Issu des grandes écoles et ancien directeur général d’un groupe spécialisé dans les nouvelles technologies et la sécurité informatique, rien ne le prédestinait à l’artisanat. Pourtant, c’est le choix, radical et assumé, qu’il a fait en 2006. Georges Bell a ainsi quitté le rythme de la vie parisienne pour ses racines auboises. Et en même temps la vie de businessman globe-trotter pour celle de fervent défenseur de l’artisanat de proximité.
Georges Bell est né en Bulgarie, le pays de sa maman. Jusqu’à ses huit ans, il a grandi dans les pays du Maghreb, plus particulièrement en Algérie, et en Afrique noire. « Mes parents étaient coopérants, mon père - qui est anglais - dans l’agronomie. Il dirigeait les trois pays d’Afrique du Nord et une partie de la corne africaine. J’ai donc eu très tôt la chance de beaucoup voyager », explique-t-il d’emblée. Cet atout ainsi que ses origines familiales feront de lui un polyglotte. « J’ai la chance de parler cinq langues couramment », reconnaît-il.
Sportif de haut niveau
Pendant sa jeunesse, le fait d’être basketteur de haut niveau l’oblige à « avoir une certaine rigueur », tout en sachant qu’il ne se destine pas à une carrière internationale dans ce sport, ne mesurant pas deux mètres. Et s’il décide en 1989 d’entrer à la Fac de Sceaux, dans les Hauts-de-Seine, c’est tout simplement parce qu’il joue dans cette même ville. DEUG de droit en poche, il intègre par équivalence une grande école de commerce parisienne, par le hasard de rencontres. « Je me suis découvert une passion pour tout ce qui est commerce, marketing et communication », explique Georges Bell.
Avec un copain de promo, il décide de créer sa propre société de communication. « On a trouvé un client et c’est ainsi que l’on est entrés dans le domaine des nouvelles technologies. »
« On s’est spécialisés dans la sécurité de réseaux informatiques. »
« On était précurseurs en cybersécurité, un terme aujourd’hui à la mode mais qui ne l’était pas il y a 22 ans », fait-il valoir. Puis il gravira les échelons du groupe Synelec Telecom Multimedia pour en devenir le directeur général.
En 2005, suite au rachat du groupe, Georges Bell saisit l’opportunité de changer de vie. « Je prenais l’avion comme d’autres prennent le métro. Et j’ai ressenti ce qu’on pourrait appeler le blues de businessman, comme dans la chanson de Starmania. J’ai fait le tour du monde deux cents fois, mais j’ai vu beaucoup d’aéroports et de taxis et quelques chambres d’hôtel. Ayant été parent de trois enfants tôt, ce n’était pas simple d’être tout le temps absent », se souvient-il.
Arrivée dans l’Aube
Son épouse et lui feront le choix de venir s’installer dans l’Aube. « Ma grand-mère paternelle est auboise, mon père habitait le département, souligne-t-il. Je suis parti du postulat qu’il y avait des baby-boomers ayant un savoir-faire et des entreprises à reprendre, du fait que leurs enfants allaient, eux, faire le chemin inverse du mien, à savoir partir de la campagne pour aller à la ville ». C’est ainsi que les époux sont arrivés dans le département, sans savoir précisément ce qu’ils allaient faire. Avec cependant l’objectif initial de « trouver une société qui pourrait d’abord [les] employer tous les deux et ayant cette volonté de perdurer parce que leurs enfants n’allaient pas la reprendre ».
Avec l’aide de la Chambre de métiers, Georges Bell trouvera finalement deux sociétés, de plomberie et d’électricité, à racheter à Nogent-sur-Seine.
« Je suis donc entré dans le monde de l’artisanat dans lequel techniquement je n’y connaissais rien. »
« En venant, qui plus est, d’un autre secteur d’activité », fait-il remarquer. En 2006, il passe ainsi de directeur général d’une société cotée en bourse au second marché – et possédant cinq filiales dans le monde - à gérant d’une entreprise de proximité. L’entrepreneur aubois reprendra ensuite une autre société… « Aujourd’hui, on est en train d’en racheter une cinquième », se félicite-t-il.
Face à la réalité du terrain et pour se mettre vraiment dans la peau d’un artisan, Georges Bell décide de passer l’ensemble des diplômes et certifications que requièrent ses nouveaux métiers. S’il fait ce choix, c’est pour, bien sûr, être compétent vis à vis de ses collaborateurs, mais également « par respect et histoire de parler le même langage ». À tel point qu’il deviendra au fil du temps le référent technique de l’ensemble de ses sociétés.
Par l’intermédiaire de son prédécesseur, il entrera en contact avec les intervenants de la CAPEB, dont il prendra la vice-présidence auboise. Puis il en suivra le président de l’époque, lorsque celui-ci partira pour rejoindre la tête de la CMA de l’Aube, Chambre de Métiers et de l’Artisanat, pour deux mandats successifs. « C’est ainsi que j’ai fait deux mandats en tant que vice-président de la CMA de l’Aube, avant d’en devenir le président il y a un peu plus d’un an », explique Georgers Bell, qui a également la casquette de vice-président de la Chambre régionale de Métiers, avec la délégation de la formation.
Président d’Alméa Formations interpro
En accédant à la présidence de l’organisme de formation champardennais, l’artisan aubois venant d’un grand groupe revient in fine dans une véritable PME. Car Alméa, dont le chiffre d’affaires annuel atteint 28 millions d’euros, forme en effet quelque 5 000 apprenants, avec un effectif de près de 340 collaborateurs.
« Que ce soit comme chef d’entreprise ou en tant qu’élu, ce que j’aime, c’est transmettre un savoir-faire, insiste Georges Bell. Je crois en la formation par la voie de l’apprentissage. Et pourtant, j’ai un parcours issu de la méritocratie, de l’éducation nationale. Avec ce passé – et cet avenir – je pense être assez armé pour discuter avec l’Éducation Nationale sur leurs carences et sur le fait que, aujourd’hui, il va falloir rentrer dans ce domaine de l’apprentissage et de l’alternance pour créer parce que l’on a une problématique de savoir-faire, de transmission et de pénurie de main d’œuvre », prévient-il, avant d’ajouter : « Il faut redonner le goût au travail et à la passion pour que l’on puisse créer des vocations, quel que soit le secteur d’activité ».