

C’est un peu par hasard que Christian Durut a débuté dans ce qui allait, par la suite, constituer son métier de prédilection durant 58 ans ! Après avoir passé sa jeunesse à Warcq et obtenu un brevet d’électro-technicien au lycée de la rue des écoles à Sedan, Christian Durut a entamé en 1967, son parcours professionnel chez l’expert carolomacérien de l’horlogerie industrielle et monumentale, Jacques Lebrun, dans des circonstances rocambolesques.
« Initialement, je devais intégrer le lycée Bazin pour y suivre des cours en électronique mais, par distraction, j’avais oublié de remplir durant les vacances d’été mon dossier d’inscription. Un moment d’égarement qui m’a empêché de faire la rentrée. Heureusement, le principal de mon précédent établissement scolaire a donné mes coordonnées aux dirigeants de trois entreprises ardennaises pour que je ne reste pas inactif avant d’envisager de reprendre mon cursus un an plus tard. Et c’est là que j’ai pris contact, en 1967, à l’âge de 18 ans avec l’entreprise Lebrun. » Au final, Christian Durut effectuera un bail de 18 ans au sein de cette société où il fera toutes ses armes. « J’y ai apprivoisé une activité que je ne connaissais pas à l’origine en me familiarisant avec les systèmes de pointage de gestion du temps et de distribution de l’heure à force de travailler dans les églises, les usines et les administrations et aussi dans l’atelier de réparation dédié à la clientèle. J’ai aussi eu la chance d’être formé par René Vriet auquel je tiens ici à rendre hommage ».
Création De Dh Quartz En 1985
À l’occasion du salon professionnel, « Le Sicob », à Paris où diverses entreprises françaises et européenne présentaient leurs matériels, Christian Durut découvre l’essor des contrôles d’accès par digicode. « Ça me paraissait être un beau marché à développer et j’ai ainsi proposé à mon patron de choisir cette opportunité mais il n’a pas voulu se lancer dans cette filière. À partir de là, je l’ai alors avisé de ma démission et de mon intention de travailler à mon propre compte. »
C’est ainsi qu’est née la société DH Quartz. « Je l’ai fondée en 1985 en étant associé avec mon beau-frère Benoit Haouy qui oeuvrait aussi à l’époque chez Lebrun. C’était mieux de voler de nos propres ailes en nous lançant à deux dans cette nouvelle aventure ». Et cinq ans après avoir débuté cette expérience à son propre domicile, Christian va vite voir plus grand.
« C’est une grande fierté d’avoir aidé le fondateur du « Mouvement du Temps ». Nous continuons d’ailleurs de s’occuper de son fonctionnement. »
« Nous sommes parvenus, au terme de longues négociations, à acquérir du foncier à côté d’un terrain qui m’appartenait. Mais il a fallu du temps pour aboutir à cette acquisition car il a fallu retrouver, grâce au cadastre et aux notaires, les propriétaires et leurs descendants dont certains vivaient en Italie. Et quand nous avons réussi à réunir les héritiers, nous avons transféré l’entreprise en regroupant des bureaux et un atelier sur une superficie de 200 m², rue d’Etion ».
Là où DH Quartz a d’abord suivi les évolutions du métier d’horloger industriel et campanaire avant de se spécialiser au fil des années dans divers autres domaines : l’alarme antivol, la sécurité incendie, la vidéo-surveillance des accès, la mise en sûreté des biens, l’automatisation des portails et barrières, les enseignes... Un essor qui a amené la PME à fonctionner avec un effectif de huit salariés en embauchant plusieurs techniciens.
Contribution Technique Au Grand Marionnettiste
« Mais notre coeur de métier reste l’horlogerie. 80 mairies ardennaises nous confient la maintenance et l’entretien des systèmes mécaniques des clochers de leurs églises qui rythment la vie quotidienne des villages et des beffrois. Ils sont aussi une quinzaine à faire appel à nous pour la sûreté et la sonnerie des cours des établissements scolaires. Nous assurons aussi l’entretien des bâtiments et résidences de plusieurs syndicats de co-propriétés via Foncia et AMG », résume le campaniste qui n’oublie pas de nous conter d’autres chantiers sortant de l’ordinaire.
Comme l’accompagnement en 1991 du sculpteur d’automates, Jacques Monestier, pour l’installation des rouages du « Grand Marionnettiste » à Charleville-Mézières dans une partie de la façade de l’Institut international de la Marionnette, place Winston-Churchill. Cette création initiée par Jacques Félix présente quotidiennement douze tableaux conçus comme un spectacle et évoquant la légende ardennaise des Quatre Fils Aymon. Elle est aujourd’hui, l’un des points d’attraction préférés des touristes à Charleville-Mézières. « Cela nous a pris beaucoup de temps mais reste encore une grande fierté d’avoir ainsi aidé le fondateur du « Mouvement du Temps ». On continue de s’occuper de son fonctionnement », précise le septuagénaire.
Sans oublier l’entretien du carillon de la Place Ducale, de l’horloge fleurie du Mont-Olympe, la pose de quatre cadrans avec l’aide d’un cordiste dans l’église de Bogny-sur-Meuse, le chargement récent de celui de la nef de Montcy-Notre-Dame ou encore la réfection de l’horloge de l’ancienne école normale des Ardennes dans le cadre de la réalisation de la résidence « Les Jardins d’Arcadie ». « En remplissant cette mission de service public, on est fiers d’avoir permis la conservation d’une partie du patrimoine local. »
Les Enfants À La Tête De La Pme
DH Quartz réalise ainsi un chiffre d’affaires de 500 000 euros sur un territoire géographique limité aux Ardennes et à la Marne. « Nous avons cessé nos relations avec le Nord et l’Aisne pour éviter de coûteux frais de déplacements ».
Bref, avant de léguer son affaire à ses enfants Benjamin et Véronique, Christian Durut estime leur avoir bien préparé le terrain. « Maintenant, c’est à eux de jouer. Ils ont acquis la légitimité d’être les nouveaux dirigeants depuis qu’ils sont tour à tour entrés dans l’entreprise. L’un et l’autre sont motivés et disposent d’un bagage solide et je suis content qu’ils assurent la pérennité de la société. Ils vont la moderniser et développer sa promotion grâce à la communication, car malgré ses 40 ans, DH Quartz doit encore sortir de l’anonymat en améliorant une image de marque un peu désuète. Il faut la rendre plus visible », affirme, lucide, Christian Durut, 74 ans. Avant de tirer définitivement sa révérence, il entend encore être aux côtés de Benjamin et Véronique. « Je me donne encore un peu de temps pour que ce ne soit pas trop brutal ».