Urbaniste par passion
Sandrine Klein. L’urbaniste auboise, qui a créé l’agence Perspectives Urbanisme et Paysage et plus récemment l’entité Vilio, travaille avec les élus pour transformer les territoires.
Si les voyages forment la jeunesse, certains séjours donnent du ressort à toute une existence. Sandrine Klein avait 17 ans lorsqu’elle est partie aux Etats-Unis. « C’était dans le cadre de l’association AFS Vivre sans frontière, l’idée étant d’adopter une culture nouvelle et une famille – à une époque où il n’y avait ni internet ni téléphones portables. J’étais complètement coupée des miens, le seul lien était la lettre papier ». Cette expérience sera un moment clé de son parcours et l’aidera même à faire face à certaines situations.
De retour en France, bac américain en poche, la Troyenne n’aspire qu’à une seule chose, « faire [ses] études à Paris pour avoir accès à toutes les bibliothèques et tous les musées » que compte la capitale. Après une maîtrise en commerce international, Sandrine Klein envisage de poursuivre ses études. « Je me suis rendu compte que le commerce international ne correspondait pas à mes valeurs ou mes objectifs de vie. J’avais choisi cette voie par goût des voyages ». Elle découvre alors l’Institut d’Urbanisme de Paris.
« J’ai été sélectionnée et cela a été pour moi une révélation, une grande passion. J’ai découvert toutes les disciplines qui entrent dans le champ de l’urbanisme. Ce qui me plaisait, c’est que cela me nourrissait en termes de culture et de créativité. Les volets sur l’habitat, le cadre de vie... étaient très intéressants ». Au cours de cette formation de deux ans, elle sera amenée à analyser comment ont évolué les territoires, en France ou ailleurs, et à réfléchir sur la façon dont les urbanistes en herbe allaient participer à l’évolution des territoires de demain.
Une formation enrichissante
« Dans ma promotion, il y avait des architectes, géomètres, géographes, sociologues… Nous représentions un panel de formations très différentes et étions tous unis par une seule envie de participer à l’évolution de la manière de vivre de demain. Et ça, c’était extraordinaire », s’enthousiasme la dynamique passionnée. Avec un DESS urbanisme et gestion des villes en poche, elle entre en 1996 dans un bureau d’études à Metz. L’occasion pour elle de découvrir la Lorraine et de faire face aux problématiques liées à la crise de la sidérurgie. « Forte de cette expérience et de rencontres, j’ai eu envie de créer mon bureau d’études. C’est ainsi qu’il y a tout juste vingt ans, j’ai créé dans l’Aube le bureau d’études Perspectives Urbanisme et Paysage », relate la dirigeante.
Se sentant suffisamment armée grâce à sa formation initiale et très motivée de par son goût pour l’entrepreneuriat, elle voyait ses forces décupler en pensant qu’elle allait travailler avec ses valeurs : « J’ai un grand respect pour la fonction d’élu et je voulais aussi travailler là où il y avait beaucoup d’échanges. Donc pour des villes moyennes et en milieu rural ». Sandrine Klein travaille dans le grand quart nord-est.
On s’appuie vraiment sur les ressources de chaque territoire, qui est unique
« Spécialistes d’urbanisme réglementaire (plan local d’urbanisme et carte communale), nous accompagnons aussi des aménagements pré-opérationnels – beaucoup d’espaces publics, de traversées de communes. Ce sont des missions différentes et complémentaires, la planification et tout ce qui est projet d’aménagement paysager urbain dans un souci de développement durable et d’anticipation des attentes dans l’évolution des modes de vie. Notre base line : penser les territoires en mieux, mieux vivre, mieux travailler, mieux habiter, mieux échanger. Mon métier, c’est aussi tout ce qui est participation citoyenne, concertation », explique l’urbaniste.
Ne travaillant qu’avec des collectivités locales, elle est « soumise aux appels d’offres, la plupart du temps ». « On travaille également beaucoup pour les intercommunalités et on accompagne sur des schémas directeurs d’aménagement comme sur les plans de relance et de transition écologique, les dispositifs petites villes de demain », ajoute-t-elle.
La thématique Smartcity
Voilà cinq ans, Sandrine Klein a commencé à s’intéresser à la thématique de la SmartCity, au point d’aller en visiter à l’étranger, de se former et de mettre en pratique la réflexion à l’échelle européenne sur les Smart Villages dans le cadre de revitalisation de bourg. « J’ai approfondi ce domaine car c’est en lien avec mon souci du mieux vivre ensemble et de comment donner aux villes moyennes des outils pour maintenir, voire retrouver, une certaine vitalité qui corresponde aux besoins et aux attentes des habitants aujourd’hui », fait valoir Sandrine Klein.
C’est ainsi qu’elle a créé l’entité Vilio, répondant à toutes ces attentes, dans la continuité de Perspectives mais en se focalisant sur l’innovation territoriale. « On s’appuie vraiment sur les ressources de chaque territoire, qui est unique. On va essayer de trouver des leviers d’attractivité pour les territoires dans le numérique. On le faisait déjà depuis quelques années et est arrivé 2020. On s’est rendu compte qu’on était dans le vrai », insiste l’urbaniste chevronnée. Et effectivement, le télétravail a par exemple induit un flot de questions concernant l’habitat et les problématiques de réchauffement climatique et de réduction des consommations d’énergie.
Le territoire en avant
Sandrine est également vice-présidente et trésorière de l’office professionnel de qualification des urbanistes. Celui-ci a pour objectif de qualifier à la fois des urbanistes en tant que personnes et des structures afin de garantir aux maîtres d’ouvrage une qualité de services. En 2019, Perspectives a d’ailleurs été la première structure qualifiée en France. D’autre part présidente de la commission urbanisme d’Envirobat Grand Est, elle donne en outre des cours et est formatrice au CNFPT. Elle intervient également à l’IATEUR, institut d’urbanisme à Reims.
Partenaire de Demain dès l’Aube, l’urbaniste troyenne fait partie du groupe d’organisation des Rendezvous des Entrepreneurs avec leurs Territoires, dont le 2e événement a eu lieu en juillet dernier : « Très novateur, ce rallye est en quelque sorte un salon à l’envers. Ce sont les collectivités qui se mettent en valeur… Cela rejoint mes préoccupations de prouver aux collectivités que chaque territoire est unique et mérite qu’on s’y attarde, pour ses paysages, ses ressources, humaines, de productions locales (avec le développement des circuits courts). Pour que les entreprises aient envie de travailler avec elles ».