Vynex rapatrie un quart de la production asiatique de ses vis
Relocalisation. Leader français dans la distribution de tréfilerie (vis, clous, boulons), quincaillerie d’ameublement et de petits articles essentiels du bricolage, la société Vynex va investir trois millions d’euros dans la relocalisation de son produit-phare, actuellement sous-traité à Taïwan.
Principale entité et centre de décision du groupe VT-Fastware, la société Vynex vient d’annoncer son intention de réaliser un investissement de trois millions d’euros sur deux ans pour rapatrier dans les Ardennes une activité jusqu’alors toujours sous-traitée à Taïwan, l’univers de la visserie. Un quart des volumes de la vis pour bois Rocket, considérée comme la pépite de sa gamme, sera donc d’ici deux ans produit sur un site ardennais.
Le budget consacré à cette opération comprend 700 000 euros pour l’acquisition d’un bâtiment et une enveloppe de 2,3 millions d’euros correspondant à la mise en place de machines de frappe à froid, de roulage, de fendage, de différents outillages et d’un centre de traitement thermique pour faire durcir les vis à 1000 degrés. Hervé Hacot, Pdg du groupe VTFatsware qui englobe Tréfilaction dans le Gard et la Vynex dans les Ardennes (280 personnes, 81 millions d’euros de chiffre d’affaires), prépare ce projet depuis 2016. Il a expliqué ce choix en détaillant les grandes lignes de ce dossier ambitieux et audacieux qui visant à rapatrier la fabrication de visserie technique professionnelle de grande diffusion.
Une première industrielle
Déjà implantée dans les Ardennes à Donchery (54 salariés dans les anciens locaux de Spartech, 13 500 m2), Thelonne (116 employés, 7 800 m2) et Blagny (10 personnes, 7 500 m2) dans des activités comme l’administration des ventes, la logistique, le conditionnement, l’ impression et le stockage - ce qui lui permet de réaliser un chiffre d’affaires de 57 millions d’euros en employant 180 personnes et un volant de 40 intérimaires - Vynex possède 26 000 références à son catalogue et un portefeuille de 5 500 clients. L’entreprise qui expédie 240 commandes par jour va donc innover en se lançant pour la première fois dans la production industrielle de produits de visserie.
« Ce projet présente un intérêt stratégique. Nous allons fabriquer en France 25% des volumes de la Rocket, notre produit pépite. Grâce à cette relocalisation, nous voulons mieux maîtriser l’industrialisation de nos produits sans avoir à le faire à distance, réduire significativement notre empreinte carbone et faire face aux évolutions futures. Et notamment aux coûts de productions liés au fret et à la montée des salaires sur le continent asiatique. Outre la Rocket, on concentrera aussi nos efforts sur le développement de vis haut de gamme et de grande dimension, qui sont des produits très techniques et plus élaborés. C’est une manière de préparer l’avenir », estime Hervé Hacot qui sait pertinemment qu’il ne gagnera pas d’argent au début de cette opération. Cette première tranche « déjà totalement transformante pour l’entreprise » verra le jour dans un bâtiment de 2000 mètres carrés susceptible de favoriser une éventuelle extension. Vynex optera d’ici quelques semaines pour un endroit qui devra être situé à proximité immédiate de ses trois autres sites locaux.
Création de 25 à 30 emplois d’ici 2025
Ce projet débouchera d’ici 2025 sur la création de 25 à 30 emplois directs ou indirects : techniciens, opérateurs de machines, employés de bureau d’études, technico-commerciaux, qualité. Vynex envisage par ailleurs de confier le traitement de surface à la PME vrignoise, Mécano Galva, ses flux de transports à MBS, Kuehne-Nagel et Mathieu et de sous-traiter une partie de son travail de conditionnement dans des boîtes de carton ou des sachets plastique à des centres d’aide par le travail et à des prisons. Comme ce sera d’ailleurs le cas avec celle actuellement en projet à Donchery. Dans le cadre du plan de relance, l’entreprise bénéficiera d’une subvention 800 000 euros co-financée par l’Etat et la Région Grand Est.
« Cette nouvelle activité devrait atteindre son équilibre financier au bout de trois ans. On ne cherche pas à gagner de l’argent de manière immédiate mais à plus long terme, cette démarche doit nous permettre d’étendre notre savoir-faire industriel par la re-création de cette filière en France afin d’inonder ensuite le marché européen », envisage déjà Hervé Hacquot. « Ce projet est l’illustration la plus flagrante que des entrepreneurs audacieux désirent réindustrialiser la France. Cela se fera au bout d’un cycle long et vertueux mais qui correspond à la volonté de nos concitoyens d’acheter français », a souligné le Préfet des Ardennes Alain Bucquet lors de sa visite de l’entreprise.