Depuis trois ans, Lex Persona, l’éditeur de logiciels français pionnier de la signature électronique basé dans l’Aube, amorce un virage. David Coridun a rejoint l’entreprise d’abord comme directeur administratif et financier en 2022 avant d’en prendre la direction générale un an plus tard. « Même si l’entreprise grandit, nous pouvons avoir une culture familiale, de proximité, de bonne entente et de bien-être. Je suis convaincu que ce n’est pas incompatible avec la recherche de performance, de qualité et d’expertise. Tout cela, c’est un mélange qui prend bien ! »
À 39 ans, David Coridun est né à Paris et a vécu à Montpellier, en Allemagne puis en Nouvelle-Calédonie, suivant les mutations de son père militaire avant de revenir à Montpellier pour ses études d’école de commerce. En 2010, il rejoint une société de business intelligence comme responsable financier. Il accompagne alors le rachat de cette entreprise qui passe aux mains de Zendesk. « C’était très formateur de faire mon premier audit financier pour le rachat d’une entreprise par une société américaine cotée en Bourse ! » Ensuite, après une année sabbatique pour s’occuper de sa fille et accomplir un projet de rénovation d’une maison, ce papa, de trois enfants aujourd’hui, rejoint Netheos en 2018, une entreprise spécialisée dans l’analyse de fraude documentaire automatisée. « J’ai toujours travaillé dans des startups, dans la tech ! » Il reste trois ans dans l’entreprise et la quitte lorsqu’elle est, elle aussi, rachetée. Le moment est donc venu de quitter Montpellier avec l’arrivée d’un nouvel enfant.
« Nous avions la volonté personnelle de nous rapprocher de notre famille sur Paris. Nous avons tracé un cercle autour de la capitale à 1 h / 1 h 30 de trajet et Troyes était dedans. Au même moment, un cabinet de recrutement m’a appelé pour un poste de directeur financier pour Lex Persona. Après un appel d’une heure et demie avec le président fondateur François Devoret, cela a matché immédiatement et la décision était prise ».
Embarquer les salariés dans la croissance de l’entreprise
Recruté comme DAF, sa mission déborde vite sur les aspects organisationnels et de ressources humaines. « J’ai participé à la restructuration de Lex Persona et au changement d’actionnariat. L’équipe est désormais structurée et installée, la cohésion aussi, et on se donne la liberté et la possibilité d’appliquer le plan que nous avons construit ensemble ».
Lex Persona emploie 40 personnes dont quatre au Maroc où il y avait une filiale historique. L’entreprise a défini un plan de recrutement à cinq ans d’une vingtaine de collaborateurs supplémentaires et vient de faire une levée de fonds pour permettre une prise de participation des salariés dans l’entreprise. « Nous avons la volonté d’embarquer le personnel dans la croissance et la transformation de l’entreprise au-delà d’une rémunération simple. La participation au capital traduit aussi un engagement des salariés. »
Aujourd’hui, la moitié de l’effectif travaille dans l’Aube, à Saint-André-les-Vergers, au siège social et dans les data centers qui sont gérés à proximité. « Nous recherchons des compétences sans aucune limite géographique. Cela nous ouvre des opportunités de recrutement. Nous sommes experts français aujourd’hui de la signature électronique. Même si nous sommes régis par un règlement européen, nous sommes quand même évalués et audités par des organismes d’audit français. Ils respectent les standards européens du règlement Eidas mais imposent encore plus de contraintes. Lex Persona est donc expert parmi les experts au niveau européen. Nous sommes fiers du coup d’apporter cette expertise à la française avec un capital 100 % français ».
« Ce qui m’anime, c’est de travailler avec les gens. (...) Je prends un réel plaisir à construire avec les gens et, humblement, à pouvoir partager mon expérience. »
Après la levée de fonds destinée notamment au personnel, David Coridun ne cache pas d’autres ambitions. « À plus ou moins long terme, nous engagerons une structuration du capital, avec des levées de fonds pour accompagner nos projets de croissance. Là aussi, nous nous attellerons, comme on le fait avec nos fournisseurs, à partir sur des actionnaires et des fonds français. » Le but étant d’augmenter le capital avec des participations minoritaires pour se donner la chance d’appliquer le plan prévu. Lex Persona travaille aujourd’hui avec les collectivités, le ministère de la Culture, la grande distribution et active d’autres marchés comme celui des PME. Parce qu’il est temps après 20 ans d’existence d’assoir sa légitimité en affirmant sa marque, « d’être moins timide ».
Lève-tôt et sportif
« Ce qui m’anime, c’est de travailler avec les gens même si historiquement, c’est vrai que j’étais « matheux, chiffres », souvent les DAF sont isolés dans leur bureau. Mais, avec la maturité et mon évolution personnelle aujourd’hui, je prends un réel plaisir à construire avec les gens, à me nourrir des gens, et humblement, à pouvoir partager mon expérience. Voir qu’on évolue ensemble en tant qu’équipe, me plaît énormément, qu’on fait évoluer les projets en équipe, c’est important. Après, de manière intrinsèque et personnelle, ce qui m’anime, c’est aussi la performance, les challenges, les défis. Tout en acceptant l’échec, cela fait partie du processus d’apprentissage et il ne faut pas craindre la difficulté ». Alors, loin du stéréotype du « matheux », David Coridun entretient les relations avec ses collaborateurs au quotidien, lors du séminaire annuel où la parole circule librement, des ateliers de travail ou des rendez-vous intra-équipes organisés par les managers… Pour rompre l’isolement que les personnes en télétravail pourraient ressentir, l’entreprise les invite à prendre des espaces en coworking qu’elle finance. « Le challenge humain et, encore plus, en étant en télétravail, c’est de gérer les différences qui sont nourricières, en termes d’état d’esprit, de culture, de connaissance, mais c’est de les faire fonctionner ensemble du mieux possible pour suivre l’ambition commune ».
« Le matin, je me lève tôt, à 5 h. De 5 à 7 h, je travaille sur mes projets de production. Mon épouse commence tôt aussi. Puis je m’occupe de mes trois enfants jusqu’à ce qu’ils soient à l’école. Ensuite, je suis avec les équipes, soit sur place, soit en visio ou via les outils collaboratifs ». Dans dix ans, David Coridun se voit toujours à la tête de Lex Persona, dans une entreprise qui aura encore bien grandi et comme il le précise, « c’est un marché qui a vocation à s’étendre avec de la place à prendre ». Le télétravail aide aussi à dégager du temps pour le sport. « Je fais du CrossFit et j’ai l’objectif de faire l’Hyrox en avril au Grand Palais de Paris. Au printemps, je voudrais partir en van dans les Dolomites en Italie avec mes deux plus grands enfants. C’est essentiel ces moments. Cela donne du sens et de l’équilibre. C’est important pour durer. »