C’est après un riche parcours hors des sentiers battus qu’Élodie Groux a décidé de devenir créatrice de robes de mariée, un métier bien plus complexe qu’en apparence. Depuis cinq ans, elle accompagne les femmes tout au long de la création pour que le jour J, elles portent la robe en accord avec leurs valeurs, leur caractère et leur féminité.
Avec en poche un BEP et un Bac Pro Métiers de la mode et des industries connexes, Élodie Groux quitte en 2009 sa ville de Troyes pour Aix-en-Provence afin de préparer une licence d’Arts plastiques. « Après mes diplômes, je suis ensuite montée à Paris pour suivre des études de conception de costumes de scène, pour le théâtre et l’opéra », relate la jeune Auboise.
Également titulaire du BAFA, elle se réalisera jusqu’à ses vingt-trois ans en tant qu’animatrice. « Je me suis occupée d’enfants de toutes les tranches d’âge, d’enfants handicapés lourds, moteurs, psychiques et psychologiques, que ce soit en accueil de loisirs, en camp extérieur, mini-tente ou camping, ou en périscolaire. J’ai vraiment tout expérimenté », fait-elle valoir, avant d’ajouter : « à chaque fois, j’ai tout expérimenté, que ce soit en usine, dans les petites troupes, les arts de rue, les grands théâtres ou les grands ateliers de haute-couture ».
Elle a notamment travaillé à l’Atelier Caraco, à Paris, un studio de création et de réalisation de costumes et de vêtements sur mesure pour les arts du spectacle et pour la haute couture. « J’ai aussi travaillé à l’Opéra Bastille et au Théâtre national de Strasbourg », précise l’ancienne costumière.
Élodie Groux s’intéresse en outre à la sculpture lors de performances artistiques, sans oublier les aspects plus théoriques, comme l’histoire de l’art et l’étude de tous les courants artistiques. « J’ai toujours été aussi bien dans la réflexion que dans l’action », souligne la dynamique passionnée.
Création de robes de mariée
« J’ai toujours voulu travailler pour la femme. Quand j’ai commencé dans la création, à dessiner vers l’âge de treize ans, je ne dessinais que des robes », se souvient Élodie. Pourtant, c’est seulement dix ans après un premier stage dans une boutique de l’agglomération troyenne, spécialisée dans les robes et tenues de mariage, qu’elle se lancera dans le domaine du Wedding.
À 27 ans, elle se décide en effet à prendre un an pour réfléchir à ce qu’elle veut faire vraiment. En pause de son métier d’animatrice, elle se laisse ainsi porter par les événements.
Son envie de « créer pour la femme » finit donc par se concrétiser, suite à une commande de voile de mariée, de retouches de robes et une autre de robe de témoin pour une femme « ne se retrouvant pas dans les standards proposés en boutique ».
Qu’on fasse ainsi appel à elle la motive alors à se questionner, à s’interroger sur la voie dans laquelle elle souhaite vraiment s’investir professionnellement. Et à s’informer auprès de personnes compétentes en la matière.
« Je me suis alors sentie de taille à créer des robes, à avoir ma place dans ce domaine, même si des choses étaient encore expérimentales », analyse Élodie Groux. Ainsi, confortée dans ses choix, c’est en 2018 qu’elle décide de se lancer dans la création d’une première collection de robes de mariée, qui sortira en 2019 sous le nom de « Bohème ».
L’année 2021 marquera ensuite le démarrage de sa deuxième collection, baptisée « Insolence, la femme est une déesse ». Un hymne à la liberté « d’incarner la femme que l’on veut être ». « À un moment donné, il faut savoir se confronter au monde pour être la personne que l’on veut être. Peut importe que ça dérange ou pas », affirme la créatrice troyenne.
« J’ai créé mon propre métier. D’autres créatrices de robes de mariée le font autrement. J’ai mon propre moule, ma propre façon d’être. Mon objectif est de trouver ma place tout en respectant ma richesse et ma différence », explique-elle encore.
Un métier artisanal créé sur mesure
Chaque créatrice a en effet son style : « On a toutes notre spécificité, notre spécialité. Certaines sont davantage dans le côté éco-responsable, d’autres dans le côté mode, bohème, style ou ésotérique ou encore haute couture. On fait toutes des collections de modèles. Des shootings se créent pour proposer quelque chose de différents des autres créatrices, qui nous est propre, pour diffuser et inspirer les femmes ».
Proposer de la nouveauté, expérimenter un nouveau style, tester et aussi évoluer en tant que femme pour faire évoluer son style font en outre partie des objectifs. « Personnellement, je m’inspire de la femme en général et surtout je suis connectée au côté déesse, au côté sculptural du corps. C’est en rapport avec mon parcours plus artistique, développe-t-elle. Le corps crée avec le tissu quelque chose d’autre ».
Et d’insister sur le fait que sa source d’inspiration est personnelle, vraiment libre. « Je suis inspirée par le côté angélique, le côté envol ». Aussi, sa tendance à insuffler du « sacré » dans ses robes ne l’empêche nullement de créer des modèles très sexy.
Son rôle auprès des clientes, elle le voit comme « un accompagnement dans leur épanouissement ». Pour Élodie, cela consiste à aider les femmes à « unir leur polarité masculine et leur polarité féminine ».
Des liens se tissent entre la femme et sa créatrice et ce travail s’accomplit naturellement au fil des rendez-vous à travers la robe. Celle-ci se crée par étapes en coopération avec la future mariée.
« La femme est actrice de sa propre robe et la voit en train de se créer. »
Pour s’adapter aux souhaits de chaque cliente, Élodie propose la création unique ou en sur-mesure. Cette dernière est réalisée à partir d’un modèle de sa collection, et décliné selon les envies de chacune. La dynamique créatrice travaille à partir d’une trentaine de soieries différentes.
« La mousseline, qui est légère représente l’élément Air. La brillance du satin, c’est la femme Feu. Les soieries opaques, plus épaisses expriment l’élément Terre. Et la dentelle, plus subtile, l’élément Eau. Chaque femme possèdent ces quatre connexions. Souvent elle ne montre qu’une facette et est souvent mal conseillée dans les boutiques. Pour les accompagner et les aider à rééquilibrer tout ça, je me dois de travailler sur mes connexions aussi ».
Le métier de ses rêves requiert en outre de nombreuses compétences allant du dessin à la couture en passant par le moulage de la toile sur mannequin puis à la réalisation du patron. Une fois la coupe et le montage effectués, c’est l’organisation du shooting qui prend le pas.
Sans oublier tout le travail de communication via internet… Pas étonnant que sa façon d’exercer son métier ait séduit les membres du jury des Trophées de l’artisanat de cette année, organisés par la Chambre de Métiers et de l’artisanat.
Ses compétences, autant que ses qualités humaines et ses talents artistiques lui ont d’ailleurs valu d’être primée « Madame Artisanat 2023 ». Nul doute que cette belle récompense contribue aussi à lui donner des ailes.