À tout juste 40 ans, et après avoir travaillé pendant vingt ans dans la même entreprise, c’est « le besoin de s’épanouir selon [ses] convictions et [ses] valeurs » qui l’a décidée à se lancer à son compte.
Depuis le 9 octobre dernier, elle sillonne le département de l’Aube avec son camion, afin de faire découvrir au plus grand nombre des produits d’épicerie de qualité, locaux ou régionaux, vendus en vrac : « Mon objectif est de faire découvrir « le mieux manger » avec des produits sains et accessibles. Tout en recréant du lien au cœur des villages. »
Avec en poche un BAC S et une licence de psychologie, ressources humaines, Élodie Leduy-Mirale est entrée dans la vie active à l’âge de 20 ans. « J’ai intégré l’entreprise familiale en 2003, basée alors à Troyes puis à Reims, en 2007– un organisme de formation banque et assurance auprès des instituts financiers en formation continue -, après avoir passé un BTS en alternance d’assistante de direction », explique la dynamique Auboise.
Même si, au départ, elle n’y entre pas par réel choix – elle aurait aimé être assistante sociale, d’où ses études de psycho -, mais parce qu’un poste de secrétaire polyvalente est alors vacant, elle s’y plaira cependant. Et deviendra même responsable administrative et financière en 2012.
L’envie d’entreprendre
En mai 2023, elle a 40 ans. « J’avais envie d’autre chose, envie d’entreprendre. D’autre part, la découverte de l’intolérance au gluten de mon mari, à peu près dans les mêmes temps, nous a amenés à manger autrement. Au fur et à mesure, cela a cessé d’être une contrainte pour devenir un plaisir de manger sainement avec des produits simples », confie Élodie.
Le concept d’une épicerie itinérante, avec des produits vendus en vrac, c’est dans la Drôme, qu’elle le découvre. Une visite au marché, alors qu’elle est en vacances chez son père, sera le déclic. « J’avais envie de tout acheter, même le camion », s’enthousiasme-t-elle.
Et c’est bien parce que ce concept regroupe son envie d’entreprendre et sa façon de consommer au quotidien, qu’elle repart avec l’envie de le créer dans l’Aube. Sa passion pour la cuisine avec des produits simples fait également partie des ingrédients de sa motivation à se lancer dans la création de son entreprise.
Se faire plaisir avec des aliments sains
En plus de vouloir apporter un peu de nature et de naturel dans notre alimentation, Élodie a toujours aimé l’atmosphère des marchés. « Je me suis aperçue qu’il manquait ce concept dans l’Aube. On n’a pas l’habitude de se dire qu’on va aussi aller acheter nos pâtes au marché », en convient-elle.
Dans son camion, elle propose des produits secs essentiellement, du riz aux graines en passant par les légumineuses, les biscuits et les épices ou autres cookies, fruits secs et farines. Sans oublier les cafés, thés et tisanes, le miel, la bière ainsi que quelques cosmétiques et produits d’entretien.
« J’apporte en outre une gamme de produits difficiles à trouver dans les marchés traditionnels et même certains supermarchés. Ainsi que des produits sans gluten. Et je propose des recettes avec les ingrédients du camion », ajoute-t-elle.
Des marchés et des tournées
Une campagne de financement participatif lui a permis de récolter des fonds pour financer une partie de son projet, dont notamment celle de l’aménagement et du covering de son camion. Celui-ci lui permet de venir au contact de la population.
« Je fais les marchés le matin, et des tournées dans les villages, l’après midi. Grâce à mon site internet – qui est une vitrine de mon camion, permettant aux gens de visualiser à l’avance mes produits, et où figure un planning semaines paires et impaires de mes déplacements - je propose aussi le click&collect », explique Élodie
Ledhuy-Mirale, tout en précisant que les produits sont à retirer au camion. Elle sillonne toute l’Aube, de Bar-sur-Seine à Romilly, de Brienne à Estissac. « Je poursuis ma campagne pour trouver des tournées, des endroits qui fonctionnent. Je vais au plus loin sur les marchés et sur le chemin du retour, je fais trois ou quatre stations dans des villages, sur des parkings d’entreprises », détaille la jeune entrepreneure qui affine actuellement la carte de ses déplacements en fonction de la fréquentation des sites qu’elle visite.
« L’idée du camion itinérant épicerie vrac, c’est aussi de privilégier l’achat à la quantité désirée pour éviter le gaspillage alimentaire et favoriser la réduction des déchets en utilisant des contenants réutilisables. Tout en maîtrisant son budget ». Les gens peuvent d’ailleurs venir avec leurs contenants. « Mon objectif, c’est tout d’abord de me faire connaître », glisse-t-elle.
Étant indépendante, la chef d’entreprise a pu choisir tous ses fournisseurs, après en avoir rencontré un grand nombre lors de ses visites au salon du Réseau vrac, dont elle est adhérente. Elle favorise aussi les fournisseurs locaux, régionaux ou sinon français. « ce sont des fournisseurs respectueux de l’environnement avec des produits le plus possible éco-responsables », précise-t-elle.
Parrainée par un commerçant de la Drôme qui lui a fait découvrir ce concept et l’a aidée dans toute la mise en place de son activité, l’Auboise est consciente du fait que le département n’est pas encore dans la culture de consommer « vrac ». « Mais il y a beaucoup de curiosité de la part des Aubois qui fait que que mon projet est très encourageant. »