Anthony Pulby
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Anthony Pulby

Serial entrepreneur

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Photo de Anthony Pulby
Des trottinettes aux micro-crèches en passant par les formations à l’Intelligence Artificielle, Anthony Pulby est un passionné de business. (Crédits : BB)

Comme tout bon sportif, chaque jour de la semaine, Anthony Pulby suit un agenda millimétré. Le réveil sonne à 6h, pour rejoindre son bureau 30 à 45 minutes plus tard. « Tous les matins je traite en priorité mes mails, c’est un moment de la journée où je ne suis pas dérangé. Puis, vers 9h j’appelle les responsables de boutiques, on fait le point sur les actions de la journée et je suis les réseaux sociaux. L’après-midi est consacré à mes rendez-vous clients ou déplacements utiles et à plus-value, qui sont ceux qui me permettent de réaliser du chiffre d’affaires ». Le chef d’entreprise aux multiples casquettes s’est fixé une règle intangible : à 16h, il termine sa journée et se rend au sport jusqu’à 19h. Une manière de déconnecter et de préserver son équilibre entre vie professionnelle et bien-être personnel.

« En principe je ne décroche pas mon téléphone. Si c’est urgent les gens me laissent un message, cela me permet de ne pas être interrompu dans mes tâches ». Cette hygiène de vie, le jeune entrepreneur rémois l’assume totalement « Google agenda est mon ami », sourit celui qui respecte sans faillir cette discipline de fer pour atteindre ses objectifs. « La discipline et l’organisation sont les deux éléments les plus importants pour un entrepreneur ». Un rythme auquel le Troyen de naissance, s’est astreint dès le début de sa carrière professionnelle. Titulaire d’une Licence en AES et d’un Master en Ressources Humaines, il prend une année sabbatique pour se consacrer entièrement à sa passion du sport. Adepte du body-building, il se plonge dans l’entraînement et la compétition et devient vice-champion de France, avant de se mettre en recherche d’un travail. Homme d’objectifs, il choisit de s’éloigner de sa région d’origine pour être entièrement concentré sur sa carrière. « Je voulais travailler dans l’univers du sport, j’ai donc postulé chez Decathlon à Besançon ». Responsable de rayon fitness et musculation, il ne compte pas ses heures passées dans les allées du magasin et perd même 25kg des muscles chèrement acquis les années précédentes dans les salles de musculation !

Des Gammes Chez Decathlon

Deux ans plus tard, il fait son retour à Reims, recruté par le directeur du magasin de La Neuvillette qui cherche un responsable exploitation et service client. Après avoir mis au point un projet d’amélioration de l’efficience en magasin - reconnu nationalement par la marque - son profil est repéré par la chaîne qui lui propose la direction du magasin de Pierry, près d’Epernay, puis de Cormontreuil, dans l’agglomération rémoise. Là encore, il propose des solutions en matière d’amélioration de l’efficacité et devient un expert en conseil en redressement. Il est alors régulièrement envoyé un peu partout en France auprès des directeurs pour les aider à trouver des solutions. « J’ai même été sollicité pour intervenir une fois par an pour faire une présentation stratégique devant tous les cadres lors du séminaire de l’entreprise ». Une expérience très formatrice pour le jeune trentenaire qui se voit alors proposer de rejoindre le siège du groupe à Villeneuve d’Ascq au sein de la branche fitness. Mais après quelques années éprouvantes tant physiquement que psychologiquement, il décline la proposition. « Je commençais à saturer du rythme et des nombreux déplacements. Mais les années passées chez Décathlon m’ont énormément appris et nous nous sommes quittés d’un commun accord ». Seulement, le jeune homme n’a pas encore vraiment de projet en tête. Il se donne alors une stratégie pendant six mois pour rebondir.

« La discipline et l’organisation sont les deux éléments les plus importants pour un entrepreneur. »

« J’ai lu tous les livres concernant le marketing, la vente, la création de sites internet, la publicité sur les réseaux... et en parallèle, je me suis inscrit dans tous les clubs business de la région de Reims pour me constituer un réseau. Je n’avais pas de boîte mais je savais que j’aurais besoin d’un réseau », rappelle-t-il tout en brandissant le livre de Jordan Belfort, le courtier américain qui a inspiré l’histoire du film de Martin Scorsese, Le Loup de Wall Street.

