Cet ancien élève en mécanique productique au lycée Bazin est passé par Valenciennes pour suivre les classes préparatoires Math Sup/Spé aux grandes écoles. Devenu en 2001, ingénieur Arts et Métiers à Châlons-en-Champagne, il a désormais la responsabilité de deux entreprises supplémentaires au sein du groupe East Jordan (EJ) : celles de Birr en Irlande (60 salariés) et UK à Nuneaton, au nord de Londres en Grande-Bretagne (95 employés). Soit un ensemble de 330 personnes.
« Par cette double nomination, les dirigeants d’EJ me témoignent une belle marque de confiance. C’est une récompense du travail fourni pour ce groupe en l’espace de quinze ans. » Déjà directeur général de la PME de la Vallée de la Meuse, EJ Ardennes (80 salariés ), et depuis 2019 de l’usine allemande Boppard (95 salariés), l’Ardennais Grégory Chrisment, 44 ans, a été propulsé en février, directeur des quatre sites de fabrication EMEA (Europe, Midle East, Africa) du puissant groupe US East Jordan.
Gravir les échelons
« Tout en restant basé dans les Ardennes, j’interviendrai sur les trois autres sites afin que chaque unité travaille dans le même sens et que les unes et les autres, profitent de leurs bonnes idées respectives pour montrer encore en puissance. L’idée étant de définir un plan d’actions commun avec l’aide des directeurs de site respectifs », résume le natif de Revin pour expliquer un rôle grandissant qui nécessitera plus de déplacements, de visio-conférences et d’échanges. Embauché en 2007 comme directeur de production de FMC, racheté par East Jordan en 2004, avant de devenir directeur du site en 2014 puis directeur général de la PME bognysienne en 2017, Grégory Chrisment a connu toutes les grandes étapes de cette entreprise spécialisée à l’origine dans la fabrication des plaques de couverture de voirie en acier galvanisé destinées aux réseaux enterrés. Depuis sa prise de fonction sur la zone d’activités de Braux, il a pris part à la construction d’une toute nouvelle usine baptisée Norsteel puis EJ Ardennes.
« Notre nouvelle gamme de pièces nous a permis de nous différencier de la concurrence et de travailler beaucoup plus à l’export »
4,2 millions d’euros avaient alors été investis pour réaliser 5 000 m2 d’ateliers et 900 m2 de bureaux et locaux techniques et sociaux. Un chantier qui permit la progression de l’effectif (49 à 85 salariés), l’essor du bureau d’études et la diversification de la PME. « Après avoir conçu beaucoup de produits standards, l’usine s’est spécialisée après la crise de 2008 dans les produits sur-mesure et à haute valeur ajoutée. Cette nouvelle gamme de pièces nous a permis de nous différencier de la concurrence et de travailler beaucoup plus à l’export », se remémore Grégory Chrisment .
Et notamment en Angleterre où EJ Ardennes a décroché, en 2017, le colossal marché de 1 000 plaques d’accès sécurisées d’une durée de vie de 60 ans pour le tunnel de 25 km de long construit sous la Tamise, afin de rénover le système d’écoulement des eaux usées non traitées par la rivière londonienne. Ce chantier baptisé « Tide Way » représente un volume d’affaires de… 3,5 millions d’euros.
Viser l’export
Les premières livraisons de trappes made in Ardennes ont été faites en juillet 2021 et les dernières le seront en mars 2023. « On a démarré d’une feuille blanche en partant dans l’inconnu et, désormais, après avoir relevé ce challenge, on prévoit de déployer ce type de produits en France et en Italie. Ce qui va constituer à l’avenir des potentiels d’affaires pour l’entreprise ». EJ a, en effet, la volonté de développer de plus en plus de produits spéciaux en les exportant dans des pays où il possède des filiales commerciales. « Nous menons des études pour la protection d’équipements sensibles (banques, prisons et data center) en nouant des relations avec les organismes spécialisés afin d’obtenir les accréditations et labels nécessaires. On travaille aussi sur le marché de la fibre avec Orange pour procéder à l’équipement des communes ».
Avec le recul, Grégory Chrisment mesure la chance qu’il a eu d’exercer toute sa carrière dans les Ardennes au sein de deux groupes américains. En 2002, il avait effectivement débuté dans la vie active en étant embauché comme ingénieur de production/méthodes dans l’atelier de filtre à air de l’équipementier automobile Visteon à Charleville-Mézières. « Je voulais alors m’ancrer dans le milieu automobile pour découvrir plusieurs domaines d’activités et différentes méthodes d’organisation du travail. Durant cinq ans, à trois postes d’encadrement, j’ai beaucoup appris au contact de bureaux d’études étrangers et je me suis aussi familiarisé avec la partie organisationnelle et projets de développement tout en perfectionnant mon anglais ». Comme beaucoup d’anciens cadres locaux de Visteon, Grégory Chrisment s’est vite senti l’âme d’un dirigeant d’entreprise...