pas tout à fait quand même ! La formation reste son domaine de prédilection et avec Alméa qu’il vient de rejoindre, il élargit son champ d’action sur plusieurs filières. « Ici, je retrouve l’industrie et les métiers traditionnels, boucher, charcutier, coiffure…, et cette envie d’Alméa d’aller sur des formations innovantes, formations à distance, que j’avais aussi au pôle formation de l’UIMM pour accompagner au mieux les entreprises. En coiffure, il y a une salle immersive pour faire des ateliers à distance. Tout ce côté réalité virtuelle, Alméa l’a aussi ».

Accompagner les entreprises, mais également les jeunes. Les six Campus by Alméa, tiers lieux connectés d’enseignement à distance, s’adressent aux jeunes qui n’ont pas obtenu leurs vœux dans Parcours Sup ou qui ne peuvent pas financer un appartement pour leurs études. « Ils s’inscrivent auprès d’un organisme de cours à distance ou en formation et Alméa les accueille dans un lieu physique avec des bureaux, un PC, une connexion wifi et un coach multicompétence sur place pour les guider sur la méthodologie. L’accueil et l’accompagnement sont gratuits. Ils sont assidus, quand j’ai visité, c’était complet. »

Les jeunes, il faut les faire venir. Il y a quelques métiers en tension, nous voulons répondre aux besoins du territoire, c’est la demande qui guide la formation. Quand il peut, Laurent Poullain court avec sa fille dans la campagne auboise. Des moments pendant lesquels il prend du recul sur ses missions. « En ce moment, je fais l’état des lieux et vais présenter les orientations à ma gouvernance. Nous allons tout mettre en musique sur la formation, les appels à projets pour former les demandeurs d’emploi, travailler avec les OPCO. Les projets vont arriver vite et je suis comme un chef d’orchestre avec mes équipes, ça me plait ! »

Accompagner les entreprises, développer la formation continue des artisans et des salariés constituent des priorités pour le nouveau directeur. « La part de formation continue doit augmenter auprès des artisans, nous devons développer la formation supérieure et trouver de nouveaux outils pour mieux accompagner les formateurs ». Alméa dont le siège social est à Chalons-en-Champagne compte 360 salariés et 5 000 apprenants sur la Région avec des secteurs prisés comme la maintenance automobile. L’organisme dépend de la Chambre de commerce et d’industrie Marne Ardennes et de la Chambre de métiers. Laurent Poullain navigue désormais sur les 15 établissements dont les principaux sites sont à Chalons, Pont-Sainte-Marie, Troyes, Chaumont, Saint-Dizier, Reims et Charleville-Mézières. « Je suis en phase de découverte. Je rencontre les collaborateurs, visite les ateliers et vais organiser des réunions collectives avec toutes les équipes pour me présenter. Je veux améliorer le quotidien des formateurs avec de nouveaux outils, mais surtout pas les remplacer ! »