Hommes et chiffres

Platinorama, bien plus qu’un simple disquaire

Culture. Maintes fois voué à une mort certaine, le vinyle connaît pourtant un regain d’intérêt depuis quelques années.

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Musicien de talent, Nawfel a créé Platinorama à son image, dans le coeur historique de Soissons. Jazz, blues, rock, soul… (Crédit : Nawfel - Platinorama)

Si bien que l’an dernier, cinq millions de « 33 tours » ont été vendus en France, soit une augmentation de 54 % par rapport à l’année précédente. Depuis le 12 juillet et l’ouverture de Platinorama en centre-ville de Soissons, l’Aisne compte à nouveau un disquaire indépendant. Son créateur est loin d’être un inconnu puisqu’il s’agit de Nawfel, guitariste prodige, qui a joué notamment avec Deep Purple et a enregistré son premier album à Los Angeles à seulement 13 ans.

Après plusieurs années outre-Manche à poursuivre sa carrière artistique, l’enfant du pays est revenu dans la cité du Vase, peu avant le confinement, pour composer et concrétiser un projet qui lui tenait à cœur : ouvrir une boutique dédiée aux vinyles et à l’esprit vintage. En stock : près de 1 600 disques couvrant la période des années 1960 au début des années 1990 qu’en collectionneur érudit le maître des lieux a réunis au fil des années. « Mon rôle est d’être plus un interlocuteur qu’un simple vendeur. L’objectif est de faire partager cette passion et de faire découvrir de nouvelles pépites. »

LA NOUVELLE GÉNÉRATION EN FORCE

Et cette frénésie pour ce que beaucoup de mélomanes considèrent comme un objet culte n’est pas près de disparaître comme le souligne le gérant. « Lorsque j’ai établi mon business plan, je ciblais les 25-65 ans, une clientèle d’amateurs de musique avertis et bien, je me suis complètement planté. S’ils sont bien au rendez-vous, j’ai aussi énormément de 16-25 ans qui viennent dans la boutique. Les séries actuelles comme Stranger Things qui surfent sur la vague vintage et les bio-pics d’Elvis ou de Queen ont mobilisé les plus jeunes qui s’intéressent aux vinyles et demandent conseils. Il n’est pas rare qu’ils recherchent tel ou tel disque de Kate Bush ou de Metallica. »

Avec sa devanture qui reprend les codes des sixties, Platinorama offre une délicieuse plongée dans l’imaginaire des Trente Glorieuses, d’ailleurs, Nawfel qui poursuit, en parallèle, sa passion pour la musique, nourrit d’autres projets avec en toile de fond, la « communauté vintage » qui gagne chaque jour de plus en plus d’adeptes. La création d’un label ou d’un magazine ? « Platinorama n’est finalement qu’un prétexte. Je suis en ébullition. Je fourmille d’idées », prévient le guitariste.