Vivescia et le moulin de Signy-l’Abbaye signent un partenariat
Agriculture. La coopérative et le meunier ardennais ont renforcé leurs liens en signant un contrat triennal.
Implantés sur le même territoire et habitués à travailler ensemble depuis plus de 20 ans, le Moulin de Signy-l’Abbaye et la Coopérative Vivescia étaient faits pour tisser plus de liens entre eux. Déjà, une centaine d’agriculteurs-coopérateurs Vivescia alimentaient la structure signacienne en blé ardennais de variété Apache, inscrite au catalogue officiel depuis 1998, adaptée au terroir local, stable dans le temps et idéale pour la panification artisanale.
Les présidents des deux entités, Jean-Jérôme Javelaud et Christophe Büren, ont donc « façonné » leur entente en renforçant cette filière d’excellence, à travers la signature d’un contrat triennal qui sécurisera à la fois les revenus des agriculteurs par une prime de 15 €/t et les approvisionnements en blé du meunier ardennais.
Grâce à cette stratégie, Vivescia affiche sa volonté de faire évoluer son organisation territoriale en connectant les fermes du territoire aux acteurs de la transformation. Pour sa part, le Moulin de Signy-l’Abbaye a ainsi l’assurance d’écraser 10 000 tonnes de blé en 2021, contre 8 000 en 2020. Avec l’espoir, à terme, d’atteindre 100 % d’approvisionnement local par le biais de cette démarche vertueuse pour l’ensemble des acteurs de la filière blé-farine-pain. De quoi fournir un maximum de boulangers-artisans de la région en farine.
Un potentiel de 430 000 clients quotidiens
A ce jour, ce moulin livre en farine 95 % de ses 240 clients situés dans un rayon de moins de 200 kilomètres, faisant profiter les consommateurs de Charleville-Mézières, Reims, Châlons-en-Champagne, de l’Aisne et l’Aube de produits locaux de qualité. Ce qui favorise tous les maillons de la chaîne de ce circuit court en contribuant à l’augmentation des volumes produits à la satisfaction d’une demande de plus en plus forte.
L’unité signaciennne est capable de toucher potentiellement quelque 430 000 consommateurs quotidiens si on y ajoute ceux de la Somme, la Haute-Marne et le Nord. Vivescia contribue pour sa part à ce volume d’affaire en mettant à disposition du moulin ardennais quatre silos et une expertise agronomique au quotidien, avant de lancer dans le futur, un grand plan de transformation logistique.
46 salariés et 15 000 tonnes de blé écrasé
« L’enjeu, dans un contexte agricole très fragilisé, était de prendre en compte et d’accompagner durant trois ans l’évolution et les besoins de plus d’une centaine d’associés coopérateurs tout en étant au plus près des attentes de nos clients et des consommateurs afin de créer plus de valeur ajoutée pour les associés coopérateurs », résume Jean-Luc Jonet, directeur d’une Coopérative qui compte 14 filières blé sous le cahier des charges en France. Une plus-value construite à trois : le producteur, la Coopérative qui joue son rôle de lien et le client utilisateur.
Pour Jean-Jérome Javelaud, à la tête d’une unité de 46 salariés dont la création remonte à 1894 et qui croit au rythme annuel de 8 à 10 % en écrasant 15 000 tonnes de blé conventionnel plus 1 400 de bio, « Vivescia a été réceptif à ma demande bien que nous représentions des volumes modestes. C’est pour nous, une belle récompense aux efforts prodigués, il y a trois ans, pour mettre en place cette filière sur la variété de blé Apache avec toutes les exigences qui s’y attachent : allotements spécifiques, gestion rigoureuse du stockage, traçabilité et appui technique auprès des agriculteurs. Cette filière fait sens pour toute la communauté ».
« Un pain fait à partir de la farine d’ici, produite avec le blé d’ici, ça parle aux gens en répondant à leurs attentes »
La dynamique est lancée. Une campagne de communication omnicale avec affichage de portraits de salariés des deux entités sera, par ailleurs, menée dans les boulangeries autour des slogans : « Ensemble plus proche de chez vous » et « Des champs de blé à votre table », pour valoriser cette filière locale auprès du grand public. Selon divers témoignages, la farine sans adjuvant et sans améliorant proposée par le Moulin de Signy-l’Abbaye est quasiment pure.
« Elle se laisse faire. On peut la retourner encore et encore, elle ne se déchire pas. Et avec sa mie jaune si caractéristique, elle est riche en goût », remarque Nabil Sbaï, créateur de six boulangeries Case à Pain. Nicolas Carpentier, agriculteur à Neuville-lez-Beaulieu, livre son blé Apache au Moulin de Signy-l’Abbaye et ne tarit pas non plus d’éloges sur cette variété ancienne. « Elle est résistante aux fusarioses, se récolte assez précocement et permet de séquencer les moissons. » Enfin, selon lui, « un pain fait à partir de la farine d’ici, produite avec le blé d’ici, ça parle aux gens en répondant à leurs attentes ».