Elle court de rendez-vous en rendez-vous pour aider ceux qu’elle croise sur son chemin. « Je suis une femme, je me consacre aux autres parfois en m’oubliant moi-même ». Passant d’une formation de styliste à un diplôme de déléguée médicale, Agnès Brunelet, blonde dynamique et les yeux rieurs derrière ses lunettes rouges, trouve sa raison d’être dans la sophrologie. Pendant l’entretien, elle marque un temps de pause. « Je dois répondre à cette dame, c’est important. Elle ne voulait pas se soigner et elle vient de changer d’avis alors, je lui transmets vite les coordonnées d’un spécialiste à contacter pour l’aider ».
Burn out, rescapés du cancer, personnes qui luttent contre la maladie, mais aussi enfants en difficulté avec le dispositif Envol, salariés d’entreprise et seniors isolés sont son quotidien. Dans les ateliers de l’association Plutôt la vie, créée en 2011 par un ensemble de patients avec sa présidente Christine Chaudron, elle aide les malades du cancer pour qu’ils ne restent pas seuls, avant, pendant et après les épreuves d’un cancer.
L’association soutient moralement et financièrement les personnes avec des courses, la prise en charge de reste à charge de perruques ou de prothèses mammaires pour la piscine par exemple. « Pour eux, j’interviens à l’hôpital privé de l’Aube soit dans un bureau mis à notre disposition, soit en service de cancérologie où l’infirmière coordinatrice m’indique les personnes à rencontrer individuellement pour faire des exercices de relaxation, de respiration. Parfois, c’est simplement pour parler ».
« J’aide des centaines de personnes… »
Agnès Brunelet agit aussi en entreprise. « Je suis, par exemple, missionnée par une société parisienne pour animer des conférences dans ses filiales auboises et aider les collaborateurs à mieux appréhender le passage à la retraite. C’est un moment de joie, mais également de stress la retraite… Je leur explique comment gérer leur angoisse et leur stress ». Référencée par la Silver Économie du Grand Est, Agnès Brunelet s’adresse aussi aux salariés déjà en retraite avec, entre autres, des ateliers intergénérationnels à Bar-sur-Seine organisés par le Conseil départemental.
« Aujourd’hui, nous sommes en carence de rire. Nous ne rions que 3 minutes par jour. »
Dans le cadre de l’ADMR, la sophrologue soutient les aidants familiaux et professionnels soignants dans leur besoin de décompresser. Beaucoup ne prenant pas une heure pour eux. Agnès leur apprend à relativiser, à ne pas emmener la colère ou la tristesse qu’ils ressentent avec un patient chez un autre patient qu’ils voient après, à faire une scission. « Il y avait cette dame, prostrée, dans un groupe. Elle ne parlait plus, ne prenait plus soin d’elle depuis qu’elle accompagnait son mari atteint de la maladie de Parkinson. Elle était au bout de sa vie, recroquevillée sur elle-même, les traits tirés, je me disais qu’elle allait mourir sur place. On sentait son épuisement. Puis elle est venue. Sans jamais prendre la parole. À la 9e séance, j’ai proposé au groupe de faire un bilan d’où ils en étaient depuis la première fois. Et là, elle a pris la parole en premier ! C’est une vraie victoire qu’elle ait retrouvé l’estime de soi. Elle se maquillait, était allée chez le coiffeur et reconduisait sa voiture. Les personnes me disent qu’elles sont transformées avec les séances. »
Rire au travail
Diplôme sophrologue relaxologue RNCP après plus de 500 heures de formation, Agnès Brunelet découvre le yoga du rire. Une autre manière de lâcher prise qu’elle pratique tant avec des particuliers, tout public, tout âge, qu’en entreprise notamment lors de la semaine de la QVT (qualité de vie au travail). Socobois, Magiline, Troyes Habitat, Troyes Média, l’ADAPT…, de multiples entreprises ont déjà testé le rire pour renforcer la cohésion d’équipe, prévenir le surmenage.
« Je propose des ateliers variés. Les participants sont un peu surpris quand je commence la séance. Non, je ne suis pas un clown ! Quand ils prennent place, ils se posent des questions, me trouvent bizarre. Souvent, ils restent sur la réserve à la première séance et se lâchent à la deuxième ».
Le yoga du rire, Agnès Brunelet le découvre en 2015. Le premier club a été créé en 1995 par Madan Kataria, un médecin indien qui constate que les patients qui rient récupèrent plus vite. « Le yoga du rire, c’est mon chemin de vie, pourquoi je ne l’ai pas fait plus tôt ! » poursuit Agnès formée à la pratique et qui se perfectionne régulièrement. « Les bénéfices du rire sont importants. Cependant, nous rions seulement 3 minutes par jour alors qu’on devrait rire 10 à 15 minutes, nous sommes en carence de rire. Nous constatons la tristesse des gens, la peur, l’angoisse du lendemain. Avec ces petites parenthèses, en fin de compte, j’amène de la légèreté. Il s’agit vraiment de se reconnecter à soi-même ».
Le corps ne fait pas de différence entre le rire naturel et le rire provoqué. Rire va ainsi oxygéner le cerveau et le corps, diminuer la production de cortisol, l’hormone du stress, augmenter les endorphines, les hormones du bien-être et du bonheur. Le yoga du rire apporte rapidement un état de bien-être. « En une séance, on voit le bénéfice ». Après un petit échauffement, Agnès lance le processus du rire pour entrer dans le jeu du rire.
« Ce sont des exercices effectués par groupe de 12 à 15 personnes. Nous travaillons sur la respiration, la méditation du rire, puis nous fermons les yeux et là, on laisse venir le rire, le rire naturel, son rire. C’est communicatif, cela se termine généralement en fou rire et tout le monde en profite. Ensuite,la séance s’achève par un moment de relaxation pour apaiser son corps. »
Le Yoga du rire est ouvert à tous une fois par mois et Agnès essaie de mailler tout le département de l’Aube. Pour rompre l’isolement, le yoga du rire se pratique aussi en ligne lors des Happy Visio. « Quand je vois le bonheur qu’on apporte aux gens avec les séances de sophrologie et de yoga du rire, c’est extraordinaire cette petite flamme. Nous sommes jusqu’à 150 en visio et j’ai déjà eu 900 inscrits qui peuvent accéder au replay ». Agnès Brunelet envisage d’ailleurs de développer les webinaires pour permettre au plus grand nombre de profiter des séances et continuer d’allumer cette petite flamme dans les yeux, le cœur des participants et à la commissure des lèvres.