Bruno Marlois
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Bruno Marlois

Drone d’entrepreneur !

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Photo de Bruno Marlois
Entrepreneur discret, Bruno Marlois se considère comme un homme de l’ombre qui fait briller les choses depuis les coulisses. (Crédits : DR)

Un anniversaire - personnel ou d’entreprise ? Une animation lors d’un événement - concert, rencontre sportive, etc. ? Ou encore, si le coeur vous en dit (et votre compte en banque aussi, quand même !), une demande en mariage ? Soyez original, et pensez « drone ». C’est alors un show venu du ciel, époustouflant, magique, qui vous attend. Surtout si vous faites appel à Bruno Marlois, qui s’est lancé depuis peu dans ce secteur innovant.

Il est vrai que, depuis 20 ans, le Rémois est un spécialiste de l’événementiel et de l’audiovisuel. « C’est assurément ma vocation. Enfant, j’avais déjà envie d’offrir du rêve et des paillettes pour le plaisir des gens. » À sa sortie de Saint-Jean-Baptiste de la Salle, BTS audiovisuel en poche, il ne souhaite pas poursuivre de longues études mais plutôt faire ses preuves sur le terrain, tout de suite. Courte expérience de salarié.« Travailler pour les autres, c’est bien, mais c’est encore mieux de travailler pour soi-même. » Envie de ‘voler de ses propres ailes’. Prémonitoire. Il fonde donc Mazing en 2005 - en même temps qu’il se marie ! - et propose aux entreprises de communiquer autrement via l’événementiel (lancement de produit, soirée/cocktail d’entreprise, salon/foire expo, séminaire, etc…) histoire d’afficher leur différence, notamment à travers l’éclairage, la sonorisation, la vidéo. Aujourd’hui, Mazing assure 400 prestations par an, « oui, plus d’une par jour, dont les deux tiers s’effectuent dans le cadre du tissu économique local, et le tiers restant dans toute la France ».

Vu À Las Vegas

Sauf qu’à l’heure de la Covid-19, Mazing s’est arrêtée net. Par la force des choses. « Après une bonne année, on est passé de 100 % à zéro. Et il n’était pas sûr que ce secteur événementiel allait repartir - il a pourtant bien repris aujourd’hui. » Le chef d’entreprise cherche évidemment à rebondir. En veille et féru de technologie, Bruno Marlois avait déjà vu à Las Vegas, en 2018, ce qu’il était possible de faire avec 150 drones. Démonstration qui ne l’avait pas laissé indifférent « C’était l’occasion de penser à des choses auxquelles on n’aurait pas pensé en temps normal. » L’occasion de se lancer dans de nouveaux projets, aussi. Avec sa soeur, il acquiert 200 drones et fonde Magic Drone en 2021. S’il s’agit toujours d’événementiel, c’est surtout un moyen de communication révolutionnaire, dans une mise en scène unique et un ballet aérien lumineux, qui vaut son pesant de ‘waouh’ pour tout commentaire. C’est dire !

Aux 200 drones initiaux, il faut ajouter à présent un zéro. Soit 2 000 drones, qui font de Magic Drone, en nombre d’appareils, la troisième entreprise du secteur sur la douzaine que l’on compte en France. « Nous assurons une cinquantaine de représentations dans l’année. Il faut environ une semaine de conception, plus les échanges avec le client. » Sans compter les repérages sur le terrain, sachant que 40 % de l’activité de Magic Drone se déroule à l’étranger, déjà dans une douzaine de pays (peu avant Noël, Bruno Marlois était à Dubaï, en prévision d’un futur show…).

Un Marché Très Concurrentiel

« Il faut savoir que l’on n’en est encore qu’au début de cette technologie - même si en Chine, où les spectacles de drones existent depuis 8 ou 9 ans, un show a été réalisé avec un nombre record de 10 197 drones - qui représente un marché énorme à venir. » La pyrotechnie embarquée est en cours de développement, par exemple, pour terminer un show ‘en couleur’. « Mais cela ne remplacera pas les feux d’artifice, estime Bruno Marlois, dont l’impact - le son, l’ampleur du panorama… - reste exceptionnel. Disons que l’un et l’autre seront complémentaires. »

« L’avantage avec les spectacles de drones, c’est que l’on part d’une feuille blanche, et que l’on met en scène l’idée du client, pour raconter une histoire. Cela permet de faire du sur-mesure pour mieux sortir des sentiers battus. »

Reste aussi que, pour l’heure, l’investissement (les drones) constitue un poste important pour une entreprise, ce qui induit un coût de spectacle qui n’est pas à la portée de toutes les bourses - même si Bruno Marlois assure que toute prestation s’adapte aux moyens du client… -, donc, par voie de conséquence, un marché très concurrentiel.

Fidèle À Ses Rêves D’Enfant

Magic Drone compte 3 salariés et Mazing 5, « dans une parfaite parité hommes/femmes », souligne Bruno Marlois, qui a longtemps travaillé seul au sein de Mazing. Les clients de Magic Drone sont surtout des grands groupes ou des sociétés privés (confer les coûts évoqués à l’instant). « L’avantage avec les spectacles de drones, c’est que l’on part d’une feuille blanche, et que l’on met en scène l’idée du client, pour raconter une histoire. Cela permet de faire du sur-mesure pour mieux sortir des sentiers battus. » C’est ainsi que Bruno Marlois a récemment oeuvré pour fêter les 100 ans de La Mamounia, au Maroc, et procédé au premier show de drones à Saint-Barthélemy en août dernier…

Pour autant, cet entrepreneur discret ne se pousse pas du col. D’ailleurs, il n’hésite pas à dire qu’il n’est… pas drôle, en ce sens qu’il se considère comme un homme de l’ombre qui fait briller les choses - et peut-être ses clients - depuis les coulisses, fidèle en cela à ses rêves d’enfant. Le professionnalisme reste sa ligne de conduite, et s’il est strict avec les autres c’est qu’il l’est encore plus avec lui-même. Autoportrait sans complaisance en guise de conclusion.