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Vincent Baud veut « en finir avec les conneries » autour de la QVT

Conférence. Invité par la CPME de l’Aube, le spécialiste de la santé au travail met en garde contre la dégradation des indicateurs.

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Photo de Vincent Baud
Vincent Baud s’indigne devant la qualité de vie au travail des Français. (Crédit : LL)

Vincent Baud s’est lancé dans un tour de France de QVT, autrement dit de la qualité de vie au travail. Pas forcément pour promouvoir ce concept mis à toutes les sauces trop souvent sans apporter de réponse réelle. Invité par la CPME de l’Aube, il a fait étape à Troyes pour apporter sa vision d’une santé au travail qui a d’ailleurs tendance à se dégrader en France.

Conférencier, ingénieur, conseil auprès des entreprises et aujourd’hui professeur de management à l’université d’Aix-Marseille, il est aussi auteur d’un livre qui annonce la couleur dès le titre « QVT, en finir avec les conneries », paru aux éditions Master.

Vincent Baud sait de quoi il parle. Son diplôme d’ingénieur-brasseur en poche, il a commencé à travailler en Écosse, dans l’usine d’embouteillage d’un multinationale. « Cette expérience aura été ma première indignation », résume-t-il.

En tant que chef d’équipe, il était préparé à gérer des machines et des process industriels, mais ni les femmes et les hommes qui travaillent. Une dure réalité entre conseils désastreux – un problème ignoré, c’est un problème résolu – ou alors « un petit problème c’est le problème de quelqu’un d’autre » et l’absence de réponses.

« L’entreprise n’est pas câblée pour traiter les problèmes des gens », observe-t-il. D’ailleurs, c’est lorsqu’il s’est mis en tête de régler les problèmes rencontrés par les salariés de la chaîne d’embouteillage qu’il a commencé a engranger une amélioration de la productivité.

L’engagement par l’écoute

« Ce qui a fait la différence, c’était l’engagement de l’équipe, on les avait écouté, témoigné de leur importance en résolvant leurs problèmes », explique Vincent Baud. L’écoute doit être permanente et réelle pour « éviter le gouffre entre le travail prescrit et le travail réel. » Fixer des consignes impossibles à respecter pour de multiples mauvaises raisons fait partie des injonctions contradictoires que subissent encore beaucoup de salariés.

« Chaque année, on déplore en France 40 000 personnes handicapées du fait d’un accident du travail, sans compter les trajets et les maladies professionnelles », fait-il remarquer. Pourtant, depuis 2002, « la santé au travail relève de la responsabilité première de l’employeur », rappelle Vincent Baud.

Une notion qui englobe la santé physique mais aussi la santé mentale. Deux notions indissociables et qui ont été pourtant séparées. « Les risques psychosociaux sont les clous du cercueil d’une approche de la santé globale au travail », déplore-t-il. Avec son sens aigu de la formule, il dénonce la remise au goût du jour d’une notion des années 1970, celle de qualité de vie au travail. « La QVT, c’est le cache-sexe des risques psychosociaux », poursuit-il.

Pour Vincent Baud, il faut adopter une approche globale de la santé au travail, basée sur les préventions de tous les risques, y compris psychiques. « Il faut remettre l’écoute des salariés au cœur du système de prévention, d’autant plus qu’investir dans la prévention, c’est investir aussi dans la performance de l’entreprise », estime-t-il encore. Il est plus que jamais temps d’agir. « Tous les indicateurs de la santé mentale sont au rouge, et l’an passé en France, un travailleur sur deux s’est mis en arrêt-maladie », conclut-il encore.