Invités / Entretiens

Clément Mazzolini

Aligné et engagé

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Photo de Clément Mazzolini
« Travailler dans une grosse boîte, ce n’était pas pour moi. Je préfère la liberté et l’autonomie qu’apporte l’entrepreneuriat ». (Crédits : BB)

À peine ses études terminées, Clément Mazzolini s’est lancé dans l’aventure entrepreneuriale, en créant Good Impackt, une société dont le but est d’accompagner les entreprises pour réduire leur impact environnemental, principalement au niveau de leurs emballages. Un choix délibéré que le jeune ardennais doit à une volonté : celle d’être aligné avec ses valeurs humaines et environnementales. « Les premières opportunités que j’ai eues ne correspondaient pas à mes valeurs. Mon objectif était d’avoir une entreprise qui me ressemble, qui défende mes convictions environnementales. Bien sûr, il faut aussi que mes clients fassent des économies, mais je voulais imposer ma façon de faire et mes valeurs », se souvient-il.

Alors, dès son diplôme d’ingénieur en Emballage et conditionnement obtenu, il se lance. À l’issue de son cursus à l’ESI Reims, le jeune homme originaire de Flize (Ardennes) intègre Créativ’Labz, l’incubateur de l’Université de Reims Champagne-Ardenne. C’est alors qu’il créé, en novembre 2021, avec un associé, la société Good Impackt. « Je suis sorti diplômé en septembre et deux mois plus tard, c’était lancé. Travailler dans une grosse boîte, ce n’était pas pour moi. Je préfère la liberté et l’autonomie qu’apporte l’entrepreneuriat. Bien sûr, il y a des risques, mais si on échoue, on apprend et on recommence ».

Avec son cabinet de conseil, le jeune chef d’entreprise s’adresse à des entreprises de toutes tailles et de secteurs variés : agroalimentaire, cosmétique, industrie… dont l’objectif est de réduire leur impact environnemental ou de se mettre en conformité avec les lois sur les emballages, par exemple tout en faisant le choix d’externaliser cette activité. Dans son parcours d’apprentissage il entend parler de La Capsule, l’association rémoise de coworking qui existe depuis 2012 sur le territoire. Une entité qui permet aux entrepreneurs individuels de se retrouver pour travailler dans des espaces partagés, d’échanger sur leurs pratiques et de se conseiller mutuellement. « Au départ, je n’avais pas beaucoup de moyens, et La Capsule proposait des tarifs parmi les plus bas de France. Mais surtout, j’y ai trouvé une vraie communauté : des gens accueillants, des événements enrichissants, de l’entraide entre entrepreneurs. On mutualise nos compétences : par exemple, un coworker a réglé mon problème de site internet en une demi-heure. C’est précieux. »

Un an plus tard, son associé quitte l’entreprise. Vient alors un dilemme : « Je me suis posé la question : continuer seul ou arrêter ? J’ai choisi de continuer. En plus d’avoir une société alignée avec mes valeurs, j’aime le côté multi-casquettes de mon activité : il faut être à la fois technique, commercial, communicant… J’ai beaucoup appris sur le tas. Certaines choses me plaisent plus que d’autres, mais c’est enrichissant de pouvoir toucher à tout. Et puis ça me permet de rencontrer beaucoup de monde ». Du monde, il en rencontre aussi en côtoyant l’écosystème de La Capsule. « C’est un concept très intéressant pour les jeunes entrepreneurs », souligne-t-il.

Élargir le champ de vision

Aujourd’hui, l’association compte plus de 100 co-workers, de 19 à 54 ans et qui exercent des métiers très différents (communication, graphisme, design, développement informatique, accompagnement administratif, etc.) mais complémentaires, ce qui peut leur permettre de répondre à des appels à projets en commun. « C’est aussi l’intérêt d’appartenir à cette communauté, nous travaillons beaucoup en collectif finalement. Il nous arrive souvent de mutualiser nos compétences, nos contacts et nos réseaux. Dans mon domaine, par exemple, je collabore avec des personnes qui font du bilan carbone ou de la sensibilisation à la nature. Ça élargit mon champ de vision ». Un échange gagnant-gagnant bon pour le business comme pour le moral, pour lutter contre la solitude qui risque souvent d’assaillir l’entrepreneur individuel. « On apprend beaucoup des métiers des autres et cela nous permet de ne pas rester enfermés dans notre bulle ».

« L’association m’a beaucoup donné depuis que j’y suis arrivé, il était normal de m’y engager pour donner à mon tour. »

Pour ce faire, La Capsule multiplie les rendez-vous, comme les apéros entrepreneurs chaque premier jeudi du mois et les petits déjeuners tous les mardis, destinés à animer la communauté et à favoriser les échanges entre les membres. « Nous sommes plus de 100 adhérents mais nous n’avons que 24 places par jour dans nos locaux (situés à la Magdeleine, à Reims, NDLR), il est donc important de créer des moments d’échanges ».

45 ateliers et des soirées conviviales

Il s’investit de plus en plus dans l’association, au point d’en devenir le président. En décembre 2025, il fêtera ses deux ans de présidence de l’association. « La Capsule m’a beaucoup donné depuis que j’y suis arrivé, il était normal de m’y engager et d’en prendre la présidence pour donner à mon tour », souligne Clément Mazzolini.

Et parmi les événements de l’association, figure un temps fort de l’année, la Jelly Week, qui fête sa dixième édition cette année. Entouré d’une trentaine de bénévoles tous ultra-impliqués, Clément Mazzolini a mis au point une édition organisée sur le thème « Semer, grandir, transmettre : entreprendre en 2025 ». Au programme : 45 ateliers dont certains pour les débutants (business plan, étude de marché…) et d’autres pour les entrepreneurs plus avancés (impact RSE, recrutement, transmission d’entreprise, création de holding, reprise d’activité…) et des soirées plus festives, comme un marché des entrepreneurs, un concours de pitch, une soirée anniversaire, ou un networking XXL… Une édition qui s’annonce déjà prometteuse à l’image du succès rencontré en 2024. « L’an dernier, nous avons enregistré un total de 1 250 participants sur la semaine. Cette année, nous en attendons encore plus, avec déjà plus de 1 100 inscrits ».

Certifiée Éco-manifestation de niveau 3 (le plus haut niveau possible), la Jelly Week est elle aussi alignée avec les valeurs du président de La Capsule et de toute son équipe qui ont oeuvré à réaliser un événement le plus vertueux possible : zéro tract papier, des partenariats pour favoriser le vélo, offre de repas végétariens, boissons consignées, limitation des déchets… « C’est essentiel pour nous », souligne Clément Mazzolini qui poursuit son engagement dans sa vie quotidienne. Passionné de musique - il est bénévole dans des festivals – il pratique aussi la randonnée. Il est même actif dans le collectif Clean Walker, qui organise des sorties citoyennes de ramassage de déchets, avec gants et pinces. Responsable de l’antenne rémoise, il est trésorier de l’association au niveau national. Une manière là aussi d’avoir un impact sur la société. « C’est une ligne directrice. L’impact environnemental d’abord, mais aussi social et citoyen, que je défends à travers mes engagements associatifs ». Le bon impact à tous les niveaux.