« Annette », un film qui doit beaucoup aux Ardennes
Cinéma. Programmé en ouverture du 74e festival de Cannes et salué par une partie de la critique, le film « Annette » réalisé par Léo Carax avec comme acteurs principaux Marion Cotillard et Adam Driver a obtenu le prix de la mise en scène.
Selon le pitch du film, cette comédie musicale raconte l’idylle d’un couple hollywoodien bouleversé par la naissance de leur fille, Annette, qui connaitra un destin exceptionnel. Jouant le rôle titre du film, Annette n’est autre qu’une marionnette qui présente la particularité d’avoir été imaginée, assemblée et donc créée à Charleville-Mézières. Et cela dans un total anonymat comme l’avait demandé la production qui tenait à garder le secret et la confidentialité.
« Nous avons travaillé les corps et les techniques d’amplitude, de mouvements et d’articulations. »
Associé à ce projet, le marionnettiste ardennais Romuald Collinet, formé à l’ESNAM entre 1999 et 2001 et qui a côtoyé les acteurs du film à Los Angeles raconte. « La compagnie grenobloise La Pendue dont j’ai été à l’initiative avec Estelle Charlier a été contactée, fin 2016, par la production pour mettre en œuvre le personnage titre. Estelle s’est chargée de la sculpture des visages. Pour les corps, nous avons fait travailler des sculpteurs modeleurs parisiens. Et pour ma part, j’ai créé dans un local de la rue de Lorraine, un studio de cinéma de marionnettes improvisé, baptisé « L’Arrière plan », où avec l’aide de quatorze plasticiens, marionnettistes, couturiers et techniciens ardennais spécialement embauchés pour cela, nous avons travaillé les corps et les techniques d’amplitude, de mouvements et d’articulations. »
L’impression 3D au cœur de la réalisation
Des vidéos, des images et des rushs étaient régulièrement envoyés à Léo Carax et à sa chef-opératrice. Pour la conception d’Annette, la compagnie iséroise a aussi étroitement travaillé avec l’EiSINe et son Fablab. L’école d’ingénieurs en Sciences Industrielles et Numérique basée sur le Campus Sup Ardenne a notamment contribué à la numérisation, la conception de certains mécanismes et l’impression du corps. En effet, la marionnette évolue au fur et à mesure du film et on voit donc son visage et ses expressions changer.
Les mécanismes permettant d’interchanger rapidement les visages de la marionnette ont été conçus dans les locaux de l’EiSINe depuis les numérisations 3D. « Nous avons scanné puis retravaillé en CAO tous les visages des sculptures apportées par les marionnettistes afin de concevoir les systèmes de repositionnement », explique Vincent Marquet, ingénieur à l’EiSINe. Les mécanismes motorisés des yeux d’Annette ont également été conçus au sein du fablab carolomacérien.
Au total, la conception et la fabrication de certaines parties de la marionnette à l’EiSINe sur le site de Charleville-Mézières auront représenté 28 heures de scan, 77 heures de CAO et 400 heures d’impression 3D. Aujourd’hui, tous les acteurs ardennais qui ont participé à cette aventure cinématographique sont fiers du résultat de ce long métrage et de sa grande inventivité visuelle.