Yaël Braun-Pivet : du perchoir au sol ardennais
Politique. Elle en était à son 73e déplacement en France depuis juin 2022. Et c’est la première fois qu’elle mettait les pieds dans les Ardennes, direction Forge France et Stellantis, deux entreprises emblématiques de fonderie.
« Ici, je suis à la tâche. J’aime être sur le terrain. Pour un élu (elle est aussi députée des Yvelines), c’est la meilleure façon d’être avec les Français, au contact des réalités », prêchait Yaël Braun-Pivet, la Présidente de l’Assemblée nationale lors de sa visite dans les Ardennes, sur invitation des députés Pierre Cordier et Lionel Vuibert. Chez Forge-France, expert en accessoires de levage, elle a été accueillie par Aurélien Michel, directeur du site depuis 2024. Après avoir pris le temps de discuter quelques minutes avec des élus de la communauté de communes Vallées et Plateau d’Ardenne, elle a pu découvrir une entreprise aux plus de 120 ans d’expertise et d’excellence dans la forge.
90 % de la production exportée
La filiale du groupe américano-japonais Kito-Crosby présente une rare particularité puisqu’elle expédie 90 % de ses produits dans le monde entier. Elle produit 2,5 millions de pièces finies par an et réalise un chiffre d’affaires de 5 millions d’euros. Fournisseur de sous-traitants de l’armée (Arquus, Amefo…). Forge France investit annuellement 500 000 euros dans son outil de production de Joigny-sur-Meuse où travaillent 27 employés. Le site ardennais est le premier du groupe Kito-Crosby (quatorze au total) au classement interne portant sur la qualité de vie au travail. D’autant plus méritant que, aux-dires même du directeur, le métier de forgeron « est exigeant et très dur car vous portez des tonnes de pièces toute la journée et en pleine chaleur. Mais nous avons la chance d’avoir des salariés bien charpentés, très professionnels et courageux ».
À Stellantis... tout va bien
Dans la continuité de son engagement à aller à la rencontre des acteurs de terrain, la Présidente de l’Assemblée Nationale se retrouvait une heure et demie plus tard à Villers-Semeuse, au sein de l’usine Stellantis pour y appréhender une réalité économique, différente, celle du premier employeur privé de Champagne-Ardenne (2 100 collaborateurs dont 10 % de femmes, 15 % de travailleurs avec handicap et 35 nationalités différentes ). Une fonderie au carrefour de toutes les transformations.
Stéphane Dubray, son directeur, s’est livré à une présentation méthodique et chiffrée de ce « site historique de Stellantis qui compte aujourd’hui plus de cinquante ans de production ». C’est l’une des rares usines du groupe automobile à ne pas connaître actuellement de tourmentes sociales. Au point qu’elle prévoit déjà la création de 100 emplois supplémentaires en 2026.
Depuis la pose de la première pierre en 1971, l’ex-usine PSA a été boostée par deux virages importants dans les années 2000 : l’attribution du carter de la machine électrique en 2020 et la fabrication de culasses EP et EG GEN 3 à partir de 2023. « Après avoir transformé notre outil industriel pour passer à l’électrique et l’hybride au prix d’un investissement de 40 millions d’euros lors des cinq dernières années, nous produisons 26 000 pièces en fonte par jour et 20 000 en aluminium », s’est félicité Stéphane Dubray avant de présenter les diverses pièces produites dans les Ardennes pour différents véhicules. « Mais pour gagner des marchés, on se doit d’être très compétitif et au meilleur niveau de prix pour faire face à la concurrence chinoise et indienne », insiste-t-il. Ce qui nécessite de gros efforts au niveau de la formation (25 000 heures) et de la décarbonation. « C’est utile et important d’avoir montré par mon soutien qu’on a de la considération pour ces entreprises qui se battent malgré les difficultés actuelles en montrant un potentiel d’innovation considérable », appuie Yaël Braun-Pivet qui, à la suite de la visite sur les sites de production, s’est dite impressionnée par les équipements et technologies de pointe des entreprises ardennaises.