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Unilin investit 20M€ pour recycler le MDF

Industrie. Le groupe belge Unilin, reconnu pour ses innovations dans l’aménagement d’intérieur et la construction, annonce un investissement de 20 millions d’euros sur son site de Bazeilles (Ardennes) dans une nouvelle ligne de production dédiée au recyclage des panneaux de bois. Ce projet ambitieux, opérationnel en septembre 2025, vise à renforcer la durabilité des activités du groupe tout en répondant à la problématique du recyclage du MDF.

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Photo du site Unilin de l'usine de Bazeilles
Le site Unilin de l’usine de Bazeilles a une capacité de production de 750 000 m³ de panneaux MDF et HDF par an. À horizon 2030, 30% de ces panneaux sera composé de fibres de bois recyclées. (Crédit : ND)

Son site industriel et son panache de fumée se repèrent de loin. Construite en 1999, l’usine Unilin de Bazeilles, plus gros des trois sites français du groupe, est spécialisée dans la production de panneaux MDF (Medium Density Fibreboard), et HDF, c’est-à-dire des panneaux de bois de densité moyenne et haute « largement appréciés pour leur polyvalence et facilité d’utilisation. Les panneaux sont fabriqués à partir de fibres de bois collées sous pression, avec une surface dense et lisse, idéale en usinage et finition », indique Jan Gallet, Directeur général d’Unilin Panels.

« Un panneau MDF, c’est quand même en moyenne 83% de fibres de bois au niveau du poids. À côté de ça, il y a des additifs, de la colle et 6% d’eau qui reste dans le panneau », précise-t-il. Chaque année, le site de Bazeilles qui emploie 225 salariés, consomme ainsi un million de tonnes de bois frais provenant de forêts et fournisseurs situés dans un rayon maximum de 200 kilomètres, faisant de l’usine, la plus grande usine de MDF en Europe. « Nous ne consommons que la partie haute de l’arbre, qui va traditionnellement en industrie, comme chez nous, pour le papier ou encore pour de la biomasse. Le reste de l’arbre, le tronc, va, lui, dans les scieries. Avec nos fournisseurs et l’ONF nous avons établi un programme de plantation pour garantir le futur des forêts et de la ressource. » L’usine consomme à peu près tous les types d’essences de bois, aussi bien des feuillus que des résineux, selon l’arrivage des fournisseurs.

Un processus industriel performant

Concernant le chemin de production, les rondins arrivent bruts à l’usine. Ils sont ensuite écorcés – l’écorce étant utilisée dans la chaufferie biomasse pour produire l’énergie nécessaire au site – puis transformés en plaquettes, qui sont transférées dans de grands silos. « Nous allons alors nettoyer la plaquette, dans laquelle se trouvent des résidus de sable, puis la précuire avec de la vapeur », détaille Jan Gallet. Cette étape cruciale représente 40% de la consommation d’énergie du site et c’est aussi lors de cette dernière que se dégagent les grands panaches de fumée. Les fibres vont ensuite être encollées et séchées, puis pressées sur des lignes de 35 à 40 mètres de longueur, « pour avoir la bonne qualité de surface ».

  • Photo du site Unilin
    (Crédit : UNILIN)
  • Photo de la visite du site d'Unilin
    (Crédit : UNILIN)

Interviennent enfin les étapes de ponçage et de sciage au format des clients. « Le design, l’innovation et la durabilité, font partie de notre ADN. Nos marques de revêtement de sol stratifié comme le « Quick-Step » ainsi que nos produits d’isolation jouent un rôle essentiel dans la construction de maisons économes en énergie », indique pour sa part Véronique Hoflack, présidente d’Unilin Panels. « Alors que nous célébrons sa 25e année, le site de Bazeilles a toujours été un centre essentiel de production et d’innovation. » C’est pourquoi, dans un souci de durabilité, l’usine a demandé à la commune de pouvoir implanter des éoliennes afin de continuer à produire sa propre énergie, l’une des deux chaufferies fonctionnant encore au gaz. La révision du PLU de cette dernière devrait – en théorie et après réalisation des études d’impact – pouvoir accéder à la demande du groupe, pour des éoliennes de 50 mètres de hauteur maximum.

