

Dans l’entreprise familiale Gautherot de CAVI Groupe, il y a le père, Philippe, fondateur et toujours sur les sujets de recherche et développement, la fille et le fils. CAVI Group est l’histoire d’une entreprise qui grandit sur un segment de niche, les agrafes de vignes. Fondée par Philippe et Nathalie Gautherot puis transmise à leurs enfants, CAVI est devenue un groupe avec Chloé qui assure la gestion de l’entreprise et son frère Basile, également dirigeant et qui met en musique la direction commerciale via les distributeurs. « Mon père travaillait comme technico-commercial chez Soufflet Vigne, il était au contact des vignerons. Il a créé l’entreprise en 1989. Il lui a fallu de la patience car il est resté 13 ans avant d’en vivre, en se disant qu’il y arriverait un jour. Il travaillait en parallèle jusqu’en 2002 chez Soufflet Vigne ».
Le recul lui donne raison. Le groupe emploie aujourd’hui 20 personnes et génère 6 millions d’euros de chiffre d’affaires. Il est présent en France, en Europe limitrophe, au Canada, au Chili, en Argentine, en Afrique du Sud et en Nouvelle-Zélande. Toujours 100 % familial et 100 % indépendant. « Nous sommes chez tout le monde avec 40 références d’agrafes pour les vignes. Mon père a inventé l’agrafe qui se dégrade au fil du temps et qu’on n’a pas besoin de récupérer dans les vignes. C’était dans les années 1980, nous étions moins sensibilisés à l’environnement. Les agrafes se dégradaient, mais laissaient des molécules longues de micro plastique dans la nature ».
Depuis, un travail mené dans le cadre d’un consortium de recherche soutenu par le pôle IAR (aujourd’hui B4C) avec CAVI, Champenoise du Bouchon, Plastique d’Argonne, un compounder, l’INRA et FRD, a permis de créer une nouvelle formulation de matière avec des agrafes en amidon et fibres de maïs et blé qui se dégradent complètement sous l’action de champignons et de bactéries.
L’entreprise familiale mais pas que…
Originaire de Buxière-sur-Arce près de Bar-sur-Seine, toute la famille Gautherot est restée fidèle à sa commune. « Mon arrière-grand-père avait installé sa ferme à Buxière. Nous sommes des vrais Buxérois. Il y a un tiers du village qui s’appelle Gautherot avec tous nos cousins ! » sourit Basile. Formé sur le terrain, il accompagne son père dans son activité alors qu’il suit son DUT de gestion des entreprises et des organisations à Troyes. Il prend ensuite une année pour passer un brevet d’éducateur sportif moto car l’une de ses passions est le trial. « J’ai arrêté la compétition mais je fais toujours des stages en parallèle ».
« La musique est ma passion dévorante. »
Depuis toujours, lui et sa soeur ont un pied dans l’entreprise. « Quand nous étions gamins, mes parents nous disaient : allez, mercredi vous nous aidez à mettre les sacs dans les cartons et nous vous emmenons à Nigloland ! » À 20 ans, il entre dans l’entreprise, organise les livraisons, profite des trajets pour discuter des clients avec son père. « Il m’expliquait ce qui allait se passer et le contexte. J’ai trouvé que j’étais très bien formé comme cela et que j’apprenais plus vite qu’à l’IUT. J’ai donc arrêté mes études. Quand on sait qu’on va reprendre cette entreprise, être formé en interne permet d’aller plus vite. Je suis arrivé dans l’entreprise en 2007. J’étais avec mon père et nous gérions tout à deux. Je faisais de la comptabilité, l’organisation des transports, j’allais dans l’atelier. Il y avait moins d’activité que maintenant et il fallait toucher à tout. C’est bien pour maintenant parce qu’aujourd’hui, j’ai les clés pour parler aux personnes que nous avons recrutées et qui sont plus compétentes que moi chacune dans leur domaine ».
Au bout de six ans, Basile quitte la société. « J’ai une passion dévorante, c’est la musique », confie-t-il, la coupe dans le vent et vêtu d’un blouson de cuir. « Je voulais prendre des cours de basse et de contrebasse dans une école à Nancy pendant un an. Je voulais faire cela depuis un moment, mais comme j’ai eu mon DUT et mon brevet d’éducateur de justesse, mon père m’avait dit, ‘‘maintenant tu vas bosser et si tu veux faire ton école, tu la paieras !’’ Ce n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd, j’ai bossé six ans et j’ai mis de côté pour faire mon école. Je me sens bien dans l’entreprise, j’aime mon métier, mais je voulais avoir cette formation pour faire de la musique toute ma vie et avoir un bon niveau ». Après une année à Nancy, il entre au conservatoire de Nantes pendant trois ans. Puis il retourne ensuite dans l’entreprise où sa soeur travaille également depuis. « Cette fois, j’ai fait tout ce que j’avais à faire et je ne pars plus ! »
Désormais, CAVI spécialisée dans les agrafes de vigne est un groupe qui comprend Keepfil pour les accessoires de vignes et Plastique d’Argonne spécialisée dans la fabrication de pièces en matière plastique. La société poursuit sa croissance avec le récent rachat de l’activité Ligatex, dont le savoir-faire et le matériel ont été rapatriés du Bordelais dans l’Aube pour la fabrication de lieuses pour les vignes, complémentaire à l’offre du groupe.
Basile Gautherot a réalisé son rêve en parallèle avec l’ouverture d’un studio d’enregistrement à Buxière et sa vie partagée entre l’entreprise, sa famille et sa passion. « Avec la musique, j’ai une vie équilibrée et ne suis pas tout le temps dans le boulot ! Ma fille a quatre ans, c’est déjà une petite fille mélomane qui savait mettre les vinyles dans le salon à trois ans. C’est un bon début ! » Le musicien a fait partie du groupe Tata Citronnelle et a monté depuis plusieurs groupes dont les Pelles à Tartes. « Nous faisons des reprises incongrues à notre sauce. J’ai aussi le groupe Champagne Jazz Orchestra, un groupe de jazz basé à Troyes, puis Menta Routage. Là, nous faisons des reprises de Franck Zappa, c’est un délire ! Pour moi, c’est le groupe le plus exigeant, celui qui me demande plus de travail ». Pour le passionné de trial, la liaison devait se faire naturellement entre la musique et la moto. « Mon projet personnel c’est Baz Bux, comme Basile de Buxière ! Je fais de la moto et de la guitare en même temps. Je joue du rock, des reprises ou mes propres compositions ». La musique n’a pas de frontière, alors Basile joint l’utile à l’agréable. « J’ai un client en Suisse qui se met à la musique. Nous parlons autant de basses que d’agrafes maintenant ! »