Delphine Manceau
Invités / Entretiens

Delphine Manceau

Engagée pour la jeunesse.

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Qui êtes-vous ?

« Bonjour. Je suis Delphine Manceau, j’ai deux enfants et je dirige NEOMA Business School depuis presque cinq ans maintenant. »

Comment se porte NEOMA Business School ?

« Nous avons énormément progressé. Il y a cinq ans, nous étions classés douzième ou treizième et progressivement nous sommes montés dans les classements. Aujourd’hui, nous sommes entre la cinquième et la septième place. Là, pour être honnête, notre objectif est de nous stabiliser et de consolider ces places-là. Je pense que c’est important aussi que ça s’installe et qu’on ne se disent pas « Ah ! Tel classement a été bon », mais qu’on se dise « C’est la place naturelle de NEOMA. »

Quelles sont les clés du succès ?

« Les clés du succès, c’est d’y croire. C’est l’enthousiasme et puis c’est d’avoir des belles équipes autour de soi. Aujourd’hui, les équipes NEOMA, elles croient au projet. Elles ont envie qu’on progresse. Et donc il y a un vrai enthousiasme collectif autour du projet de l’école, que ce soit du côté des étudiants, des alumnis, et puis bien sûr du côté des professeurs et des collaborateurs. Pour moi, la plus grande fierté, ce ne sont pas les classements, mais c’est d’avoir recréé de la fierté. C’est qu’aujourd’hui, les gens qui travaillent à NEOMA, les étudiants qui sont à NEOMA, soient fiers de leur école. Et quand je vois ça dans leurs regards, c’est ma plus belle récompense. »

Comment développe-t-on la culture de l’innovation à NEOMA ?

« Cela fait partie de notre ADN. NEOMA était depuis très longtemps innovante, depuis plusieurs décennies. Nous avons créé le CESEM et TEMA, qui sont des programmes encore aujourd’hui très originaux et très en pointe. Et c’est vrai qu’on a relancé cette culture de l’innovation. Alors, comment on fait pour développer une telle culture ? D’abord, on dit que tout est possible. On dit qu’on peut se tromper. Parce quand on innove, parfois on réussit, parfois on rate. Mais ce n’est pas grave de rater, ce qui compte c’est d’avoir essayé. On essaie vraiment d’inculquer une culture « Test and Learn ». On teste des choses. Ce n’est pas « Test and Succeed », ce n’est pas tester et réussir. Mais c’est d’apprendre du test. »

« Et puis nous essayons plein de nouvelles choses. Nous avons été les premiers à lancer des cas en réalité virtuelle immersive, nous avons été les premiers à lancer un campus virtuel au moment de la pandémie. Nous testons aussi de nouvelles pédagogies non-technologiques, car l’innovation, ce n’est pas seulement la technologie. Par exemple, on a un système d’apprentissage entre étudiants pour que les étudiants qui sont bons en maths, en économie, en comptabilité, en anglais, soient les mentors de leurs camarades qui sont moins bons. Alors ça existe partout, même à l’école primaire. On s’organise toujours avec un copain pour qu’il vous aide ou qu’il vous apprenne. Mais nous on l’a un peu structuré et puis c’est animé par un professeur. »

Expliquez-nous le succès de votre binôme avec Michel-Edouard Leclerc ?

« Je pense que c’est qu’on s’entend très bien. Finalement, je crois que tous les deux, on apprécie beaucoup ce qu’on fait. Je pense que tous les deux, on est très engagé vis-à-vis de la jeunesse. Michel-Edouard Leclerc, il donne l’impulsion, il a de fortes convictions sur certains sujets, par exemple sur la diversité sociale et sur la politique de bourses. Il nous a beaucoup challengé à son arrivée, nous avons triplé notre budget bourse en deux ans. »

« Il a aussi beaucoup poussé la création de conférences de grands dirigeants sur les sujets de la transformation environnementale et sociétale. Donc, il a des sujets de prédilection et on partage ses convictions. Et il aime beaucoup échanger avec les étudiants. Au final, je crois que nous sommes très complémentaires. Lui, il a cette vision de grands dirigeants d’entreprise. Moi j’ai fait tout mon parcours professionnel dans l’enseignement supérieur. Donc, nous sommes chacun sur des terrains différents mais complémentaires . Et puis encore une fois, nous nous entendons bien, donc nous pouvons tout se dire. Je considère que c’est une immense chance pour moi d’avoir Michel-Edouard Leclerc comme président. »

NEOMA a beaucoup de projets importants en parallèle...

