Hommes et chiffres

Loïc Gobé au conseil des Prud’hommes : acte 3

Justice. L’alternance étant un rituel au conseil des Prud’hommes, Loic Gobé, représentant du collège employeurs, succède à Sandrine Parizel à la présidence.

Lecture 4 min
Conseil des Prud'hommes
(Crédit : Pixabay)

Avant de déclarer l’année judiciaire 2022 close et de passer le relais à son successeur, Sandrine Parizel (collège salarié) a dressé le bilan écoulé du Conseil lors de l’audience solennelle de rentrée. En rendant compte de cette activité, elle a souligné que 611 affaires avaient été traitées contre 409 en 2021. Une hausse s’expliquant en partie par une importante série de dossiers émanant de la section Industrie.

218 affaires ont été audiencées et 17 (soit 7,8 %) fait l’objet d’une conciliation totale. « Une légère amélioration qu’il faudra confirmer cette année ». La juridiction a enregistré 244 affaires nouvelles dont 60 rien qu’en référés, soit une augmentation de 63% par rapport à 2021. Le taux d’appel qui s’élève à seulement 19,76 % se situe bien dessous de la moyenne nationale qui avoisine 63 %.

Si les conseillers non professionnels n’ont pas chômé, le délai moyen de jugement s’élève à 31,8 mois contre 22,7 mois en 2021. D’où la nécessité pour Sandrine Parizel de « revenir à des délais raisonnables pour le justiciable ».


>LIRE AUSSI : Harcèlement sexuel et agissements sexistes au travail : entre tour de vis du législateur et éclairage clair-obscur jurisprudentiel


Dans son discours, Sandrine Parizel a déploré que « la Justice souffre d’un manque criant de moyens. Les budgets alloués sont bien en dessous des besoins. Selon un rapport de la Commission Européenne pour l’efficacité de la justice, la Chancellerie a dépensé 69,5 euros par habitant pour son fonctionnement quand l’Allemagne en dépensait 131,20 euros et l’Italie 89 euros », a-t-elle révélé en regrettant cette volonté de rationaliser les moyens qui débouche sur la lente agonie des conseils prud’homaux.

Pour un statut de juge du travail

Photo de Loïc Gobé
Loïc Gobé a désormais ses habitudes à la tête du Conseil des Prud’hommes. (Crédit : PR)

Loïc Gobé, le nouveau président n’est pas un inconnu puisqu’il a déjà occupé ce poste à deux occasions ces dernières années en tant que membre du collège employeur.

Directeur d’agence et responsable d’exploitation chez Lustral entre 2011 et 2015 puis gérant des entreprises, Gohome Services, Goprint et Goclean, de 2015 à 2021, Loïc Gobé est aujourd’hui à la tête de la société de services à la personne Helpi qui emploie 200 salariés dans les Ardennes et la Marne. Lui et ses 29 nouveaux conseillers entament un mandat de trois ans.

Dans ses propos d’intronisation, il a rendu hommage à Joël Bruyère, Isabelle Callaud, Bruno Campagnolo, Amélie Coulanges, Jean-Michel Prévost et Martine Rentier qui cessent leurs fonctions avant de féliciter Daniel Petit, Patric Benyoucef et Robert Eltrudis qui ont présidé le Conseil durant 18, 32 et 35 ans. Sans oublier Mme Kapyrka, la cheffe des services de greffe du pôle économique et social qui vient de faire valoir ses droits à la retraite.

Par la suite, Loïc Gobé a noté que le taux de départage était passé de 25 dossiers à 1 929 (768 % d’augmentation !) de 2019 à 2022. Il n’a pas écarté l’idée de devenir un jour « juge du travail ». Et « pourquoi pas porter la robe de magistrat pour les audiences. Ce serait un acte fort de réelle légitimité de notre instance ».