Hommes et chiffres

La réindustrialisation de la France servie au café-éco

Industrie. Pour Vincent Charlet, délégué général du Think Tank de la Fabrique de l’industrie, invité par le Rotary, la désindustrialisation est grave pour les populations concernées et pour le territoire « quand l’usine disparaît, c’est dur pour le territoire ».

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Photo de Vincent Charlet à Troyes
Vincent Charlet à Troyes pour une conférence organisée par le Rotary. (Crédit : MBP)

« Quelle bêtise d’imaginer que nous pouvons rester souverains sans industrie ! Il y a eu des choix faits autour de la baisse de l’industrie, des choix de vie avec la migration vers les centres urbains des populations qui se détournent vers la consommation de services et de loisirs et des choix politiques d’abandon de l’industrie ». Ajoutant que la désindustrialisation a creusé un grand nombre de fossés en faisant disparaître la classe moyenne et brisant toute possibilité d’ascenseur social, bloquant les gens en haut ou en bas de l’échelle sociale.

Si la désindustrialisation a favorisé le commerce mondial, cette ouverture des échanges restent une chance et un facteur de paix et de stabilisation géopolitique. Évoquant l’Allemagne et la Corée avec des clusters qui forment des industries fortes et la reconnaissance de leur spécialisation sur l’automobile et l’électronique avec des ventes mondiales en croissance et donc des investissements et les recrutements afférents. « En France, c’est ce qui se passe pour l’aéronautique, mais à une plus petite échelle trop petite pour être significative ».

Retrouver l’exception française

Après un état des lieux, un constat sur lequel il est impossible de revenir et qui apparaissait légitime sur le moment, l’économie agroalimentaire, chimie, mécanique et automobile pourraient être des leviers en France. « Je trouve que le débat sur la réindustrialisation a des allures de martingale. On promet des choses aux populations qu’on ne pourra pas tenir. » « Les pressions qui s’exercent sur l’industrie ne doivent pas cesser. On s’en sortira mieux. ». De l’avis de Vincent Charlet, « si les entreprises sont mécaniquement plus nombreuses et plus prospères, elles exercent des effets d’entraînement sur le reste de l’activité.

Si les services se renforcent, l’industrie se renforce », pointant du doigt les nomenclatures déconnectées de la statistique qui faussent les données entre les développeurs et les fabricants : « On débat beaucoup de l’état de santé du patient mais avec de mauvaises statistiques. Les emplois productifs et économiques débordent du seul périmètre manufacturier. Il faut que les statistiques soient remises à plat à l’industrie étendue et il faut que la France retrouve son exception. Il ne faut pas s’interdire d’envisager la réindustrialisation sous cet angle ».