« C’est très important et puis c’est assez passionnant. Parce que construire un nouveau campus, c’est se demander comment on enseignera dans 10, 20, 30 ans. Qu’est ce qui est important pour les étudiants, pour le personnel, pour les professeurs ? Parce que finalement, les lieux, c’est ce qui permet des choses. Si on a des lieux qui sont trop figés et bien il y a certaines pédagogies qu’on ne pourra pas déployer. Si on n’a pas des lieux adaptés à la vie étudiante, à la vie associative, à la vie sportive, et bien nos étudiants ne pourront pas développer ces activités. Donc un campus est ce qui permet de faire des choses. »

« C’est vraiment important parce que ça peut être bloquant ou au contraire facilitant. Et on est dans une période, notamment après la pandémie, où on s’est rendu compte d’abord combien le présentiel était important, combien la vie étudiante, la vie collective, l’épanouissement des étudiants étaient essentiels pour le succès des études. Et en ce sens, notre métier a un peu changé car la partie enseignement reste essentielle mais on s’est rendu compte que tout ce qu’il y avait autour était absolument fondamental pour le bonheur de nos étudiants et donc pour le succès de leurs études. Et cela concerne aussi bien les étudiants que le personnel et les professeurs. »


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Vous avez surtout un projet de grand campus à Reims...

« Parfois on me dit : « est-ce que vous avez besoin de moins mètres carrés que ce que vous auriez dit il y a trois ans ? » En fait, non. Mais ce sont des mètres carrés différents, beaucoup plus orientés vers la vie étudiante. Donc c’est vrai qu’il y a six mois, nous avons ouvert un nouveau campus à Paris qu’on avait lancé avant la pandémie. Il fait 6 500 mètres carrés, sachant que le projet à Reims en fait 35 000. Donc nous ne sommes pas du tout dans les mêmes échelles, ni dans le même nombre d’étudiants. Par contre, ce qui est formidable, c’est qu’aujourd’hui à Paris, dans tous les espaces que nous avons créés, nous avons vraiment privilégié une diversité d’espaces. »

« On a des salles de cours classiques, des salles de créativité, des amphis complètement modulaires, beaucoup d’espaces de coworking étudiants. Et je passe mon temps à aller dans ces espaces et voir où il y a du monde et où il n’y a personne. S’il n’y a personne, c’est qu’on a un peu raté notre coup. Heureusement, il n’y a pas trop d’endroits où il n’y a personne. Et là où il y a plein de monde, cela veut dire que les espaces ont trouvé leur usage. Et c’est une grande chance d’avoir fait ce campus parisien avant le campus de Reims, parce que ce qu’on a testé, ce qu’on est en train de tester à Paris, on va pourvoir le déployer à grande échelle à Reims. Là aussi on fait du « Test and Learn » et on se donne rendez-vous en 2025 sur le nouveau campus rémois. »

Question personnelle : vous êtes Chevalier de la Légion d’Honneur, c’est votre grande fierté ?

« Non, les vraies fierté, ce sont des fiertés plus personnelles. La Légion d’honneur est une fierté professionnelle. Mais cela m’a beaucoup touché. Je suis fière de vivre dans un pays où on donne une décoration à des gens qui sont dédiés à la jeunesse, à l’enseignement supérieur, aux métiers de demain. Et donc cela a été important pour moi. Je me suis vraiment sentie honorée en tant que personne mais aussi pour toute la profession et pour toute l’école parce que cette décoration est pour NEOMA avant tout avant d’être pour Delphine Manceau. »