Cyrielle Bramm
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Cyrielle Bramm

« Je veux tout gagner »

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Photo de Cyrielle Bramm et son père
Cyrielle Bramm (ici avec son papa) est championne du monde 2024 de jet ski, quadruple championne de France, catégorie féminine et mixte en 2021 et en 2022. (Crédit : MBP)

Professeur des écoles, Cyrielle Bramm fera sa cinquième rentrée des classes pour une classe de CE1-CE2 à Macey en septembre. Cette année, elle s’est éclipsée quelques jours de l’école de Grange l’Évêque, où elle était aussi directrice et quand elle est revenue, les élèves l’ont accueillie avec une banderole « Bienvenue championne de maîtresse » !

À 26 ans, la Troyenne Cyrielle Bramm décroche le titre de championne du monde de jet ski catégorie RUN GP4 en Sardaigne. Souriante et naturelle, la jeune institutrice aime enseigner, mais ce qui l’anime plus de tout, c’est « la gagne ». Sportive de haut niveau, la jeune femme veut tout gérer dans la vie. « J’aime la compétition individuelle, car je ne peux compter que sur moi et ne m’en prendre qu’à moi si cela ne va pas. J’aime le jet, l’eau, la vitesse, la liberté. Cette année, je veux tout remporter. J’ai gagné le Monde, je suis en tête de l’Europe et de la France. Alors, il peut y avoir des pannes, des incidents, mais je veux tout gagner et en profiter ».

Championne du monde 2024 de jet ski, quadruple championne de France, catégorie féminine et mixte en 2021 et en 2022, Cyrielle Bramm sait prendre le recul nécessaire avec la simplicité et l’humilité qui permettent aux champions de s’imposer. Arrivée 5e en 2023, elle ignore alors que les essais chronométrés définissaient le positionnement sur la ligne de départ. Cette année, forte de son expérience, elle donne tout dès le départ en Sardaigne face aux concurrents de toutes nationalités.

Cyrielle Bramm commence son tour aux premières bouées et après trois manches de 15 minutes sur plusieurs jours et un tour chronométré, elle termine première. « J’étais stressée. J’en avais les larmes aux yeux avant de commencer. Parce que je savais que c’était le moment. Mon jet était au top grâce à mon père qui l’avait vraiment bien préparé et moi, j’étais en forme avec un pilotage qui va bien. Alors, je me suis mis une grosse pression. Parce que, lorsque tout est aligné, il faut en profiter. Ce n’est pas tous les ans comme cela. Aujourd’hui, je m’amuse sur l’eau aux championnats d’Europe et je profite vraiment du moment. Mon objectif était les championnats du Monde. Et, ça y est, je l’ai fait ! ».

Le jet ski interdit en mer française

Cyrielle Bramm se place devant les autres concurrentes et notamment les Italiennes très fortes sur le pilotage en mer. Le championnat se déroulait à Olbia en Sardaigne dans une mer avec de fortes vagues, la tempête ajoutant à leur intensité. « En France, depuis deux ans, nous ne pouvons plus naviguer en mer en jet ski, c’est interdit pour des raisons environnementales. D’ailleurs maintenant en France, 5 euros sont demandés en plus de l’inscription aux épreuves pour être reversés à des associations écologiques qui replantent des arbres. Les locations en bord de mer sont autorisées, mais nous, sportifs, n’avons pas le droit d’aller nous entraîner en mer. Certes, je suis consciente que les bouées peuvent abîmer les fonds marins et que les jets font du bruit. Cela m’agace un peu quand même parce que nous faisons attention à tout. Mon jet a un moteur quatre temps, l’huile n’est pas rejetée dans l’eau. Nous ne faisons pas le plein sur l’eau, mais en dehors de l’eau, sur des tapis. Les meilleurs pilotes de jet ski sont des Français, des Estoniens, des Italiens et depuis deux ans, ne plus pouvoir naviguer en mer, ce n’est pas bon pour les Français. Alors, je fais beaucoup de compétitions à l’étranger pour m’entraîner en mer ».

« Il faut se surpasser pour aller jusqu’au bout »

Jusqu’à présent, elle travaillait seule sa condition physique. Désormais, la championne s’appuie sur les conseils du préparateur physique et mental Jérémie Vandevelde pour muscler les bras, les jambes et le gainage. Après les Championnats d’Europe, elle va enchaîner sur le Jet Cross, un circuit de courses en France qui permet de s’entraîner et qui procure une belle visibilité aux sportifs, un bon moyen d’attirer les sponsors.

En recherche de sponsors

« C’est la première fois de toute ma vie que je gagne de l’argent avec mon sport ! J’ai gagné… 1100 € pour le titre de championne du Monde ! » Même si le titre l’emporte sur la récompense, depuis son titre de Championne de France, Cyrielle Bramm est accompagnée financièrement par le Département de l’Aube et Burger King Troyes. Une dizaine de sponsors qui lui fournissent également du matériel. L’enveloppe de championne rembourse le voyage, l’essence et l’inscription. « Depuis des années, nous mettons de notre poche. C’est la première année, où nous arrivons à équilibrer. Mais, il n’y a rien de trop ! »

Aux championnats du Monde, la sportive championne dormait sur un matelas dans la remorque pour maîtriser les dépenses. « Évidemment, on est un peu moins frais qu’un participant qui dort dans un vrai lit à l’hôtel ! » Cyrielle Bramm remercie donc vivement les partenaires qui lui font confiance et n’aurait rien contre l’arrivée de nouveaux sponsors. Un jet ski coûte environ 10 000 euros auxquels s’ajoutent 5 000 € de préparation et ensuite 1 500 € par an d’entretien et le carburant, environ 30 € par course et les inscriptions, 400 € pour le Championnat du Monde par exemple.

Gymnastique, équitation, judo, danse, dessin…, Cyrielle Bramm avait tout essayé, mais le seul sport qui la fait vibrer depuis toujours, c’est le jet ski. « Rien ne m’intéressait. En revanche, le week-end, je faisais du jet ski avec mon grand-père qui faisait de la compétition et avec mon père. J’attendais juste d’avoir 16 ans pour pouvoir passer mon permis bateau et commencer les compétitions. On partageait cette passion commune. Ma première compétition en Belgique en 2016, je me suis pris plus d’un tour de retard sur la première ! Deux ans après, j’étais devant elle. Maintenant, je voudrais aussi faire du jet à bras en compétition, cela demande plus de force dans les jambes, car on est debout sur la machine. J’ai testé un jet à bras dans une première compétition qui dure 15 minutes pour voir. Je suis arrivée dernière ! Ce que je voulais faire, c’était terminer. Il me faudra beaucoup d’années de travail pour y arriver, il faut se surpasser pour aller jusqu’au bout ». L’histoire recommence donc avec de nouveaux objectifs sur une nouvelle machine pour la Championne du Monde. Cyrielle Bramm continue en parallèle les compétitions sur son jet ski le temps d’être prête. Rendez-vous dans deux ou trois ans pour de nouveaux titres dans une nouvelle catégorie. Parce que ce qu’aime Cyrielle, c’est gagner !