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Vent à nouveau favorable au parc éolien du Mont-des-Quatre-Faux

Énergie. Le préfet des Ardennes a de nouveau validé le projet du parc éolien du Mont-des-Quatre-Faux début octobre.

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Photo d'un parc éolien
Le dossier est dorénavant suspendu à la prochaine décision que prendra la cour administrative de Nancy. (Crédit : PR)

EDF Renouvelables et son partenaire Windvision vont-ils enfin pouvoir concrétiser dans le Sud Ardennes, ce qui est considéré par les spécialistes comme le plus puissant parc éolien terrestre de France ?

Le préfet des Ardennes, au terme d’une enquête d’utilité publique complémentaire menée en juin dernier et ayant donné lieu à un avis favorable de la commission d’enquête, a redonné espoir aux deux investisseurs en décidant par un arrêté daté du 3 octobre 2023 de valider à nouveau ce projet de grande envergure [1].

En instruction depuis le 21 décembre 2005, le sort de ce programme se jouera désormais devant la cour administrative d’appel de Nancy, qui au terme d’une audience, encore non datée, tranchera de façon peut-être définitive en décidant d’autoriser ou non cette « méga » ferme éolienne.

Une puissance totale de 226 MW

L’enjeu est considérable pour l’économie locale, mais aussi départementale, puisque ce projet, dont le montant global d’investissements est estimé à 532,5 millions d’euros, doit aboutir à la création d’un centre de maintenance, de plusieurs dizaine d’emplois non délocalisables ainsi qu’à la présence de 200 personnes au pic d’un chantier titanesque. L’objectif est d’ériger 63 mâts éoliens de plus de 200 mètres en bout de pale correspondant à une puissance de 226 mégawatts de production électrique. Soit l’équivalent de la consommation annuelle de 250 000 personnes ou de trois Ardennais sur quatre.

Les turbines espacées de 700 à 800 mètres seront élevées sur un site d’une superficie 5 000 hectares et réparties sur deux intercommunalités l’Argonne ardennaise et le Pays Rethélois et sur sept communes : La-Neuville-en-Tourne-à-Fuy (23), Hauviné (9), Cauroy (9), Juniville (8), Bignicourt (6), Ville-sur-Retourne (4), et Mont-Saint-Remy (4). Ces collectivités locales pourraient bénéficier de près de trois millions d’euros de retombées fiscales annuelles mais aussi de compensations vertes.

D’un côté, certains pensent que ce projet contribuera à l’essor du Rethelois et du Vouzinois, tout en donnant du travail à de nombreuses entreprises locales et des débouchés aux élèves de la filière éolienne du lycée François-Bazin de Charleville-Mézières. Toutefois, de l’autre côté, une partie de la population ardennaise conteste ce chantier en dénoncant le trop-plein d’éoliennes dans le sud du département, l’impact des aérogénérateurs sur le paysage et la santé (migraine, acouphènes, nausées et insomnies), les nuisances sonores et lumineuses, les conséquences sur l’environnement (flore, faune, nappes phréatiques) et les problèmes de stockage de cette énergie. « On ne compte pas laisser passer cela », a d’ores et déjà annoncé Christian Camuzeaux, le président de la Coordination de vigilance des associations de l’éolien (CAVEA).

En réponse, EDF Renouvelables indique : « L’arrêté préfectoral complémentaire qui finalise la procédure de régularisation demandée par la Cour Administrative d’Appel de Nancy est une avancée importante vers la construction du parc éolien. Ce nouvel arrêté a été transmis à la Cour Administrative d’Appel de Nancy qui pourrait rendre sa décision finale en début d’année prochaine. Ce parc, pensé collectivement dès son initiative et développé avec les sept communes d’implantation, s’accompagnera d’actions en faveur de la préservation du cadre de vie, de l’amélioration de la biodiversité, et de retombées directes en faveur de l’économie ardennaise. Ce programme s’inscrit pleinement dans les objectifs de la Région Grand Est qui prévoit de multiplier par cinq la production d’énergie renouvelable sur son territoire d’ici 2050. »

[1En 2017, un autre représentant de l’Etat dans les Ardennes avait déjà donné son feu vert au projet. Comme le tribunal administratif de Châlons-en-Champagne en janvier 2020 malgré un recours déposé par des riverains.