« Vers une croissance modérée en 2025 »

Le monde économique connaît un net ralentissement depuis l’année dernière. Comment se traduit-il concrètement sur le terrain ? La succursale ardennaise de la Banque de France a tenté d’y répondre à travers une soirée consacrée aux résultats de sa dernière enquête « Bilan 2024 et perspectives 2025 ».

François Marbaix et son adjointe Salma Azzioui ont apporté beaucoup d’éléments chiffrés aux décideurs présents à la Chambre de Commerce et d’industrie de Charleville-Mézières, ce qui leur a permis de connaître les dernières tendances conjoncturelles et de disposer d’un tour d’horizon de la situation des entreprises locales.

Premier constat : le recul d’une inflation sous contrôle (1,8 % en France) qui est un bon signe pour les ménages comme pour les entreprises. « Cela aboutit à un contexte un peu plus favorable qui entraînera probablement une croissance molle en 2025 », indique François Marbaix. « Suite aux accords de branches ou d’entreprises ayant abouti en 2023 à une revalorisation du Smic, le niveau des salaires moyens par tête a remonté. Ce qui se traduit, aujourd’hui, par un pouvoir d’achat plus élevé et une espérance de consommation », escompte François Marbaix qui a aussi mis l’accent sur les nouvelles baisses des taux directeurs effectuées par la Banque Centrale Européenne influant sur la relance de la consommation et des investissements.

Evolution Des Tensions De Trésorerie Et Des Défaillances

La Banque de France estime ainsi qu’en 2025, « le taux de croissance tournera autour 0,9 % ».

« Ce n’est certes pas une franche reprise mais seulement un frémissement qui prouve néanmoins que les entreprises repartent et qu’en 2026 et 2027 on pourrait retrouver des normes plus élevées (1, 3 %) s’il n’y a pas d’aléas géopolitiques. Les entreprises ardennaises ont, en tout cas, le potentiel qui doit leur permettre de rebondir et de faire face à ce manque de dynamisme. Il ne fait pas être pessimiste ». Autre élément positif s’inscrivant dans une tendance de reprise : la reprise de la production de nouveaux crédits à l’habitat qui profite au BTP, un secteur qui en avait bien besoin. Un bémol toutefois : le taux d’épargne élevé des Français (18% en moyenne). « Une attitude attentiste qui ne profite pas à l’économie ».

Le Fulgurant Essor Des Services Et Des Micro-Entreprises

Un point de situation des trésoreries a également été effectué. L’année 2024 n’ayant pas été très porteuse, le nombre des défaillances a augmenté mais moins sévèrement qu’au plan national. « Le nombre de défaillances, après avoir atteint des points culminants entre février et août 2024, a diminué ensuite pour se situer avec un cumul de 174 suppressions sur les douze derniers mois, en dessous de la barre moyenne annuelle de 194. On arrive donc à 7,9 % de défaillances contre 16,8 % sur le territoire français », détaille François Marbaix.

Structurellement, sur 6 026 entreprises recensées dans le département par les enquêtes régulières de la Banque de France, il apparait que 46% de celles-ci appartiennent au secteur des services (2 790 sociétés contre 2 080 en 2019) qui précède le commerce (1 492), le bâtiment (938) et l’industrie (806). La succursale ardennaise de la Banque de France a aussi fait ressortir le fulgurant essor des micro-entreprises et des petites structures. D’après l’Insee, ce type d’entreprises peut employer jusqu’à moins de dix personnes et réaliser jusqu’à 2 millions d’euros de chiffre d’affaires. « Elles ont souvent une forte capacité à rebondir même quand la conjoncture est difficile ». Lors de ce point de conjoncture, François Marbaix a aussi mentionné « l’âge des capitaines ». « Dans les Ardennes, les dirigeants locaux sont relativement jeunes. Sur 5 805 patrons, 1 645 ont moins de 39 ans, 1 504 entre 40 et 49 ans, 1 483 entre 50 et 59 ans, 803 entre 60 et 69 ans et 370 ont 70 ans et plus. »