Mise en place d’une filière de collecte

2025 va donc être une année centrale pour l’usine qui annonce investir 20 millions d’euros dans une ligne de production destinées à recycler les panneaux de MDF. « Le recyclage des panneaux provient de trois flux : premièrement les déchets en interne, deuxièmement, les déchets post-industriels et enfin, les déchets de consommation, collectés chez les clients ou via des organismes comme Eco-maison », fait savoir Véronique Hoflack. Les clients d’Unilin étant aussi bien des négoces, des clients industriels comme des grands producteurs de sols stratifiés mais également des enseignes type Leroy-Merlin qui commercialisent des panneaux bruts MDF. « Nous sommes en train de mettre en place toute cette filière de collecte et l’idée est que nous allions chercher bien au-delà des Ardennes ces déchets de consommation, en Belgique, aux Pays-Bas, au Luxembourg ou encore en Allemagne. »

Une innovation créée… dans une cuisine

Quant à la technologie utilisée pour recycler les panneaux, parquet et meubles MDF, elle a été inventée par la présidente d’Unilin elle-même, dans sa cuisine ! « C’est une histoire assez personnelle puisqu’elle a commencé dans ma propre cuisine en 2019. La non-recyclabilité du MDF était un véritable casse-tête pour toute l’industrie. Un jour, j’ai réalisé que la solution pouvait se trouver dans l’utilisation de la vapeur à haute-pression pour séparer la fibre de bois de la colle. Tout cela après un week-end de test de déchets de MDF dans une cocotte-minute à la maison ! »

Une première ligne pilote a ainsi été mise en place en 2021 à Bazeilles, avec une capacité de 10 000 tonnes. La nouvelle ligne prévue en 2025 pourra quant à elle traiter 70 000 tonnes de fibres de bois par an, intégrant 30 % de matériaux recyclés, à horizon 2030. « Ce sera la première usine de MDF au monde, entièrement circulaire », insiste la présidente d’Unilin Panels. Composée de deux lignes de production, l’usine affiche une capacité annuelle de production de 750 000 m³.

Partage de technologie

Le groupe Unilin se caractérise également par de nombreuses technologies brevetées avec comme exemple le plus marquant, le système d’installation de sa marque Quick-Step, « connue pour sa méthode d’installation brevetée Uniclic®, sans colle. Autrefois une simple alternative abordable au bois, Quick-Step est aujourd’hui une catégorie de revêtements de sol à part entière », insiste Véronique Hoflack. C’est pourquoi Unilin a décidé de breveter sa nouvelle technologie de recyclage de MDF et de la proposer à d’autres entreprises.

Photo de Jan Gallet, Véronique Hoflack, Francis Bonne et Pascale Gaillot
Jan Gallet, Directeur général d’Unilin Panels, Véronique Hoflack, présidente d’Unilin Panels, Francis Bonne, le maire de Bazeilles et Pascale Gaillot, conseillère régionale Grand Est. (Crédit : UNILIN)

« Nous avons l’innovation dans notre ADN. Nous avons toujours travaillé comme cela, sans conserver notre technologie mais en partageant des licences avec d’autres qui peuvent aussi utiliser les process. Nous croyons qu’il faut non seulement faire progresser nos propres pratiques et nos propres technologies mais aussi aider l’ensemble du secteur à aller de l’avant ». Le groupe belge, qui a enregistré une croissance significative après la pandémie de Covid-19, affiche un chiffre d’affaires global de 2,8 milliards d’euros (pour l’ensemble de ses activités). Cependant, cette croissance est aujourd’hui freinée par un contexte économique difficile dans le secteur de la construction et de la rénovation. Le groupe demeure vigilant face à cette situation, tout en cherchant à attirer une nouvelle clientèle grâce à ses innovations.