Adrien Guilloux
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Adrien Guilloux

Un battant jamais au tapis.

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Photo d'Adrien Guilloux
Adrien Guilloux porte la double casquette de co-gérant de la société de transport du même nom et la fonction de président du club de judo de Juniville. (Crédit : PR)

Adrien Guilloux a passé l’essentiel de sa jeunesse au sein du village de Juniville où il a suivi tout son cursus scolaire « Mon frère Clément, ma petite sœur Pauline et moi avons aussi grandi en y pratiquant le judo dans les rangs du club local, créé en 1984 par mon père, et qui vient de fêter ses quarante ans cette année ».

Les deux frères ont ensuite pratiqué la discipline au Pôle France, avant de se retrouver à 16 et 19 ans à l’Institut du judo et du Pôle France d’Ile-de-France, qui leur ouvre les portes en 2011, en décelant chez eux une forte détermination. « Nous avons tous les deux fait partie du Top 3 et Top 5 français durant huit ans mais sans prétendre à une sélection en équipe de France. Cela nous a tout de même permis d’intégrer l’INSEP et pouvoir être partenaire d’entraînement de Cyrille Maret et Teddy Riner avant leurs grosses échéances ».

Malgré une anomalie de naissance lui ayant occasionné six passages sur la table d’opération et la pose de prothèses, Adrien parvient à se hisser, à 24 ans, sur la troisième marche du podium des championnats de France Première division dans la catégorie moins de 100 kg alors que Clément obtient le titre national à l’âge de 22 ans en moins de 80 kg.

Moniteur d’auto-école

Après avoir passé un baccalauréat STI ( Sciences technologiques industrielles) en horaires adaptés, Adrien Guilloux va par la suite commencer à mettre les pieds dans la PME familiale en validant un diplôme de moniteur d’auto-école pendant quatre ans en parallèle de ses entraînements à Paris. « Par la suite, j’ai commencé à rouler comme chauffeur lors de voyages clés en mains au cours desquels j’emmenais nos clients à l’étranger uniquement les week-end ou les semaines où je n’avais pas d’entraînements. Car à cette période, j’étais encore focalisé sur les Jeux Olympiques et j’espérais être retenu. J’avais tout mis en place pour y arriver mais cela ne s’est pas déroulé comme je l’imaginais ».

En 2019, après avoir rangé son kimono et mesuré de plein fouet l’impact du Covid « qui sans lignes régulières et scolaires avait totalement privé l’entreprise familiale de volumes d’affaires », Adrien Guilloux renforce le staff de la société familiale en devenant avec son frère co-gérant de la société. Auprès de leur père, Eric, de l’oncle Hervé et de la tante Anne et du cousin Jules, ils assurent la succession des grands parents Guilloux, Bernard et Claudette, fondateurs de la société en 1959.

« On se bat autant dans notre mission économique quotidienne que sur les tatamis. »

« Après la crise sanitaire, nous avons réfléchi à une nouvelle manière de prospecter, changé la façon d’investir dans la flotte de véhicules et cherché de nouvelles possibilités de développement. Aujourd’hui, on assure les déplacements du club de basket marnais de Pro B et des footballeurs de Charleville/Prix-lès-Mézières en N3, et on développe le marché du tourisme avec l’appui d’agences franciliennes et étrangères tout en s’ouvrant à l’évènementiel avec des maisons de Champagne. Nous avons même travaillé avec le Cabaret vert en assurant les déplacements d’artistes de l’aéroport de Charleroi (Belgique) au site de La Macérienne. Nous proposons aussi des voyages clés en mains à des comités d’entreprises. Nous avons, par ailleurs, étoffé notre flotte de 14 véhicules avec quatre navettes neuf places VIP et deux bus de grande capacité à double étage de 83 à 85 places auxquels vient bientôt s’ajouter un bus neuf. Enfin, on envisage de répondre au printemps prochain à l’offre des mariages avec des voitures haut de gamme ».

Aujourd’hui, la société de Transports Guilloux se trouve en pleine évolution. Son chiffre d’affaires est passé en l’espace de quatre ans et demi de 800 000 euros à 4,5 millions. Dont 85% réservé au secteur du tourisme et des transports en commun. Elle emploie entre 33 et 38 salariés dont 15 à 18 chauffeurs attitrés « qui sont nos premiers commerciaux ».

« Depuis deux ans, nous recrutons deux à cinq salariés par trimestre, nous attendons aussi l’arrivée d’un commercial haute pointure et d’un chef d’exploitation. Notre petite entité a donc bien grossi ». En évoquant cette progression, Adrien, devenu entrepreneur à part entière, ne manque pas de « faire un parallèle direct entre le sport de haut niveau et la vie de chef d’entreprise. Mon frère et moi n’avons pas suivi d’école de commerce, mais on se bat autant dans notre mission économique quotidienne que sur les tatamis. Avec le même objectif : performer pour gravir des échelons et développer l’entreprise. C’est une autre forme de compétition mais c’est un challenge identique pour faire grandir notre société et satisfaire la clientèle ».

Place à la Judo Pro League

Le judo n’est pas pour autant oublié puisque la famille Guilloux s’est totalement investie dans un autre défi important : la participation d’une franchise Juniville-Marnaval à la Judo Pro League par équipes mixtes (5 filles, 5 garçons) qui réunit les plus gros clubs français (Marseille, Nice, le champion de France en titre, le PSG, Nantes, Auxerre, Montpellier, Orléans, etc…). Un sacré casting. « Après avoir réglé nos droits d’entrée (25 000 euros), on a mis en place une équipe professionnelle réunissant les deux meilleurs clubs formateurs en Champagne-Ardenne, Juniville et Marnaval / Saint-Dizier plus des espoirs du Grand Est et deux internationaux cubains : Andy Granda et Silva Morales. L’idée est de permettre à nos licenciés de vivre de leur sport et, pour notre club, de ne pas être pillé par les grandes entités », précise celui qui est directeur technique d’une structure qui aura un budget de 140 000 euros cette année. Le petit club de Juniville (220 licenciés dans un village de 1 200 habitants) sera ainsi convié à défier à partir du 9 octobre le gratin de l’élite française dont les Riner, Gaba et Boukil. Il espère se qualifier pour les quarts de finale qui pourraient alors se tenir à Charleville-Mézières après avoir évolué à la salle Chausson de Rethel le 13 novembre.

« Partenaire de notre club et judoka ceinture noire, Sylvain Duménil à l’initiative de la sucrerie du Hameau à Saint-Germainmont où on prévoit d’organiser un séminaire avec notre champion olympique, Axel Clerget, sera le responsable des gros sponsors de la Judo Pro League ».

Les réseaux tissés avec le judo ont d’ailleurs permis à Adrien Guilloux de nouer des liens professionnels avec la fédération française. « On a déjà assuré les navettes de l’hôtel aux sites de compétitions des judokas français et étrangers lors du Grand chelem de Paris, des championnats d’Europe à Montpellier, des Open internationaux cadets et juniors et bien sûr des Jeux Olympiques de Paris en tant que partenaire de France Judo et de Clarisse Agbegnenou à qui nous avions attribué un service de navette privée. Sans oublier Samsung, un des grands sponsors des J.O. »