Hommes et chiffres

François Marbaix : « Un déficit d’image mais un tissu économique très dynamique »

Conjoncture. Le Directeur départemental de la Banque de France des Ardennes, François Marbaix, a animé une conférence détaillant la situation économique des entreprises ardennaises, trois mois à peine après son arrivée dans le département.

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Graphiques représentant les statistiques du territoire
(Crédit : Banque de France)

On peut dire qu’il n’a pas chômé. Trois mois après son arrivée dans le Département comme Directeur de la Banque de France des Ardennes, François Marbaix a présenté aux acteurs économiques du territoire – élus, chefs d’entreprises, responsables des chambres consulaires – et au public, un panorama de la situation économique des Ardennes.

Et contrairement à ce que l’image collective renvoie, les Ardennes ne sont pas un territoire sinistré, loin de là même. Pour commencer, François Marbaix évoque l’évolution du nombre d’entreprises par secteur d’activité. « Nous constatons une progression régulière du nombre d’entreprises dans le département : +6% de créations en 2021 et +5% en 2022. »

Dans le secteur des services par exemple, les Ardennes enregistrent 212 nouvelles créations en 2022, le secteur du commerce 108, celui du bâtiment 82 et le secteur industriel 39 créations. « On constate une grande proportion de microentreprises (85%). Les TPE sont de 13% les moyennes entreprises de 2% », précise celui qui auparavant occupait le poste d’Adjoint au Directeur des Affaires régionales, à Strasbourg. Ainsi, si le secteur du service est en tension au niveau des recrutements, il n’en reste pas moins dynamique dans la région.

Coté défaillances, rien de très négatif non plus, puisqu’en 2022, dans les Ardennes, elles sont en deçà du niveau de 2019 (111 contre 188). « On revient à une sorte de normalité du jeu économique avec un nombre de défaillance pour 2023 qui semble suivre la courbe de 2019. Après deux années d’aides de l’État, on revient à des chiffres d’avant-crise sanitaire. Ce qui ne fait pas des Ardennes un département en particulière difficulté. »

De jeunes dirigeants

La tranche d’âge des dirigeants vient confirmer cette tendance avec une tranche d’âge majoritaire pour les moins de 49 ans (52%), « ce qui révèle un vrai dynamisme du territoire », qualifie François Marbaix.

« Cela signifie que la relève est là, que la transmission des entreprises s’effectue correctement et qu’il y a une continuité avec les nouvelles générations. C’est un signe très positif car cela n’était pas forcément le cas auparavant. » Un constat qui vaut aussi pour le secteur de l’industrie, « un secteur très fort localement, avec la forge et la fonte, une vraie chance de rebond ».

Un enthousiasme un peu terni cependant avec le taux d’exportations directes. « C’est une petite déception pour un département qui partage trois frontières. Le taux d’exportations directes, s’il est en progression, à 18,62% en 2022 contre une moyenne de 17,5% les autres années, reste en-deçà du taux d’exportation national à 19,57% et du Grand Est à 19,91% », note le Directeur départemental qui insiste sur un « axe fort de développement et de progression. »

Un potentiel mesuré avec un taux de marge brute d’exploitation, « loin d’être en perte de vitesse » tout comme le rendement de la main d’œuvre, qui « entre ce qu’elle coûte et ce qu’elle rapporte, a gardé le même trend, en continuant d’apporter de la valeur ajoutée à l’entreprise malgré l’augmentation des salaires. Là encore, cela signifie que les entreprises créent de la richesse. » Un indicateur confirmé avec des taux d’investissements soutenus dans les outils de production.

Les indicateurs au vert

Et qui dit investissements dit recours au crédit. Or si les taux ont sensiblement augmenté, les encours de crédits à moyen et long terme restent soutenus, avec une évolution de 10,7% sur le mois de juin contre une moyenne de 4,1% au niveau national. « Là encore, ce sont des signaux positifs pour le tissu économique », insiste François Marbaix. Un investissement qui, en 2022, est combiné avec un bon taux de remboursement des PGE.

« Dans les Ardennes, le capital restant dû est de 53,4% contre presque 60% au niveau national. Ce qui veut dire que les entreprises ardennaises remboursent plus vite et donc, disposent de trésorerie suffisante pour le faire. » Une donnée confirmée par les cotations de crédit Banque de France, indiquant la capacité de l’entreprise à honorer ses engagements financiers à un horizon de 3 ans. Pour l’attribution de la cotation, la Banque de France prend en compte des éléments qualitatifs, notamment recueillis auprès des chefs d’entreprise.

« Dans tous les secteurs, que cela soit dans le bâtiment, le commerce, l’industrie ou les services, les indicateurs sont au vert, avec des cotations d’excellentes à très satisfaisantes », indique François Marbaix. Dans leur ensemble, 28% des entreprises ont une cote jugée comme « excellente » aussi bien en termes de rentabilité, de liquidité que d’autonomie et de structure financière solides. 47% ont une cote jugée de « bonne à très satisfaisante », affichant une capacité suffisante à faire face à leurs engagements financiers et étant exposées à un risque de crédit modéré. « Il faut avoir confiance en l’avenir », se veut très optimiste François Marbaix. « Les Ardennes souffrent d’un déficit d’image mais affichent un tissu économique vivant avec de vraies têtes de proue comme Stellantis, La Fonte Ardennaise ou encore Unilin. »