« J’ai eu la chance de rencontrer des êtres d’exception, comme Edgar Faure et Maurice Schumann, qui m’ont donné le goût de la politique au sens noble du terme ». Anne-Marie Zeltz vit aujourd’hui sa fonction de vice-présidente du conseil départemental de l’Aube et présidente de la commission économie et emploi comme « un honneur et un aboutissement de tout ce qu’[elle] a entrepris au cours de sa carrière et de son engagement politique ». Née à Troyes, de parents et grands parents également troyens, Anne-Marie Zeltz restera fidèle et « accrochée » à son territoire. Très attachée à son quartier de la cathédrale, c’est grâce à ses racines auboises qu’elle puisera ses ressources tout au long de son parcours.
Une licence de droit en poche, son objectif est alors de devenir juge pour enfants. Mais lorsque ses parents partent en Haute-Savoie, elle arrête ses études et cherche un emploi. « J’étais déjà politiquement engagée avec les Jeunes RPR. Je côtoyais notamment Robert Galley et Paul Granet… Je suis devenue la première conseillère départementale de l’office départemental HLM », explique-t-elle. Pendant un an, elle se rend ainsi utile auprès des familles en difficulté pour qu’elles puissent se loger dans les meilleures conditions possibles.
Cette « riche expérience » lui donnera aussi l’occasion de se faire remarquer. Lorsqu’il se présente aux législatives, Robert Galley recherche une attachée parlementaire pour Henri Portier. Elle qui a fait du droit est également dynamique, jeune, passionnée par la politique. Des atouts qui lui permettent de se voir proposer un poste au Sénat, alors qu’elle n’a que 24 ans ! « J’ai sauté sur la belle opportunité. De 1981 à 1989, cela a été une vie intense. En 1989, je me suis retrouvée au chômage lorsque mon sénateur a été battu par Philippe Adnot ».
Aller-retour Paris-Troyes
Ses réseaux lui permettront de rebondir. Elle travaillera pour la Compagnie Nationale du Rhône, alors filiale d’EDF, qui exploite des barrages électriques et contrôle les débits du Rhône : « Cela ne me plaisait pas trop de travailler à Paris ». Heureusement une nouvelle fenêtre s’ouvre, qui va lui permettre de revenir dans l’Aube. Cette fois, c’est le président de la CCI Jean Toggenburger qui l’a remarquée sur le terrain. Sélectionnée par l’agence de recrutement du chargé de communication de la CCI, elle devient rédactrice en chef de Mercure 10. De 1990 à 2001, elle fera des reportages en entreprise et s’occupera des relations presse, publiques et de la communication interne. « Je retrouve aujourd’hui des chefs d’entreprise que j’ai alors côtoyés », se félicite-t-elle.
« J’ai eu la chance de rencontrer des êtres d’exception, comme Edgar Faure et Maurice Schumann, qui m’ont donné le goût de la politique au sens noble du terme »
En 2001, changement de présidence à la CCI. La mise en place d’un comité de direction composé exclusivement d’hommes la décide de ne pas rester. En 2002, c’est Alain Balland qui fait appel à son sens politique et à ses réseaux pour l’épauler dans ses nouvelles missions de maire de Saint-André-les- Vergers. « En 1992, alors que nous étions sur la liste « Du Neuf » de Francis Mielle, Alain Balland m’avait dit que si un jour il devenait maire, je deviendrais son directeur de cabinet. Après un apprentissage un peu perturbant, j’ai apprécié de travailler avec des chefs de service très efficaces sur de vrais projets. Comme l’obtention du label « Ville amie des enfants » ou encore l’adhésion au réseau des Voisins Vigilants et Solidaires », souligne l’ancienne directrice de cabinet.
Voyages et découverte
Cultiver son goût pour les voyages et la découverte a toujours fait partie de sa vie : « Quand je voyage, j’aime respirer le pays, découvrir les lieux avec les gens qui y vivent. Mes voyages en Afrique sont une quête personnelle… J’étais très liée à la mère supérieure des soeurs Oblates – une prof à Saint-François de Salle. Elles sont missionnaires en Amérique du Sud, en Équateur, en Colombie, en Afrique du Sud et en Namibie. Suite au décès de ma mère en 2001, il fallait que je parte en mission. En 2003, j’ai rassemblé tous mes congés pour partir un mois complet à Rieetport, en Afrique du Sud. J’étais avec deux religieuses qui ont créé des écoles. Elles étaient enseignantes, infirmières et faisaient vivre ce village. J’ai été plongée dans un univers qui m’a profondément troublée. J’ai été déconcertée par la générosité de ces personnes si pauvres et démunies. Et puis j’ai voulu faire partager cette expérience à des jeunes qui voudraient partir », relate Anne-Marie.
Elle est retournée en mission en Équateur en 2005 et à nouveau en Afrique du Sud en 2008 avec deux autres jeunes filles. « C’étaient des jeunes en rupture, en échec scolaire, cherchant leur voie - il y en avait aussi qui apportaient des connaissances pour enseigner-, souligne-telle. Ces voyages marquent un temps de pause, sans moyens de distraction, permettant de faire le point avec soi-même, de revenir aux fondamentaux ». En dehors de ces « rencontres intenses » à l’autre bout du monde, sa passion pour les « vrais échanges de vies et d’expériences » s’est également exprimée grâce aux jumelages de Saint-André-les-Vergers avec des villes d’Allemagne et d’Italie. « Ces jumelages font naître des amitiés qui ne se seraient peut-être pas tissées autrement », fait-elle valoir.
Conseillère départementale
Lorsque en 2014, elle se présente aux élections pour la mairie de Sainte-Savine, elle arrive en deuxième position avec 30 % des voix. « Forte de ce résultat, je me suis présentée aux élections départementales de 2015, avec Valéry Denis. Nous avons été élus pour le canton Troyes 2. Et je suis entrée au département à la 3e commission, économie, tourisme, enseignement supérieur. Je retrouvais un peu les domaines pour lesquels j’avais déjà travaillé et je découvrais le tourisme avec beaucoup de passion ». Amatrice de convivialité, de gastronomie et de produits locaux, elle est depuis 2016 Chevalier de La Prunelle de Troyes et secrétaire de l’association.
« Je suis assez fière d’être « dignitaire » des trois confréries auboises, dont celle des Chevaliers du Taste Cidre du Pays d’Othe (qui n’existe plus) ainsi que celle de la Commanderie du Saulte Bouchon champenois depuis 2007 », glisse-t-elle. En 2019, elle choisit de prendre sa retraite, en quittant la mairie de Saint- André-les-Vergers, afin de se consacrer davantage à la politique. « Gérard Ancelin m’a mis le pied à l’étrier. Il a parlé pour moi auprès du président du Conseil départemental », explique l’élue auboise.
Après un bon score aux élections de 2020 (avec le même binôme qu’en 2015) – et une belle progression sur tous les bureaux de vote à Sainte-Savine – elle s’est vue proposer une vice-présidence avec en charge l’économie, l’emploi et l’insertion. « Humainement, cela m’intéresse d’être utile avec une équipe jeune et pleine d’optimisme. J’y crois, j’ai le punch pour m’atteler au problème de l’insertion et du chômage longue durée ».