José Beltramelli
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José Beltramelli

Le circuit familial de la réussite.

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Photo de José Beltramelli
José Beltramelli, carrossier de père en fils depuis trois générations. (Crédit : JB)

La carrosserie de José Beltramelli tient la route et prend même de la vitesse. Créée « dans une cabane en bois » il y a 63 ans par son père, Georges, autodidacte et fils d’une famille de bucheron, l’entreprise Beltramelli se déploie aujourd’hui sur 10 000 m² avec six entités à Pont-Sainte-Marie, Troyes et Sainte-Savine. « Mon père est parti de rien en 1961. Aujourd’hui, il a 87 ans, il a une forme olympique et me donne toujours des coups de main à la carrosserie ».

José Beltramelli, président du Groupe JB, baigne dans les voitures depuis son plus jeune âge. Sa route est donc tracée. Il rejoint l’entreprise en 1980 et après des études au Garac, l’école nationale des professions automobiles d’Argenteuil, il en prend le volant à 27 ans. La carrosserie compte alors 10 personnes. « Je voulais qu’on identifie l’entreprise », explique José qui crée alors l’identité de la carrosserie. « J’ai refait les façades, mis en place des visuels, crée le logo. J’ai la fibre de ça ».

Vite à l’étroit dans les locaux, José Beltramelli investit et rachète des terrains pour déplacer l’activité. Il ouvre de nouvelles structures : Beltramelli 3 en 2000, la société de dépannage 2ADE sept ans plus tard, Pilote réparation à Pont-Sainte-Marie en 2010, l’entité de Sainte-Savine et Pilote Historic Racing dédié aux voitures d’exception en 2019 et enfin, la réparation des poids lourds cette année.

« Nous avons fait évoluer notre logo en enlevant la référence aux voitures de luxe et pour rendre la marque accessible à tous. Nous travaillons aussi bien sur une 2CV que sur une Ferrari et nous travaillons de la même façon ». Beltramelli se partage ainsi entre la carrosserie traditionnelle sur les trois sites Pilote Réparation, la voiture d’exception avec Pilote Historic Racing, le dépannage et également la réparation poids lourds depuis 2024. « Nous allons déplacer l’activité de dépannage sur le site qui gérait les poids lourds et l’agrandir et reconstruire un nouveau bâtiment de 1500 m² pour les poids lourds ». En tout, le Groupe compte 10 000 m² de bâtiment pour un chiffre d’affaires de 8 millions d’euros.

L’entreprise emploie 60 salariés dont une douzaine d’apprentis. « Nous avons un manque de formation en carrosserie. Avant qu’un employé soit autonome et rentable, il faut 5 à 7 ans de pratique pour la carrosserie traditionnelle et il doit avoir envie. » La carrosserie suit le marché de l’automobile et la conjoncture. Si les incertitudes conjoncturelles freinent le marché du neuf, l’entretien de la voiture marque le pas pour préserver son véhicule au maximum. « Il faut être vigilant, il faut rester dans des critères mais tout coûte cher. Si nous voulons des gens qui travaillent bien, il faut les payer. Les compagnies d’assurance sont certes des apporteurs d’affaires mais si on ne gagne plus notre vie avec des prix tirés, cela devient compliqué. Je n’ai jamais vu de compagnie d’assurance déposer le bilan, par contre, des garages, j’en vois beaucoup ! Il faudrait que les consommateurs aient le libre-choix du réparateur. »

Au nom du père

« Entre père et fils, c’est toujours un peu celui qui va le plus réussir. Mon père a démarré de zéro, j’ai eu la chance d’avoir une entreprise saine qui avançait. Quand j’ai repris, je disais : plus j’avance, plus j’aurai de monde qui travaillera pour moi, plus je serai serein. Mais quand tu es dans une vague, tu es obligé de la prendre et tu ne t’arrêtes plus. Aujourd’hui, à 62 ans, j’ai encore des milliers de projets ».

Secondé par ses enfants Brady et Viny, par Véro, son épouse chargée des relations avec les fournisseurs, par sa belle-fille Tamana qui s’occupe de la communication, Beltramelli est avant tout une histoire de famille. « Il y a un moment où je serais bien obligé de décrocher et de laisser un peu les jeunes se débrouiller. Pour pouvoir faire ses rêves, il faut avoir des ambitions et pour ma part, c’est aussi de profiter de la vie. Je n’en ai pas profité aussi vite que mes enfants, puisqu’ils sont arrivés dans une entreprise saine et qu’ils peuvent se payer du bon temps plus vite. Mais, il faut travailler aussi. Je veux être avec mes enfants, dans cette même passion qu’on aime que sont l’automobile et la compétition. Avec ses challenges, aussi bien dans le travail que dans la vie ».

« J’aime les challenges et la communication déjantée ! »

Les challenges, José en redemande. Avec la première édition du Pilote Passion Festival en mai 2024. « Ce devait être au départ juste une opération pour nos clients. Nous les invitions et leur faisions faire un tour de voiture d’exception et partagions un repas ! Cela va devenir le rendez-vous du 1er mai ». De 400 voitures prévues, ce sont 1000 qui sont exposées et le Groupe rencontre un énorme succès avec des milliers de visiteurs. « J’aime bien les challenges et la communication déjantée ! Nous travaillons sur la réalisation de tenues en aluminium pour un défilé de créateurs en novembre. Il faut se faire plaisir. C’est important le bien-être au travail. »

L’ADN du pilotage

À 62 ans, José est en retraite, mais au bout de six mois, il est revenu dans l’entreprise. Comme lui au même âge, son fils Brady a repris la direction de la carrosserie après une licence de management. « Brady dirige et gère l’entreprise. Viny, son frère de 25 ans a fait le même cursus. Mais il se dirige davantage vers les cours de pilotage. Il est champion de France Tourisme et troisième en catégorie GT4. » Georges Beltramelli, le grand-père, courait aussi sur les circuits, notamment en championnat de France Tourisme. José Beltramelli lui démarre la compétition plus tardivement en voiture historique avec deux amis en 2005, « avant, je n’ai fait que travailler. Ma plus belle récompense est d’avoir pu donner l’opportunité à mes enfants de pouvoir courir et Viny est en passe de devenir professionnel. Fin novembre, nous partons en Arabie saoudite pour la finale des championnats d’Europe de GT. Viny court en Porsche. Nous sommes plongés en permanence dans les voitures ».

Au grand dam de son épouse qui déteste la vitesse et tremble à chaque course. Dans la salle de Pilote Historic, les trophées sont partout, les photos de podium accrochées au mur. Même les sièges de la table de réunion sont des sièges baquets de voiture. « Ma récompense est de voir mes fils maintenant. Mon père nous suit aussi, il est venu nous voir en Italie. C’est notre histoire de famille avec ce lien avec la compétition. J’aimerai tant qu’un de mes fils fasse les 24 h du Mans et que mon bébé Lyor, mon petit-fils, devienne pilote ! »