Après six mois de lectures intensives, il se lance dans le dropshipping, qui consiste à faire de la vente directe sur internet. Il monte plusieurs sites aux fortunes diverses, dont deux qu’il revendra à bon prix un an et demi plus tard. Parallèlement, il fait la connaissance de Laurence Cagniart dans un business club, une directrice de crèches. Elle est spécialiste de la petite enfance, lui maîtrise tous les outils et logiciels de gestion et d’agenda. Complémentaires, ils comprennent qu’ils peuvent aider les responsables de crèches et les porteurs de projets à gagner un temps considérable dans leur activité. Ils créent alors l’entreprise Vaneloppe Services, spécialisée dans l’accompagnement et le montage de projet de micro-crèche.

« Que ce soit pour trouver un emplacement, prévoir les travaux, le financement, l’étude de marché, le recrutement, jusqu’au dossier d’agrément, nous nous occupons de tout et nous vendons un pack complet », explique Anthony Pulby. « Aujourd’hui, en un an et demi, nous pouvons aider à monter un projet de crèche de A à Z ». Une société créée en 2019 et qui fonctionne très bien, avec plus de 30 crèches créées. « Nous suivons toujours un dossier jusqu’à ce qu’il aboutisse, ce qui fait que nous avons 100% de réussite, donc 100% de taux de satisfaction de la part de nos clients », souligne l’entrepreneur qui peut alors compter sur la réputation de Vaneloppe Services pour lui apporter de nouveaux clients de manière très régulière.

Une Affaire Qui Roule Bien

La même année, autre idée, autre secteur d’activité et destinée différente pour l’infatigable Rémois qui lance avec trois associés un site de e-commerce spécialisé dans la vente de trottinettes électriques. Un concept qui ne fonctionne pas mais qui ne décourage pas Anthony Pulby qui reste convaincu par l’avenir de ce produit. Il persévère et ouvre cette fois une boutique « physique » de vente de trottinettes électriques, à Reims, accompagné par trois Business Angels, Pierre Lesieur, Blaise Durand et Dominique Tellier. Le magasin Li6 Trottinette & co ouvre en janvier 2020 et joue de malchance avec l’arrivée du Covid et de son confinement dans la foulée. Un coup dur temporaire qui n’empêche pas le succès fulgurant de la boutique quelques mois plus tard. « En 2021, nous avons fait une année extraordinaire. Dans la foulée, nous avons aussi ouvert des boutiques identiques à Metz en 2022 et à Nancy en 2023. Et en 2024, nous en avons ouvert une autre à Orléans ». Et alors qu’il sent que le marché est mature, les ventes de trottinettes électriques s’essoufflent depuis 2022, Anthony Pulby mise aujourd’hui sur ses produits haut de gamme et surtout sur l’atelier de réparation et la qualité du service après-vente pour assurer sa croissance, avec quelques astuces comme la mise à disposition d’une trottinette de prêt pour les bons clients le temps de la réparation.

S’il aime réussir, le chef d’entreprise apprécie aussi de partager les recettes de son succès entrepreneurial. Il en a aussi fait un business, en proposant des formations en ligne, du coaching particulier et des conférences pour apprendre à créer son entreprise. En 2020 il écrit même un livre sur le sujet, dont les plus de 2 000 exemplaires qu’il a auto-édités se sont écoulés. Il dispense aussi des cours aux jeunes étudiants des écoles de commerce et de communication de la région.

« Cette année, on a ouvert une filière spécialisée Entrepreneuriat avec le Campus Eductive de Reims. L’idée du premier séminaire c’est qu’à l’issue de leurs deux années d’école, les étudiants auront monté leur entreprise », précise l’infatigable dirigeant qui n’en finit pas de créer. « En août 2024, avec mon associé Mathieu Dauphinot, j’ai monté un cabinet de formation certifié, spécialisé dans l’Intelligence Artificielle, la RSE et le commerce. Nous proposons des formations financées à 100% notamment pour les commerçants dont je connais bien les problématiques. Aujourd’hui pour eux, la question est de savoir comment préserver leur marge alors que les flux de clients sont à la baisse dans les centres-villes. Donc, l’objectif c’est de mettre en place des outils concrets avec eux. C’est la nouvelle aventure ! » Il y a fort à parier qu’elle ne sera pas sa dernière.