Hommes et chiffres

Franck Leroy : « Les collectivités locales sont le moteur de l’investissement public »

Territoire. Le congrès annuel des maires de la Marne se déroule samedi 16 novembre au Capitole de Châlons-en-Champagne, en présence de Catherine Vautrin, ministre du Partenariat avec les territoires et de la décentralisation.

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Photo de Franck Leroy
(Crédit : Michel Jolyot)

« Elu local : quel défi ! ». Le fil rouge du Congrès annuel des maires de la Marne fait écho à l’actualité des élus locaux, qui font face à de nombreuses réalités du terrain et à de plus en plus de responsabilités. « Nous arrivons sur la fin du mandat des maires (les élections municipales se dérouleront au printemps 2026, NDLR), c’est aussi le moment d’entendre les élus témoigner sur ce qu’est un maire, et sur quelles sont leurs attentes, leurs défis et leurs difficultés », précise Franck Leroy, le président de l’Association des maires de la Marne. Problèmes sociaux, dérèglements climatiques, complexité administrative grandissante, problèmes d’insécurité… les défis sont nombreux et inquiètent souvent les élus.

Si la Marne n’est pas touchée par des incidents ou des difficultés particulières, elle sait qu’elle n’est pas à l’abri pour autant. « Nous sommes peut-être moins impactés par les événements climatiques actuellement, souligne Franck Leroy, mais nous savons que ces événements peuvent se produire à n’importe quel moment et cela créé des inquiétudes chez les élus. Par ailleurs, les maires ne sont pas épargnés par les phénomènes sociaux. Nos concitoyens sont de plus en plus exigeants et individualistes, et cela rend la tâche des élus plus difficile ».

Un effort de 5 milliards d’euros

L’un des principaux défis des élus locaux en 2025 ne sera-t-il pas de devoir faire mieux avec moins de ressources, notamment avec les annonces du gouvernement qui prévoient de réduire encore les dotations aux collectivités ? Ces dernières s’inquiètent des premières pistes annoncées et surtout de la facture à payer, puisque Michel Barnier leur demande un effort de 5 milliards d’euros dès l’année prochaine. « Nous n’avons pas apprécié d’être mis en cause comme étant responsables des difficultés financières de l’Etat et de son endettement », lance Franck Leroy.

« C’est factuellement faux, nous ne sommes par responsables des difficultés de l’Etat et nous dénonçons avec force ces insinuations. Certes, nous sommes reconnaissants à l’Etat d’avoir sauvé de très nombreuses entreprises au moment du Covid avec le « quoi qu’il en coûte », mais aussi lors de la crise énergétique due au conflit en Ukraine, quand nos concitoyens ont été protégés par les filets de sécurité mis en place. Oui, nous avons tous des efforts à faire mais ils doivent être proportionnés et ne pas être imposés de manière aveugle ou brutale », souligne le président de la Région Grand Est qui rappelle que 70% des travaux publics sont l’œuvre des collectivités locales : Régions, Départements, intercommunalités et communes. « Les collectivités locales sont le moteur de l’investissement public », insiste-t-il.

Catherine Vautrin invitée d’honneur

Pour ce congrès annuel, Franck Leroy a donc convié Catherine Vautrin, ministre du Partenariat avec les territoires et de la décentralisation. Invitée d’honneur de la manifestation, elle participera notamment à une table ronde, aux côtés de Franck Leroy et de Murielle Fabre, secrétaire générale de l’AMF, sur le thème de l’assemblée. Une occasion pour les élus marnais de faire connaître leurs attentes à l’ancienne présidente du Grand Reims qui connaît parfaitement les problématiques des élus locaux et qui dévoilera sans doute les grandes lignes de son action ministérielle. A l’heure où l’on attend que le statut de l’élu local soit voté par l’Assemblée nationale (il a déjà été adopté par les Sénateurs avant la dissolution, NDLR), la parole de la ministre est attendue. « Il s’agira pour nous d’en savoir un peu plus sur quelles bases Catherine Vautrin et le gouvernement souhaitent construire une relation nouvelle avec les élus locaux qui, rappelons-le, ne sont pas opposés à l’Etat ».

Peut-être une nouvelle étape vers une plus grande décentralisation ? « La décentralisation, ça marche ! », assure Franck Leroy. « Personne ne dit par exemple qu’avoir confié les écoles aux communes, les collèges aux Départements et les lycées aux Régions c’est une échec ! Bien au contraire, tout le monde peut constater que tous ces établissements sont dans un bien meilleur état aujourd’hui, depuis qu’ils sont gérés par les collectivités locales. On a le sentiment que l’Etat et les collectivités se regardent en chiens de faïence alors que nous construisons ensemble l’avenir du pays. C’est exactement ce dialogue que nous allons avoir avec Catherine Vautrin, qui est une élue locale dans l’âme et avec qui nous allons rechercher des solutions constructives ».

Parmi les attentes des élus, Franck Leroy en désigne une particulièrement souhaitée : « La simplification ! Certaines normes sont utiles mais dans certains secteurs d’activités on en est submergés. Pour avoir été président du conseil d’administration d’un hôpital, j’ai pu constater cette sur-administration du secteur qui alourdit le quotidien et qui, en plus, oblige à créer des emplois pour faire face à cette complexité. Aujourd’hui nous avons besoin de bon sens, arrêtons de vouloir tout réglementer. Que l’Etat reste dans sa sphère, que ses administrations fassent plus simple et que l’on remette du bon sens sur la place publique plutôt que de créer de la complexité ! ».