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Walor et Ardennes Machining Industries convoités par Mutares

Industrie. Le groupe allemand Mutares est entré en négociations avec le groupe Walor pour racheter les deux entreprises ardennaises.

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Photo de l'usine Walor de Vouziers
Eric Lorin, le Pdg du groupe familial Walor confirme les pourparlers pour la reprise des deux usines ardennaises dont celle de Vouziers. (Crédit : DR)

Repris à la barre du tribunal de commerce de Paris, le 22 novembre 2018, par le groupe Walor alors que les deux entreprises employant au total 320 personnes avaient été placées en redressement judiciaire, les ex-Ateliers des Janves à Bogny-sur-Meuse et Ardennes Machining Industries (A.M.I) à Vouziers, sont aujourd’hui convoités par la holding industrielle allemande Mutares.

L’information a été dévoilée par les organisations syndicales. Et Eric Lorin, le patron de Walor, leader européen dans la fabrication de pièces automobiles (1 300 personnes sur 11 sites européens dont 8 en France, 200 millions d’euros de chiffre d’affaires), n’a pas caché l’ouverture de pourparlers avec le puissant groupe allemand.

« Des discussions sont en effet en cours, je ne peux donc pas en révéler leur teneur ». Sur son propre site, Mutares est plus clair et a déjà fait savoir que les créanciers de Walor International ont accepté, le 4 avril dernier, les conditions de reprise. Consultés le 23 mars, les élus du Comité social et économique doivent d’ailleurs rendre leur avis sur cette transaction.

À Bogny, la greffe n’a pas totalement prise

Fin 2018, le groupe de Loire-Atlantique souhaitait étoffer sa croissance en reprenant dans son giron la PME de Bogny-sur-Meuse, experte dans la fabrication de bielles forgées, et celle de Vouziers, spécialisée dans l’usinage de pièces et ensembles mécaniques. Grâce à cette double absorption de Janves et A.M.I., le groupe nantais disait « compléter sa gamme de produits pour le secteur automobile tout en appréhendant la solution du forgeage à chaud qui manquait au panel de ses métiers de base ».

À Bogny-sur-Meuse, le repreneur a connu pas mal de soucis dans sa volonté de redresser l’outil de production. Et cela pour des raisons diverses : perte de clientèle, outil de production dégradé, taux de non-qualité important, remise en état de plusieurs pilons, le Covid, et en prime, un incendie ayant mis quatre lignes à l’arrêt et rendu alors l’usine sous-capacitaire.

Malgré ce contexte plus que compliqué, Walor Bogny qui a investi plus de 5 millions d’euros, fonctionne maintenant de façon soutenable en attendant une orientation vers de nouveaux secteurs d’activité. Mais cela n’empêche pas l’effectif bognysien (150 salariés) d’être inquiet pour l’avenir d’autant que la fin annoncée des moteurs thermiques – marché maintenu jusqu’en 2035 – est un mauvais signe supplémentaire pour une entreprise handicapée par une mono production.

À Vouziers, pour A.M.I, la situation financière est saine. Le plus gros employeur de la commune (110 salariés), usine des pièces mécaniques forgées pour les poids lourds ainsi que des boîtes différentielles et des bielles pour des véhicules légers à destination de donneurs d’ordre comme Fiat, PSA et BMW. L’entreprise est actuellement en train d’embaucher et une ligne de fabrication est en cours d’installation. Les deux PME attendent donc d’en savoir plus sur les intentions de l’acquéreur.

À ce jour, on sait que le groupe munichois a l’habitude d’investir dans des entreprises de taille moyenne en situation particulière et dont les actionnaires souhaitent se séparer tout en identifiant le potentiel d’amélioration des usines convoitées.

Car s’il a déjà acquis 40 sociétés par le passé, Mutares en a revendu 30 après s’être impliqué fortement dans le développement de ses acquisitions via un soutien opérationnel. Avec Walor Bogny et Ardennes Machining Industries, Mutares espère consolider sa production de pièces métalliques forgées et usinées en Europe. La négociation devrait être finalisée avant la fin du deuxième trimestre 2023.