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Vitraux exceptionnels cherchent mécènes

Mécénat. Les vitraux de la partie haute de la chapelle palatine du XIIIe siècle du Palais du Tau (Reims) vont être remplacés par des vitraux contemporains. La Fondation du Patrimoine Champagne-Ardenne lance une collecte auprès des entreprises avec un ticket de 100 000 euros. À la clé, leur nom inscrit dans le vitrail pour l’éternité.

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Photo de la Chapelle Palatine
Les vitraux conçus par les artistes Anne et Patrick Poirier et réalisés par les ateliers Simon-Marcq et Duchemin prendront place dans la chapelle palatine du Palais du Tau en 2025. (Crédits : ND)

« Un projet comme celui-ci, on en a un tous les dix ans », confie Bernard de Lauriston, chargé de mission Marne et Ardennes à la Fondation du Patrimoine. Renouer avec la grande tradition du mécénat, dans l’édification ou la restauration de patrimoine religieux, voilà la grande ambition de la Fondation du Patrimoine Champagne-Ardenne, très engagée avec les acteurs locaux. « Autrefois, les grandes corporations finançaient ce type de projet. Nous en avons un exemple à la cathédrale de Chartres, où les corps de métiers ont laissé leur signature, la plupart du temps, en bas des vitraux », poursuit-il. Depuis le lancement de la collecte en septembre 2024 pour la restauration de la chapelle palatine du Palais du Tau, de nombreux mécènes se sont investis dans ce projet emblématique. Cette démarche s’inscrit dans une initiative amorcée en 2022 par le Centre des Monuments Nationaux, gestionnaire du Palais du Tau à Reims.

Déjà cinq mécènes

Le 13 décembre dernier, lors d’une cérémonie organisée au sein du Palais, les premiers mécènes ont officialisé leur engagement en signant leur convention de mécénat, marquant ainsi leur soutien au futur Musée des Sacres. Parmi eux, quatre grands mécènes sont devenus « parrains » des nouveaux vitraux qui orneront la chapelle. « Ce projet ambitieux, alliant patrimoine et créations contemporaines, promet de transformer la visite de ce lieu en une expérience inoubliable. La chapelle palatine, qui compte treize baies, voit déjà cinq d’entre elles (dont une par la famille Mulliez) parrainées grâce à cet élan de générosité ! », se félicite Bernard de Lauriston. La famille Pingat, le Bâtiment Associé, la Corporation des Bâtisseurs (la FFB pilote la réception du mécénat auprès des entreprises), et le Fonds de dotation philanthropique Ars Nova (Fonds créé en 2023 à l’initiative de la Famille Taittinger, afin de favoriser l’accès à la musique, aux arts et au patrimoine auprès de celles et ceux qui en sont éloignés) ont ainsi déjà fait une donation. « Le ticket d’entrée est de 100 000 euros, ce qui est une somme, c’est vrai. Néanmoins, sur trois ans, avec la défiscalisation, cela revient à 10 000 euros par an. »

Avec une telle somme, les contreparties sont à la hauteur de l’engagement porté par les entreprises. Tout d’abord, leur nom gravé en bas du vitrail financé. Ensuite, la possibilité de privatiser les espaces. « C’est une véritable opportunité de pouvoir organiser des réceptions dans la Salle basse et la Salle du Festin. » Néanmoins, la Fondation insiste sur la volonté de voir les Rémois s’approprier le lieu. Et pour cela, la Fondation va aussi « réserver » un vitrail pour les dons de particuliers. La collecte lancée au mois de septembre par la Fondation du patrimoine en Champagne-Ardenne auprès du grand public a déjà réuni près de 3 000 €. L’objectif fixé à 100 000 euros va donner aux citoyens l’occasion d’inscrire leur don dans la durée. « Le vitrail financé par les dons du grand public portera l’inscription : « mécènes de la Fondation du patrimoine ». On est sur une touche contemporaine. Mais cette modernité d’aujourd’hui sera le patrimoine de demain », affirme le chargé de mission. Deux ateliers interviendront : l’atelier rémois Simon-Marcq et l’atelier parisien Duchemin, « nous sommes ravis que cela permette à une entreprise locale d’œuvrer ». La réouverture du futur musée des Sacres et de la chapelle est prévue en 2026, avec 200 000 visiteurs par an attendus.