Christophe Felzine : une réussite professionnelle bâtie sur la coopération
Christophe Felzine. Directeur général du groupement d’économie solidaire Coopelis qui accompagne plus de 200 salariés, Christophe Felzine a œuvré durant 32 ans dans le milieu de l’insertion et la formation.
Fils unique d’un artisan électricien et d’une comptable reconvertie par la suite en parfumerie, Christophe Felzine a passé sa jeunesse à Carignan et Sedan. Une période où il découvre le scoutisme. « Cela m’a apporté le sens du collectif et le goût des voyages après avoir fait des camps en Corse, dans les Alpes , les Pyrénées et dans les gorges du Verdon. Cette expérience m’a fait apprécier le secteur associatif ».
Une fois son bac obtenu en 1989, il effectue des études de droit durant deux ans à Reims « sans avoir aucune projection sur un futur métier ». Il entre alors à l’école de commerce et de gestion de la CCI de Charleville-Mézières. Après trois ans de formation au sein du pôle consulaire, Christophe vit, en 1995, sa première expérience professionnelle au club de football de Sedan comme chargé du marketing et des relations avec les partenaires.
« J’ai côtoyé Bruno Metsu qui a redonné un élan au club mais le mode de fonctionnement du CSSA à l’époque ne m’a pas convaincu de rester ». Ayant eu vent que le directeur de la Mutuelle Ardennaise, Francis Bouchez, recrutait des commerciaux, il répond à l’appel d’offres et se retrouve, en 1997, en poste à Sedan sur un secteur où il est appelé à développer la vente d’outils de prévoyance individuels et collectifs en direction des petites entreprises et des particuliers.
« J’ai appris beaucoup de choses durant deux ans mais sans accrocher plus que cela. J’avais envie d’aller vers autre chose », reconnait-il. En 1999, il trouve chaussure à son pied en travaillant à la Sauvegarde des Ardennes, un établissement d’accueil et d’accompagnement de mineurs rencontrant des difficultés d’apprentissage, qui regroupe plusieurs établissements sociaux dans le Sedanais.
La formation et le social au cœur
Il travaille alors pour le compte de 3AFI (Animation, accompagnement, aide, formation et insertion) comme formateur référent chargé du lien avec les entreprises. « C’est là que tout a commencé pour moi dans le métier que je fais aujourd’hui. Car à partir de 2005, j’ai pris la direction d’un centre de formation porteur d’un chantier d’insertion. Et je me suis vite piqué à la chose en faisant naître des dispositifs comme l’aménagement des espaces ruraux et de randonnées. J’étais vraiment enfin dans mon élément ».
Cette première approche du milieu de l’insertion amène Christophe Felzine à rejoindre fin 2012, le groupement d’économie circulaire Coopelis, constitué sous forme de structures associatives. Cet organisme qui comptait alors deux antennes d’insertion par l’activité économique — la ressourcerie Bell’Ocass à Auvillers-les-Forges qui valorisait et commercialisait des objets de seconde main à partir d’encombrants et Acacia Construction disposant alors d’une scierie à Signy-le-Petit — propose au nouveau venu de monter une plateforme de maraichage biologique à Eteignières, en récupérant des calories de l’unité de méthanisation du centre d’enfouissement d’Arcavi, tout proche, au profit des serres.
« À partir de 2005, j’ai pris la direction d’un centre de formation porteur d’un chantier d’insertion. J’étais vraiment enfin dans mon élément . »
« On partait alors d’une feuille blanche pour faire passer la parcelle en bio, travailler la faisabilité technique du projet et trouver les fabricants avant d’établir le plan de financement et constituer l’équipe d’insertion dédiée à l’exploitation. Ce programme a été mis en place en un an et demi ». Promu, en 2014, à la direction opérationnelle de Bell’Occas et Acacia, il devient l’année suivante directeur général du groupement Coopelis.
Une nomination qui va donner lieu à une vaste réorganisation avec une projection vers de nouveaux projets de développement et l’intégration de nouvelles compétences. Aux deux associations déjà existantes pesant 120 à 130 salariés, vont s’ajouter d’autres associations ayant adhéré au groupement né en Thiérache ardennaise. À savoir : Leda (L’environnement D’Abord) basé à Revin et Vireux-Mohain, Espace Environnement 08 installé à Attigny et Rethel, la ressourcerie marnaise de Dizy, Récup’R, et enfin la plateforme de mobilité ardennaise, Mobil’ Arden.
Combiner coopération et environnement
Avec ces quatre nouvelles activités supports, Coopelis emploie à ce jour un peu plus de 200 personnes et réalise 6 à 7 millions d’euros de chiffre d’affaires dans la menuiserie, la ressourcerie, la valorisation de matières, l’aménagement d’espaces naturels, la réfection de berges, l’éco-pâturage, la production horticole et maraichère, la transformation de produits et la restauration de patrimoine bâti.
Acacia a par ailleurs été redimensionné et déplacé sur le périmètre de l’ancienne base de l’Otan à Regniowez, pour se recentrer sur la réalisation d’aménagements intérieurs et extérieurs favorisant l’emploi du bois, la préparation d’ossature et la fabrication de meubles remanufacturés. Ce qui lui a permis de réaliser de A à Z le projet « Moncornu, l’Ardenne remonte le temps » entamé en 2017 et terminé fin 2020.
« Notre mouvement est porté par les mesures gouvernementales de mise en œuvre des politiques publiques d’emploi et de formation professionnelle. »
Coopelis a maintenant l’objectif de promouvoir son concept dans d’autres départements. Avec deux projets immédiats de ressourcerie. L’un, en cours de concrétisation sur le secteur axonais de Moncornet-Rozoy-sur-Serre ; l’autre à valider en octobre à Uckange (Moselle) pour le syndicat mixte de transport et de traitement des déchets ménagers Lorraine Nord.
« Depuis quelques années, grâce à une injection de moyens historique, notre mouvement est porté par les mesures gouvernementales de mise en œuvre des politiques publiques d’emploi et de formation professionnelle. Cela assure du travail au modèle de l’économie sociale et solidaire qui, en terme de retombées économiques et de lien social, participe ainsi à l’irrigation des territoires ».
D’ici peu, Christophe Felzine s’apprête aussi à prendre la présidence du comité cycliste du Circuit des Ardennes en succédant à André Jacquemart. Avec l’ambition de créer un emploi en faisant appel à un alternant de l’école Y School, maintenir une course à quatre étapes et bénéficier d’une retransmission télévisée sous la forme d‘un décrochage local sur France 3 pour l’ultime étape.