« Le but de l’équithérapie, c’est d’aller vers le bienêtre et c’est ouvert à toute personne pouvant en ressentir le besoin ». Quand Diane Lang a créé Aube E’Crins à Vallant-Saint-Georges, la première étape a consisté en « un gros travail de communication autant sur [son] activité propre que sur ce qu’est l’équithérapie en général ». Et moins d’un an après son installation, il lui faudrait presque pousser les murs afin d’être en mesure de répondre à une demande croissante. À tel point qu’elle projette déjà d’acheter une ferme dans les environs... Pourtant, Diane Lang ne se prédestinait pas à travailler dans le milieu du cheval, même si elle a toujours été passionnée par ces animaux.
« Depuis toute petite déjà, l’équitation m’attirait, alors que dans ma famille personne n’en faisait. J’ai commencé à monter dès l’âge de trois ans et cela a vite pris beaucoup de place », se souvient la jeune Auboise. « Je n’ai pratiquement pas fait de compétition, un monde dans lequel on cherche à être le premier. Moi, ce n’est pas ce que je recherchais », confie Diane qui a toujours envisagé l’équitation moins comme un sport que comme un moyen de cultiver une relation avec son cheval.
Allier cheval et médico-social
« C’est vraiment l’idée d’allier et le cheval et l’aspect médico-social qui fait que je me suis orientée dans cette voie-là », explique-t-elle. Avant cela, en 2017, avec en poche un DEUG de psychologie, elle ne se voit pas travailler dans un bureau toute sa vie. Diane s’oriente alors vers une licence professionnelle qui lui permettra d’être sur le terrain auprès d’enfants autistes. « Il n’y avait pas de chevaux dans ma pratique. C’est la volonté de réunir cette pratique justement avec ma passion originelle des chevaux qui m’a décidée à me former à l’équithérapie à l’IFEq de Paris (Institut de formation en équithérapie) ». En mars 2021, une fois diplômée en équithérapie, Diane Lang crée Aube E’Crins chez Mathilde Defrance, aux écuries du Clos Saint-Georges. « J’avais déjà mes chevaux en pension chez elle. Lorsque je recherchais un lieu pour installer mon activité, Mathilde, qui est éleveuse, m’a spontanément proposé de l’accueillir au sein de sa structure. Depuis, un vrai partenariat s’est créé entre nous. Je vais d’ailleurs l’accompagner au salon de l’agriculture », fait valoir la jeune chef d’entreprise.
Diane Lang a fait le choix de travailler avec ses propres chevaux. Ce sont ainsi sept poneys qui travaillent avec elle au quotidien – quatre lui appartiennent personnellement et les trois autres lui sont confiés par des amis. « Cela m’a permis de développer une relation particulière au sens où ce sont des chevaux que je connais par coeur. Quand j’arrive le matin, je sais s’ils sont en forme, s’ils sont malades… Cela me permet de savoir ce qu’une réaction signifie ». Pour illustrer ses propos, c’est par exemple Galice - une jument de 950 kg tout de même, mais de bonne composition – qui va se mettre à planter les quatre pieds, comme le ferait un âne, si d’aventure elle sent que la personne à qui elle a affaire n’est pas totalement présente ou si elle hésite. Elle ne bougera d’ailleurs pas jusqu’à ce que la personne se « reconnecte ».
« Le but de l’équithérapie, c’est d’aller vers le bien-être et c’est ouvert à toute personne pouvant en ressentir le besoin »
« La jument peut aussi se mettre à danser d’un pied sur l’autre si un patient essaie de me mentir », ajoute-t-elle. Si le rôle de l’équithérapeute est d’interpréter les réactions de l’équidé, celui-ci peut également agir directement sur le comportement d’un patient. Un enfant hyperactif par exemple intégrera, sans qu’on ait à le lui répéter cent fois, que sa façon d’être a un impact direct sur celle du poney. « En équithérapie, il n’y a pas de notion d’équitation. Je propose des activités qui utilisent le rapport à l’animal pour faire évoluer le patient vers ses besoins à lui », observe la passionnée.
Un poney dans un ascenseur
Si vous croisez un poney dans l’ascenseur d’un Ehpad (Établissement d’hébergement pour personnes âgées), dites-vous bien que vous ne rêvez pas. C’est tout simplement un équidé spécifiquement entraîné à tout faire que Diane Lang emmène pour dispenser une de ses séances d’équithérapie : « En plus de mes séances du matin qui ont lieu sur place, à Vallant-Saint-Georges, je me déplace dans les Ehpad. Soit je rends visite au fur et à mesure à l’ensemble de l’établissement, en extérieur ou dans les chambres. Soit j’organise des séances par petits groupes ». « Je ne sais pas pourquoi, mais dans l’imaginaire collectif, le poney travaille avec les enfants autistes. Ce qui est loin d’être d’une évidence pour certains d’entre eux qui en ont peur. Et même si je travaille effectivement avec les enfants autistes, je travaille aussi avec des adultes, notamment en foyers de vie – accueillant des personnes en situation de handicap. Je travaille aussi avec des personnes qui n’ont pas de handicap mais qui peuvent avoir des maladies, des problèmes psychologiques ou des syndromes post-traumatiques », explique-t-elle.
Tout en soulignant qu’elle suit également des personnes qui n’ont rien en termes de diagnostic mais qui veulent apprendre à s’affirmer ou à se développer personnellement. Sans oublier les personnes vieillissantes, dont celles atteintes de la maladie d’Alzheimer, mais pas seulement. « En fait, l’essentiel de mon travail se construit par rapport aux animaux ». En parallèle de son métier d’équithérapeute, Diane exerce comme artisan dans le domaine de la résine. Elle réalise ainsi sur commande des objets avec des inclusions en poils d’animaux, comme des fers à cheval ou encore des bijoux, destinés aux gens souhaitant garder un souvenir de leur animal. Cette activité lui permet de financer des soins à ses chevaux, comme ce fut le cas l’an dernier pour un cheval qui a dû être opéré.
« Actuellement je manque de place et l’espace n’est pas toujours adapté aux fauteuils roulants, surtout par temps pluvieux », glisse-t-elle. Il semble bien que la jeune passionnée ait réussi à faire passer le message sur les bienfaits de l’équithérapie. Preuve en est, le nombre de ses patients atteint déjà 25 personnes, qu’elle suit chaque semaine ou à raison d’une semaine sur deux. C’est pourquoi, elle projette déjà d’investir dans l’achat d’une ferme à proximité de Vallant-Saint-Georges, histoire de garder ses patients actuels, venant d’un peu partout dans l’Aube, de Romilly-sur-Seine, de Troyes et de la forêt d’Othe. Un projet en bonne voie, même si rien n’est encore signé. « Cela va me permettre d’ouvrir une structure dédiée uniquement à l’équithérapie ».