

Jean-Michel Catteau vient d’être élu à la présidence d’Initiative Ardennes qui, depuis 1987, aide et accompagne les créateurs et repreneurs d’entreprises en leur accordant des prêts d’honneur.
Bien connu depuis longtemps dans le milieu économique ardennais, Jean-Michel Catteau a toutefois entamé sa vie professionnelle comme agent administratif, à Metz, au sein d’une entreprise de refendage où il contrôlait les stocks. C’est en 1981 qu’il arrive dans les Ardennes pour y rejoindre son épouse, Marie-Jeanne, enseignante. Après avoir envisagé de travailler dans les eaux et forêts, ce fils d’un chef-comptable dans des usines métallurgiques s’est finalement orienté dans la gestion des entreprises. Il débute une formation à Nancy dans la filière expertise-comptable pour obtenir, après cinq ans d’études, un diplôme d’études supérieures comptables et financières.
« Un cursus que j’ai finalisé après avoir travaillé en cours du soir parallèlement à mon premier emploi dans les Ardennes ».
Début chez Périn Frères
C’est en effet au sein du groupe Périn Frères (vente de combustibles et de produits d’entretien, chauffage des collectivités) qu’il entame, dès 1982, son cycle ardennais comme assistant cadre. « À mon arrivée à Charleville-Mézières, j’avais envoyé des CV un peu partout et j’ai eu assez rapidement un entretien avec Jean-Michel Périn, le secrétaire général de la société. Après avoir été adjoint à la direction générale, je suis passé chef du service financier de 1987 à 1990 en assurant la gestion de l’ensemble de la trésorerie de la plus ancienne entreprise familiale ardennaise. Elle comptait 1 000 salariés sur l’ensemble de la France dont près de 200 personnes dans les Ardennes et réalisait alors un milliard de francs de chiffre d’affaires ».
Ayant envie de progresser en fréquentant d’autres horizons, Jean-Michel Catteau intègre alors la holding Nomaval, experte en chaudronnerie et constructions soudées. Créée par Jean-Pierre Dorguin, elle venait d’absorber la société des frères Louis (Donchery) et Sum Tech (Charleville-Mézières). « L’industriel nordiste voulait structurer son groupe. Il m’a recruté comme directeur financier d’un ensemble industriel qui allait encore s’étoffer après différentes acquisitions, dont une PME spécialisée dans les engins de levage et manutention à Valenciennes, Arden Equipment à Charleville-Mézières, une chaudronnerie parisienne, une firme hollandaise baptisée « Ardennes BV » et enfin une société allemande. Ce qui m’a donné de l’expérience à l’international tout en m’obligeant à de me familiariser à la comptabilité anglo-saxonne ».
« J’ai recommencé à vivre en présidant la fonderie d’aluminium sous pression Hamel à Haybes. »
En tant que directeur administratif et financier, il a pour mission d’harmoniser au maximum la façon de travailler de toutes ces structures qui regroupaient 400 salariés et réalisaient un chiffre d’affaires de plus de 50 millions d’euros. « Il fallait bien organiser son planning mais cela restait physiquement usant ».
Concessionnaire automobile
En 1999, Jean-Michel Catteau devient directeur général de la concession automobile Volkswagen Audi, qui se trouvait alors à Warcq. « Parce qu’elle ne répondait plus aux normes du constructeur allemand, nous avons transféré en 2001 cette concession sur la zone Commerciale de la Croisette en construisant un nouveau bâtiment sur place ».
À travers la société AAA (Auto Avenir Ardennes), il découvre alors le monde du commerce. « Un milieu extrêmement dur avec des marges extrêmement serrées où tout est géré au centime près, ce qui oblige à une vigilance sur l’ensemble du mode de fonctionnement d’autant que les exigences imposées par le constructeur, désireux de vendre les stocks, étaient particulièrement contraignantes ».
Une mission que Jean-Michel Catteau, à la tête alors de 45 personnes, assumera durant deux ans en vendant 900 véhicules par an sur l’ensemble du département. Dans la foulée, il replonge dans l’industrie en rejoignant la société de forge-estampage Raguet à Bogny-sur-Meuse pour seconder Philippe Castel à la tête de cette société historique.
« À l’époque, nous avions racheté la partie forge de la Sefac qui avait été liquidée et repris une centaine de ses salariés. Il a fallu alors réunir deux sociétés aux cultures totalement différentes sur le site de Monthermé. Mais à cause de la hausse de différentes matières, de la crise des subprimes en 2008 et du retrait de Renault Trucks qui assurait une grosse part de notre carnet de commandes, on a connu un dépôt de bilan. Je me rappelle même avoir été séquestré vingt-quatre heures, en juin 2009, par des membres du personnel en plein désarroi. Au terme de ce conflit, Raguet a été liquidé et repris par le groupe Forgex. Cela s’est avéré une bonne solution puisque 120 personnes ont pu continuer à travailler ». Après avoir effectué des audits d’entreprises pour les racheter, pris part à la création ou à la fusion d’entreprises, Jean-Michel Catteau venait de connaître la fin de vie d’une PME, la mise en place d’un plan social et son propre licenciement. « Un moment amer et difficile ».
Président de la fonderie Hamel
À partir de 2010, en se mettant à son compte, il achève son parcours professionnel de façon plus positive après avoir racheté la fonderie d’aluminium sous pression Hamel à Haybes. « J’ai recommencé à vivre en présidant cette PME, en allant faire le tour des clients pour aller chercher des commandes, en investissant et en partageant avec un personnel travailleur. Cela m’a redonné de la flexibilité. J’y ai vécu la plus belle partie de ma carrière en utilisant tous les acquis de mes expérience précédentes. »
Cette société, qui employait douze salariés et réalisait deux millions d’euros de chiffres d’affaires, s’est taillée une flatteuse réputation en étant le premier fabricant français plaques funéraires grâce au réseau des pompes funèbres en France et aux constructeurs de plaques. Elle produisait aussi des pièces d’éclairage, de mobilier urbain et de supports de clôture. Jean-Michel Catteau la revend en 2020 au groupe Amiquar et à sa fonderie d’aluminium implantée à Hirson. Infatigable bosseur, ce père de trois enfants a aussi assuré différents mandats : administrateur à l’UIMM et l’URSSAF, mandataire au MEDEF et élu à la CCI des Ardennes dont il fut vice-président de 2016 à 2021. Il est encore président du pôle formation de l’UIMM et à la tête de la société de conseil et assistance en gestion « Arden Invest ».
« Mon arrivée à cette responsabilité me permet de garder un pied dans le monde industriel. Je sais qu’il y a du travail à accomplir. Ce qui m’intéresse dans le mandat qui commence c’est son côté économique, les liens humains qu’il permet de nouer lors de rencontres avec des métiers divers et variés, du futur chef ou repreneur de petites entreprises en passant par les commerçants, coiffeurs ou même tatoueur. Je pourrai leur apporter un avis éclairé tout en m’appuyant sur le réseau Initiative France. Et puis voir des gens qui croient en l’avenir, c’est réconfortant. Je me rappelle d’ailleurs avoir bénéficié d’une avance remboursable de ce dispositif lorsque j’ai repris la fonderie Hamel. Enfin, j’aurai la possibilité de chercher d’autres partenaires et visiter les comités locaux de Rethel et de la Pointe des Ardennes pour connaître leurs besoins. C’est la phase opérationnelle d’une mission que j’ai l’avantage de connaître puisque je présidais déjà depuis deux ans le comité local des Ardennes (Charleville-Mézières et son agglomération). J’aurai aussi à coeur de donner plus de visibilité à l’association ».