Vox Demeter, pour libérer le potentiel des femmes dans l’agriculture

Mettre davantage en valeur l’humain et plus particulièrement les femmes, dans le monde agricole, c’est l’un des objectifs poursuivis par Anne Dumonnet Leca, fondatrice et présidente de l’association Vox Demeter. Un nom qui rappelle d’ailleurs que dans la mythologie grecque, le dieu des moissons et de la terre était en réalité une déesse : Demeter. Parmi ses missions, l’association souhaite inspirer les femmes via la visibilité d’autres femmes : « Nous voulons mettre en lumière les femmes agricultrices, administratrices et qui ont des responsabilités, pour valoriser leurs actions. Il s’agit de stimuler la visibilité des femmes du monde agricole dans toutes ses composantes et soutenir leur légitimité », souligne Anne Dumonnet Leca, fondatrice et présidente de l’association.

Si celle-ci n’est pas uniquement ouverte aux agriculteurs ni exclusivement réservée aux femmes, elle a néanmoins pour ambition de faire progresser la mixité en agriculture. « Il est important de faire bouger les lignes de la mixité, notamment au niveau de la gouvernance des structures agricoles, qui sont encore très masculines », poursuit la présidente. « L’objectif n’est pas de remplacer un monde d’hommes par un monde de femmes, précise-t-elle, notre valeur centrale c’est la mixité ». En effet, selon Vox Demeter, si les agricultrices représentent aujourd’hui 25% des professionnels et 37 % des salariés agricoles, leur présence est encore largement minoritaire dans les instances décisionnelles agricoles, elles sont par exemple moins de 9 % dans les coopératives agricoles. Troisième mission principal de l’association, selon sa présidente : « accompagner les femmes à libérer leur potentiel ». Face à une forme d’autocensure des femmes dans leurs engagements, Anne Dumonnet Leca veut favoriser les partages d’expériences avec des femmes d’autres secteurs d’activité pour générer les vocations et encourager les initiatives.

Lever Les Freins

Forte d’une centaine de membres, l’association accueille aujourd’hui des femmes comme des hommes. « Ce sont avant tout des personnes qui incarnent l’agriculture d’aujourd’hui, entrepreneuriale et dynamique », souligne la présidente. « Le monde agricole est en train de bouger. De notre côté nous voulons lever les freins culturels, structurels et psychologiques que sont l’accès au financement, l’accès au foncier, la prédominance d’un référentiel masculin, l’invisibilité des femmes ou les attaques subies par le monde agricole par exemple ».

Et alors que 50% des agriculteurs d’aujourd’hui vont partir en retraite dans les dix prochaines années, assurer la relève et la transmission des exploitations est un défi qui ne pourra sans doute se faire sans le concours des femmes. « Le sujet n’est pas uniquement que les femmes soient mieux représentées, mais tout simplement que l’agriculture française continue à vivre en s’appuyant sur des hommes et des femmes dynamiques et ambitieux. Il faut une relève, il faut donner envie aux nouvelles générations de s’engager et cela passe par un meilleur accueil des femmes en reconversion et des jeunes filles qui veulent s’installer », poursuit Anne Dumonnet Leca dont l’association a publié un manifeste de 44 propositions qui pourrait se résumer en une phrase : « donner leur juste place aux femmes en agriculture ».