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« J’ai toujours été un petit électron libre », sourit Céline Manoukian, qui a créé son entreprise de conseil en gastronomie Luigi Giacomo – « le prénom de mon grand-père italien » – au sein de laquelle elle dresse, depuis dix ans, l’image des pâtissiers de grandes maisons de A à Z. Tout commence lorsqu’elle travaille comme réceptionniste à l’hôtel Mercure de Troyes pour financer ses études. « J’ai bien aimé l’univers de l’hôtellerie. Alors, pour mon stage de fin d’études, je voulais intégrer le haut de gamme. J’aime l’histoire et l’artisanat. Je suis donc entrée au service communication de l’hôtel Bristol à Paris, non sans mal parce qu’il a fallu quand même les convaincre ». Céline Manoukian, fille d’un homme d’affaires libanais et d’une maman auditrice dans un cabinet d’expert-comptable, ne jure que par la pâtisserie. « Ma mère m’a toujours dit qu’il n’y a pas de sot métier. Je suis fascinée par les personnes qui travaillent avec leurs mains. » Alors, au Bristol, elle se rend en cuisine en dehors des coups de feu pour voir comment les cuisiniers travaillent.
« Ils étaient contents de voir quelqu’un des bureaux s’intéresser à leur métier, surtout que je n’ai aucun talent ni de cuisinière, ni de pâtissière ! » À l’époque, les deux chefs, Gilles Marchal et Laurent Jamin lui montrent de petites astuces, lui font faire de petites choses comme couper des fraises, et c’est la révélation. « C’est comme cela que j’ai découvert mon attrait pour ce secteur et que je suis devenue consultante en pâtisserie. J’aime le résultat, je suis quelqu’un d’ambitieux. L’expérience m’a montré qu’il fallait être présent à chaque étape de la construction de l’image de quelqu’un. »
Pâtisserie du monde entier
Céline Manoukian travaille en Chine, en Angleterre, en Italie, à Dubaï, à Singapour et en France. Elle accompagne les pâtissiers et s’assure qu’ils ont les moyens de réussir et de générer les meilleurs résultats possibles, qu’ils disposent d’un matériel adapté et des ressources humaines nécessaires. Elle encadre le marketing jusqu’au choix de la petite cuillère. « J’ai besoin d’être inspirée, d’avoir quelqu’un qui me fait rêver grâce à son métier. Je travaille principalement avec les meilleurs ouvriers de France, les étoilés au Michelin. »
Son crédo : « Impose ta chance, serre ton bonheur et va vers ton risque » (René Char)
Dans son parcours, elle s’associe pendant deux ans avec un partenaire à Londres pour ouvrir un café et construit la proposition de A à Z, lance une gamme de confitures et écrit des livres. Ainsi, elle intervient chez Harold, Dorchester Collection avec le Plaza Athénée en Italie, le Lana à Dubaï, Air France, les hôtels Cheval Blanc… « C’est par l’audace que j’y suis arrivée. Mon premier contrat était à New York. Je regardais la série Sex and the City. Dans un épisode, un des personnages apporte des gâteaux de chez François Paillard. Alors, je me suis dit que peut-être il existait vraiment. » Céline recherche sur Internet et trouve ledit pâtissier. Elle l’appelle et lui dit chercher un travail. Il la reçoit et c’est le début de son activité d’abord comme salariée puis avec la création de son entreprise ensuite. Avec un réseau de contacts à l’international, Céline Manoukian s’engage aujourd’hui dans un nouveau défi plus local. « Je n’ai jamais fait partie d’aucun réseau, je n’y ai jamais trouvé de résonance. »
Une autre révélation
En octobre 2024, elle est conviée par Elisabeth Gariglio, élue à la Ville de Troyes, ancrée sur le territoire aubois, au congrès international de l’association Féminin Pluriel Global en Grèce. « Dès l’accueil, j’ai été embarquée dans un mouvement auquel j’avais l’impression d’avoir toujours appartenu. Découverte de l’autre et de tellement de nationalités, convivialité… Tout m’a plu ! Comme la variété des profils et des sujets abordés avec les questions de santé des femmes, tout ce qu’on traverse dans la vie. J’ai rencontré des femmes extraordinaires avec des profils très puissants, quel que soit le domaine. Les femmes de Féminin Pluriel ont une ambition, elles sont porteuses de projets forts. Ce fut la révélation que je n’étais pas seule, pas seule en tant qu’entrepreneure et comme femme. Il se crée un lien instinctif où nous n’avons pas besoin de nous justifier ». Féminin Pluriel encourage alors Céline Manoukian à ouvrir une section de l’association dans l’Aube. Elle en est aujourd’hui la présidente. Lancée pour la première fois dans un département rural début octobre, Féminin Pluriel la Champagne a accueilli les membres de sept nationalités pour le congrès international annuel. Une centaine de personnes, dont Marianne Estenne, présidente monde, ont assisté à des échanges et des conférences inspirantes, visité la ville et les acteurs du vignoble aubois. « Beaucoup se sont promis de revenir, elles ont aimé la ville. Nous voulons rayonner de l’intérieur vers l’extérieur. Être performant dans son métier est une chose, mais tendre la main à l’autre est une autre histoire. » C’est cela que Féminin Pluriel la Champagne veut faire avec des intervenants de qualité, des moments de convivialité et de partage ponctués de douceurs locales. Construction, conviction et collectif sont les trois « C » qui forment la raison d’être de Céline Manoukian qui, avec son prénom, en ajoute un quatrième...